Ce sont là des affections heureusement rares, un peu moins
cependant depuis qu’on a appris à les mieux connaître, et qui ont bénéficié des
grands progrès de la neuro-chirurgie. Le cerveau est, en effet, un organe très
tolérant, dépourvu de sensibilité propre et aujourd’hui accessible à
l’intervention chirurgicale, grâce à l’instrumentation moderne.
Mais avant d’en arriver à une opération, toujours sérieuse,
il faut s’entourer de toutes les garanties, préciser les symptômes qui
permettent de connaître la localisation et, si possible, la nature de la tumeur
présumée. Pour cela, il faut au neuro-chirurgien, en plus de l’habileté
manuelle et de la connaissance parfaite de l’anatomie cérébrale, des notions
approfondies de physiologie et de pathologie nerveuses, à l’aide desquelles il
pourra se livrer à une étude minutieuse et patiente du malade, pratiquer
souvent à plusieurs reprises les examens pour déceler tel signe, parfois
fugace, qui viendra éclairer le diagnostic.
En dehors de l’examen systématique de tout le système
nerveux, de tous les nerfs périphériques, il devra porter ses investigations
sur les organes des sens, notamment sur l’œil et l’oreille, avec la technique
et l’instrumentation des spécialistes de ces organes, aux lumières desquels il
devra souvent faire appel.
Les tumeurs du cerveau présentent un certain nombre de
signes communs dus à la compression de l’organe ; ce sont les somnolences,
les céphalées, les vertiges, les vomissements, les convulsions, parfois les
contractures, chacun de ces symptômes devant être analysé très minutieusement.
Les somnolences, avec crises de bâillements constatés par
l’entourage, sont, chez l’adulte, un signe cardinal de tumeur cérébrale, au
point que, pour beaucoup, l’insomnie doit en faire rejeter le diagnostic.
Les céphalées ou « maux de tête » donnent souvent
de précieuses indications par le siège des douleurs, leur fixité, leur mode
d’apparition (après certains mouvements, par exemple). Le cerveau étant par
lui-même insensible, ces réactions douloureuses traduisent une participation de
ses enveloppes, des méninges, particulièrement sensibles lorsqu’elles sont
congestionnées. La raideur de la nuque est aussi un signe méningé.
Les vertiges trahissent une participation des centres
d’équilibration en connexion étroite avec le nerf acoustique et ses noyaux
d’origine.
Les vomissements, dits cérébraux, ont pour caractère de se
produire soudainement, sans nausées, « en fusées », particulièrement
le matin, au réveil.
Les convulsions peuvent donner de précieux renseignements
sur le siège présumé des lésions, surtout si elles sont localisées à un membre
ou à un segment de membre ; elles doivent être soigneusement différenciées
des accès épileptiques, dont elles ont souvent les caractères.
Les troubles mentaux ne fournissent que fort rarement des
données utiles pour le diagnostic.
Ce fut avec l’aphasie que débuta la localisation des lésions
cérébrales, mais les recherches modernes ont montré que ce signe n’avait pas la
rigueur que voulut lui assigner Broca.
Les troubles de la vision et l’examen du fond de l’œil
présentent une importance capitale.
Bien entendu, rien ne doit être négligé, dans l’examen
général du malade, de tous ses organes, de son attitude, de ses réflexes, le
tout avec les examens de laboratoire aujourd’hui de rigueur avant toute
intervention ; parmi ceux-ci, l’examen du liquide céphalo-rachidien est
évidemment indispensable.
En dernier lieu, il faudra procéder à la radiographie de
face et de profil, à la radiographie stéréoscopique, parfois complétée par des
techniques permettant une plus grande précision, comme la ventriculographie,
radiographie pratiquée après insufflation d’air dans les ventricules cérébraux,
à l’encéphalographie, faite après injection d’air par le canal rachidien,
moyens d’investigation qui ne sont pas sans inconvénients et que l’on réserve à
des cas exceptionnellement difficiles, après en avoir pesé les risques.
L’artériographie, qui consiste à radiographier après injection d’une substance
opaque dans les artères, est presque unanimement repoussée par la majorité des
neuro-chirurgiens.
Le succès d’une intervention chirurgicale dépend, comme dans
d’autres cas, de la précocité du diagnostic ; il est donc intéressant de
connaître ces principaux signes pour s’adresser, le cas échéant, à un médecin
compétent, mais il ne faut pas que leur lecture sème l’effroi et ne fasse
interpréter fâcheusement le moindre mal de tête ou telle crise passagère de
somnolence due à un trouble purement digestif.
Dr A. GOTTSCHALK.
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