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Technique alpine

La corde de montagne

En dehors de son emploi comme moyen d’assurance (1), c’est-à-dire pour prévenir, freiner ou arrêter une chute, la corde peut être utilisée de différentes façons pour faciliter l’escalade ou la descente des parois rocheuses.

Le rappel de corde.

— Ce procédé de descente est très classique : ayant choisi une saillie rocheuse convenable, ou à défaut planté un piton, on y installe une boucle de cordelette et, à cheval sur cette cordelette, on suspend la corde de rappel par son milieu, les deux extrémités tombant librement le long de la paroi à descendre.

Il existe de nombreuses méthodes de rappel, se distinguant par le circuit que l’on fait faire à la corde autour du corps pour assurer un bon freinage. L’un des plus classiques est le suivant : la corde venant du haut passe entre les jambes, sous la cuisse droite, remonte par-devant sur l’épaule gauche, et redescend dans le dos de gauche à droite près de la cuisse droite ; elle est tenue à cet endroit par la main droite, qui tend ou soulève la corde pendant au-dessous, suivant qu’il faut freiner ou accélérer la descente.

L’équilibre ou un freinage supplémentaire sont obtenus par la main gauche ou le pli du coude gauche, qui tiennent la corde venant du haut.

On descend ainsi sans fatigue, et en toute sécurité, des murailles verticales ou surplombantes qui seraient infranchissables en escalade libre.

Lorsque la cordée a terminé la descente, on tire sur une des extrémités de la corde pour la « rappeler ».

Le lancer de corde.

— On peut l’employer dans l’escalade d’un petit mur rocheux lisse, présentant une saillie très franche hors de portée de la main. Si elle est à quelques mètres, on peut lancer la corde par son milieu pour coiffer la saillie rocheuse.

S’il s’agit d’une hauteur plus grande, au lieu de lancer la corde elle-même, on doit passer par l’intermédiaire d’une cordelette lestée par une pierre ou une masse de plomb ; il faut naturellement que le poids retombe à un endroit accessible une fois la cordelette en place. La corde, étant fixée à la cordelette, sera mise en place en tirant sur celle-ci.

Pendules.

— Pour traverser une dalle lisse, au cas où l’on peut accéder au-dessus de cette dalle, on pose un rappel en haut de la dalle, que l’on peut alors traverser à sa base par un mouvement pendulaire.

Traversée en tyrolienne.

— Ce procédé, rarement utilisé, permet de franchir l’intervalle entre deux pointes rocheuses voisines, en se tenant à cheval sur la corde maintenue tendue entre les deux pointes. En général, c’est par un lancer de corde que l’on coiffe le sommet à atteindre.

Escalade artificielle.

— C’est la technique moderne d’escalade permettant au premier de cordée de gravir des parois surplombantes. L’alpiniste est relié par deux cordes à celui qui l’assure. Il enfonce un piton le plus haut possible au-dessus de lui, y passe un mousqueton, place l’une des cordes dans le mousqueton, et son compagnon, tirant sur cette corde, l’aide à se hisser et à se maintenir pour lui permettre de placer plus haut un autre piton, dans lequel coulissera la deuxième corde.

Types de cordes employées pour l’alpinisme.

— Avant guerre, on utilisait presque exclusivement des cordes de chanvre. La corde d’attache doit avoir un diamètre de 10 à 12 millimètres. Pour la corde de rappel, 7 à 8 millimètres sont suffisants. Pour éviter le transport d’une corde supplémentaire, les alpinistes sans guide ont pris l’habitude de n’emporter qu’une seule corde, de 8 à 9 millimètres, qu’ils utilisent comme corde d’attache en s’encordant en double dans l’escalade difficile.

Depuis quelques années, on a vu apparaître en montagne les cordes en nylon, qui ont été utilisées pendant la guerre par les Américains et sont maintenant fabriquées en France. Elles présentent de nombreux avantages sur les cordes faites à partir de fibres textiles, ce qui doit leur permettre, malgré leur prix plus élevé, de détrôner un jour le chanvre.

D’une part, elles sont insensibles à l’eau, aussi souples mouillées que sèches, et totalement imputrescibles.

D’autre part, elles sont plus légères pour une même section et, par suite de leur plus grande élasticité, elles résistent beaucoup mieux aux chocs, qualité primordiale si l’on se réfère aux trop nombreux accidents mortels dus à la rupture de la corde d’attache.

Pierre CHEVALIER.

(1) Voir Le Chasseur Français de juillet 1949.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 600