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Création d’une pièce d’eau

Bien qu’il s’agisse ici d’une opération fort onéreuse, la création d’une pièce d’eau dans un parc s’impose parfois du fait de l’existence de sources ou de la présence de zones humides, voire marécageuses, dans les parties basses des pelouses. Ces dernières proviennent de l’élargissement d’un filet d’eau dans un fond de vallonnement, et il est extrêmement facile d’en faire une fort belle pièce d’eau, à bords nettement délimités, et dont les environs immédiats se trouveront aussitôt assainis par l’exhaussement produit par l’emploi des terres de creusement.

Par contre, l’établissement d’une pièce d’eau ne présente pas d’intérêt dans le cas où, cette nécessité n’existant plus, on en décide la création simplement pour introduire une nappe d’eau dans le paysage, ou bien encore dans le but de se procurer des terres pour accentuer ou supprimer des dénivellations. Très souvent, on aboutit alors à faire une chose qui manque de naturel et va ainsi à l’encontre du but que l’on s’était assigné.

Forme à donner à la pièce d’eau.

— Elle est sous la dépendance de la configuration générale de la propriété, mais surtout du relief du sol et de l’origine des eaux d’alimentation. Il est facile d’établir le contour général des berges : c’est celui d’une courbe de niveau. Il arrive cependant que ce contour ne soit pas très agréable à l’œil ; dans ce cas, on peut, en lui faisant subir de légères modifications, le rendre plus attrayant. On évitera, d’une façon générale, les formes tronquées ou coupées par des parties droites, de même que les courbes régulières rappelant des dessins géométriques, circulaires ou ellipsoïdales ; on évitera aussi les contours par trop compliqués parce que découpés à l’excès.

Lorsque l’eau d’alimentation provient d’une seule source, il est plus naturel que la pièce d’eau présente sa plus grande largeur à une certaine distance du point d’alimentation. Il n’est cependant pas nécessaire que cette largeur maximum se trouve à l’extrémité opposée. Sa place est, le plus souvent, à égale distance du point d’alimentation et du trop-plein (fig. 1).

Dans le parc paysager, la pièce d’eau doit, autant que possible, se présenter de telle façon que, de l’habitation, la vue sur l’eau soit aussi étendue que faire se peut.

Époque favorable au creusement.

— C’est l’époque des basses eaux, c’est-à-dire en général, dans nos régions, la fin de l’été, entre août et octobre. Le travail nécessaire que constitue l’établissement de barrages, ainsi que le pompage sont alors plus faciles à réaliser.

Travail d’exécution.

— Après piquetage soigné du contour, effectué à l’aide de bons piquets régulièrement distancés, il convient tout d’abord de déterminer le niveau moyen de l’eau : ce niveau sera celui du sommet des berges ; on l’indiquera à l’aide de piquets, enfoncés auprès des piquets de tracé de telle façon que leur partie supérieure soit au niveau moyen de l’eau, c’est-à-dire horizontale sur tout le pourtour.

Ceci fait, on précise le contour sinueux de la berge et on établit, à ce tracé, une sorte de banquette de terre, de 25 à 30 centimètres de largeur, entièrement de niveau : cette banquette va servir de guide, d’une part pour l’établissement d’un talus de berge présentant partout la même inclinaison, d’autre part pour le raccordement de la partie gazonnée avec la surface des pelouses avoisinant la pièce d’eau (fig. 2).

La terre provenant du creusement servira à gonfler les caps et les promontoires, alors que les baies donneront lieu à des vallonnements, dégagés de toutes plantations, par lesquels passeront les lignes de vue principales.

Il faut éviter de trop creuser la pièce d’eau. Une profondeur de 60 à 80 centimètres est amplement suffisante pour permettre d’élever du poisson et d’avoir en même temps de belles eaux.

On en augmentera beaucoup l’attrait en plantant quelques plantes aquatiques convenablement choisies.

Parmi celles-ci, plusieurs espèces sont des plus précieuses, lorsque l’on élève du poisson, parce qu’elles entretiennent l’eau en bon état de pureté et de salubrité. Telles sont les Stratiotes aloïdes et la Vallisnérie spirale qui croissent entièrement sous l’eau et ne sont, par ailleurs, d’aucun intérêt au point de vue ornemental.

Quelques autres plantes sont décoratives, soit par leurs feuilles, soit par leurs fleurs. Ce sont soit des plantes flottantes ou nageantes (nénuphar, aponogeton distachyum), soit des plantes émergées (butome jonc fleuri, plantain d’eau, pontederia à feuilles en cœur), soit encore des plantes amphibies, qui croissent aussi bien avec le pied dans l’eau que dans la terre simplement humide (iris faux acore, salicaire, myosotis des marais, caltha double, canne de Provence, etc.).

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 604