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Automobile

À la recherche du silence

Les ingénieurs ont toujours recherché le silence dans le fonctionnement et la marche d’une automobile.

Les uns se sont penchés sur le moteur et les différents organes mécaniques, les autres ont pourchassé sans pitié tous les bruits insolites de la carrosserie. Il est évident que lorsque la voiture est neuve, dans ses premiers kilomètres, le silence obtenu est très acceptable. Il n’en est plus de même lorsque la voiture vieillit. Les jeux s’accentuent, les portes ferment plus difficilement, les organes de transmission vibrent, bref, la conduite devient moins agréable.

Le bruit est presque toujours un signe de vieillesse et de décrépitude. Lors de l’achat d’un véhicule d’occasion, il importera de rechercher les causes de tous ces bruits anormaux.

Le moteur est bruyant par sa commande de distribution et de ventilateur, par ses pistons, par l’embiellage, par sa commande des soupapes (poussoirs ou culbuteurs suivant que l’on se trouve en présence de soupapes latérales ou de soupapes en tête).

Côté distribution, l’usure se manifeste à la chaîne dont l’emploi est presque général, ou à la denture des pignons dans le cas d’attaque directe. Le bruit de distribution commence à devenir inquiétant et désagréable lorsque le moteur atteint son quarantième ou cinquantième millier de kilomètres. Seul l’échange de la chaîne remet les choses en place. Signalons, en passant, que le ventilateur a souvent la conscience peu tranquille. C’est l’usure exagérée de la courroie qui est à incriminer. Même solution que pour la chaîne lorsque le tendeur est à bout de course. Les pistons usagés donnent naissance à un bruit caractéristique, sourd, rappelant celui du tambour, surtout lorsque le moteur est froid. Ici, c’est plus grave, car l’usure porte également sur les cylindres. Le moteur consomme de l’huile. Alors que, pour un moteur en bon état, on peut se baser sur un litre d’huile aux 1.000 kilomètres, il n’est pas rare de voir tripler ou quadrupler cette consommation sur un moteur qui « pistonne ». La durée de l’ensemble, piston et cylindres, est de l’ordre, toujours pour une voiture conduite avec soins, de 50.000 kilomètres ; souvent plus avec des moteurs à régime relativement lent.

L’échange des pistons entraîne le réalésage des cylindres ou l’échange des chemises acier, dans le cas de moteurs à chemises amovibles. Un resserrage des coussinets de bielles ne sera pas superflu, par la même occasion. Le coût de cette réparation classique varie de nos jours, suivant les moteurs, de 15.000 à 25.000 francs. Elle doit être conduite avec soins, avec un outillage approprié et par des spécialistes de la marque si cela est possible. Pièces d’origine de préférence. Si l’on en juge par le courrier reçu de nos lecteurs, nombreux ont été les déboires dont l’origine remonte à cette substitution de pièces détachées : moteur qui chauffe, défaut de reprises, joints de culasses qui claquent, fonctionnement général défectueux.

Nos lecteurs savent qu’il est nécessaire de prévoir un jeu de l’ordre de 4/10 de millimètre aux queues des soupapes, ceci afin d’assurer la dilatation due à l’élévation de température du moteur. Il est évident que l’attaque des soupapes par le poussoir ou le culbuteur se fera avec un bruit bien particulier, et aussi régulier qu’inévitable. Il n’y a donc pas lieu de s’alarmer de ce côté-là. On veillera seulement à ce que le réglage soit toujours correct et conforme aux indications du constructeur. L’embrayage est particulièrement muet. Seule la butée à billes fera entendre un ronflement particulier si elle présente une usure marquée. Citons pour mémoire, car ses manifestations ne sont pas sonores, les accidents courants de l’embrayage, savoir : le broutage et le patinage.

La boîte de vitesses, par contre, est beaucoup plus exubérante dès qu’elle a dépassé sa première jeunesse. Usure des roulements et des bagues, usure de la denture des engrenages donnent naissance à un grondement fort ennuyeux dans les vitesses intermédiaires. Il convient de noter que, sauf accidents (mauvaise qualité des aciers, montage non correct, graissage insuffisant, trempe défectueuse) ou défaut dans la conduite, il est normal que la durée d’une boîte de vitesses atteigne celle de la voiture.

Ces remarques s’appliquent au pont arrière (couple conique ou vis sans fin et différentiel). Les accidents de pignon et couronne de pont arrière sont assez rares sur les voitures modernes. On le doit au progrès de la métallurgie et aux soins apportés dans la précision d’exécution des engrenages. L’échappement, voix naturelle des moteurs, a fait l’objet de sérieuses études sur l’écoulement des gaz. Un pot d’échappement trop compliqué, avec des chicanes nombreuses et mal disposées, peut diminuer sensiblement le rendement du moteur. Le résultat peut être identique avec l’échappement libre. Un circuit d’écoulement rationnel et bien étudié doit entraîner un grand silence d’échappement des gaz joint à un rendement optimum. Comme on aimerait que certains constructeurs de vélomoteurs ou motocyclettes légères deux temps s’inspirent de ces directives.

Les accessoires manquent parfois de discrétion. Citons le sifflement caractéristique des balais neufs ou par trop usés de la dynamo. Dans les voitures récentes, où la recherche du silence a été très poussée, il serait nécessaire que les constructeurs d’accessoires ne soient pas en reste. Or il est fréquent de rencontrer des essuie-glaces qui deviennent vite insupportables durant les longs trajets par temps de pluie. Même remarque sur les commandes de flexibles de compteurs de vitesse et sur ces appareils.

Le sifflement dû à l’aspiration du moteur a été fort réduit par l’emploi du filtre à air.

Les carrosseries deviennent bruyantes surtout par les portières. Les charnières prennent du jeu et ont tendance à s’affaisser. Les carrosseries monocoques, plus résistantes à l’usage, ont par contre l’inconvénient d’agir à la manière d’une boîte de résonance. Il est vrai que des garnitures judicieusement placées et des revêtements spéciaux atténuent considérablement la résonance.

Enfin, pour clore cette causerie, nous sommes bien obligés de constater que la construction américaine est imbattable sous l’angle du silence de fonctionnement.

Elle le doit en premier lieu à la marge de surpuissance que possèdent les types de véhicules d’outre-Atlantique, au régime des moteurs moins poussé que chez nous, aux méthodes d’usinage, au choix des matériaux, à la précision et au contrôle du montage.

Nous avons encore beaucoup de progrès à faire en ce sens.

G. AVANDO,

Ingénieur E. T. P.

Le Chasseur Français N°630 Août 1949 Page 616