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Le fumier à la ferme

Les dimensions de la fumière

Dans de précédentes causeries nous avons montré l’absolue nécessité d’une fumière, fosse ou plate-forme, construite en maçonnerie. Il s’agit maintenant, en connaissant l’effectif des animaux de l’exploitation, de calculer les dimensions qu’il convient de donner à l’emplacement à fumier.

Il faut en effet d’un côté les calculer au plus juste pour éviter des frais de construction inutiles, et d’un autre côté considérer que la hauteur maxima que l’on puisse donner au tas de fumier ne peut varier dans de trop grandes limites, tant pour la bonne fabrication du fumier lui-même que pour la facilité de sa manutention. Enfin retenons que les dimensions de la fumière varient essentiellement avec la fréquence des enlèvements du fumier au cours de l’année.

C’est pourquoi, sans nous préoccuper de cette dernière variable, nous allons calculer d’abord la quantité de fumier produit par les animaux de la ferme pendant un an.

En ajoutant d’une part le poids des excréments rejetés par les divers animaux, et d’autre part le poids des litières utilisées, on peut arriver au chiffre donnant le poids total de fumier produit. Il conviendrait d’y ajouter le poids des déchets d’aliments tombés sur les litières, et d’en retrancher le poids des urines qui vont directement à la citerne à purin. Mais comme il s’agit au fond d’un calcul approximatif, nous négligerons ces deux derniers chiffres, au reste difficiles à évaluer, et qui tendent à se compenser.

Litières. — On considère qu’en général pour les animaux des grandes espèces, chevaux et bovins, les quantités de litière dont ils doivent disposer quotidiennement sont de l’ordre du centième de leur poids vif ; soit environ 5 kilos pour les chevaux, de 5 à 9 kilos pour les bovins, 5 pour les vaches, 9 pour les bœufs à l’engrais, soit en moyenne 7 kilos par jour. Annuellement cela représente 1.825 kilos de litière par cheval et 2.555 kilos par bête à cornes.

Pour les petites espèces, moutons et porcs, l’évaluation est plus difficile. En ce qui concerne les moutons par exemple, on ne change pas en général les litières quotidiennement : on laisse au contraire le fumier s’entasser sur d’assez grandes épaisseurs pendant une longue période. On peut cependant encore admettre la règle précédente et fixer à 0kg,500 la quantité de litière utilisée par tête et par jour, ce qui représente 180 kilos environ au bout de l’année. Mais on ne peut plus l’admettre pour les porcs qui réclament de bien plus fortes quantités de litière par rapport à leur poids vif, surtout s’ils ne disposent pas de bassins où ils puissent se baigner : on peut estimer ces quantités à 8 ou 9 kilos par tête et par jour, ce qui fait près de 3.000 kilos par an.

Déjections. — Au poids des litières, nous allons ajouter le poids des déjections solides et liquides émises annuellement par les différents animaux. Celui-ci a été fixé d’ailleurs de façon beaucoup plus précise grâce à de nombreuses expériences. Elles font ressortir les chiffres suivants :

Chevaux 5.862 kg.
Bovins 14.855
Moutons 708
Porcs 1.526

Quantités de fumier produit. — Par simple addition, on arrive aux chiffres suivants, une fois arrondis :

Chevaux 7.700 kg.
Bovins 17.500
Moutons 900
Porcs 4.500

Il existe d’ailleurs une méthode plus rapide pour évaluer la quantité de fumier produit dans une ferme. Elle a été établie par l’agronome Girardin, qui, à la suite de nombreuses expériences, a constaté qu’il suffisait de multiplier le poids total du cheptel vif par le coefficient conventionnel 25. Mais cette méthode ne peut être valable que pour les exploitations où toutes les espèces sont représentées, et en proportion équilibrée, et où, de plus, la stabulation permanente est de règle. Dans tous les autres cas, il faudra calculer la production se rapportant à chaque espèce séparément, comme nous l’avons fait ci-dessus. Et on apportera les corrections nécessaires aux chiffres portant sur les déjections selon que la stabulation est permanente ou non. C’est ainsi que pour les chevaux de travail, les vaches allant au pâturage, il conviendra de diminuer ces chiffres d’un quart ou d’un tiers selon le temps passé hors des écuries.

Mais notre but est, ne l’oublions pas, de calculer la contenance à donner à la fumière. Pour cela, il nous faut savoir le poids du mètre cube de fumier, lequel est, encore une fois, très variable : il varie d’une part avec les espèces d’animaux, et, d’autre part, avec l’état de consommation du fumier. Nous éliminerons la première variable en considérant que le fumier est presque toujours mixte. Et si l’on considère que le mètre cube de fumier frais sortant des étables pèse 400 à 500 kilos, tandis que le mètre cube de fumier très consommé pèse près de 900 kilos, nous admettrons qu’au moment de l’épandage un mètre cube de fumier bien travaillé, c’est-à-dire humide, tassé et demi-décomposé, pèse en moyenne 700 à 800 kilos.

Contenance de la fumière. — Nous voici donc en mesure de calculer le volume total de fumier produit annuellement sur l’exploitation. Il ne reste plus qu’à savoir combien de fois par an le fumier doit être enlevé en vue de son épandage dans les champs, pour obtenir la contenance à donner à la fosse ou à la plate-forme. On procède en général à cet épandage trois ou quatre fois par an, et trois mois d’ailleurs sont à la fois nécessaires et suffisants pour mener à bien la fabrication du fumier dans de bonnes conditions.

Exemple. — Afin d’ailleurs d’être mieux compris, nous allons prendre un exemple : soit une exploitation comprenant 2 chevaux, 10 bêtes à cornes, 50 moutons et 10 porcs.

Le poids total de fumier produit dans l’année par ces divers animaux sera :

Chevaux 15.000 kg.
Bovins 175.000
Moutons 45.000
Porcs 45.000
 
Total
———
280.000
 
kg.

En estimant le mètre cube de fumier à 700 kilos, cela représente 400 mètres cubes. Et si l’on enlève le fumier quatre fois par an, la contenance à donner à la fumière sera de 100 mètres cubes.

En appliquant la méthode Girardin, on eût trouvé pour le poids total de fumier produit par an environ 260.000 kilos, chiffre par conséquent très voisin du précédent.

Enfin, pour terminer, nous ferons remarquer que le maximum de hauteur que puisse atteindre le tas de fumier ne doit pas dépasser 2 mètres à 2m,50. C’est ainsi qu’en reprenant l’exemple précédent la surface de la sole à prévoir serait de 40 à 50 mètres carrés.

J. P ...

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 606