Mois d’août, mois de vacances, des plaisirs sans
contrainte, des saines baignades. Il verra le triomphe des robes fraîches, des
ensembles de toile, des robes de casino en amusantes cotonnades imprimées, le
triomphe aussi de ces toilettes à transformations innombrables. Avec un
chemisier, un short, sous lequel se dissimulent un soutien-gorge et un slip,
autrement dit un maillot de bain en deux pièces, le couturier Henry, « À
la Pensée », en ajoutant deux tuniques amovibles à envers et endroit de teintes
différentes, aboutit à quatorze effets divers. Presque toutes les toilettes de
ville comportent un blouson ou un boléro, d’ailleurs neuf comme ligne, car
court et plutôt flottant ; ils sont mobiles et dissimulent une robe à
danser ou à dîner à corsage très décolleté, généralement sans bretelles.
Chez Jacques Fath, de longues écharpes de tissu,
semblable à celui de la robe, enrichissent le corsage et la jupe, sur laquelle
les pans retombent en larges panneaux flottants. Sur de minces fourreaux
boutonnés du décolleté à l’ourlet, Manguin pose des sortes de redingotes dont
la jupe en forme s’ouvre comme un écrin sur le fourreau. Nombreux sont les
modèles de toile en deux couleurs, et c’est particulièrement la toile noire
qui, cet été connaît un succès inattendu ; dans cet esprit, Jacques Heim
propose une robe ravissante dont le corsage et le haut de jupe sont en toile
noire, le bas en toile blonde ; cette jupe est extrêmement large et très
plongeante derrière. À Jacques Griffe nous devons de bien jolis enroulements de
tissu, asymétrique, des doubles tuniques de toile blanche par exemple,
redoublée de toile ocre rouge ou orange ; l’effet, dans le mouvement, est
des plus heureux.
En somme, toutes ces toilettes à transformations sont fort
pratiques pour le voyage, minimisant le poids des bagages ; j’ajouterai
que de nombreux chapeaux, bérets, suroîts sont pliants ou démontables, ce qui
est fort appréciable également.
Très délaissé, le maillot de laine est remplacé, pour
les femmes jeunes, minces et bien faites, par des deux-pièces de toile, de
cotonnade, de cracknyl, le slip plus ou moins enveloppant, souvent lacé ou
boutonné sur le ou les côtés, le soutien-gorge avec ou sans bretelles ;
dans ce cas, celui-ci demande à être très étudié, prenant bien la poitrine et
comportant un léger baleinage ou l’appoint d’un ressort se modelant sur les
formes en garantissant la décence même au plongeon ! Le maillot une pièce
a ses adeptes et, d’ailleurs, convient mieux aux femmes moins jeunes et un peu
plus fortes ; il est impeccable en satin filé lastex ou en cloké tissé de
fil lastex ; il épouse étroitement le corps et se prête décemment à tous
les mouvements. Certains spécialistes l’agrémentent de très heureux drapés sur
le devant ou d’effet de jupe.
Le paletot, également de toile ou de léger lainage, est
indispensable, aussi bien pour accompagner l’ensemble de plage que pour la
ville, paletot de couleur tendre ou vive, qu’on choisira s’adaptant à plusieurs
toilettes ; la marinière est également charmante, se portant aussi bien avec
le short, le corsaire, le pantalon long ou la jupe. On porte, sortant de la
poche, un très grand mouchoir de cotonnade imprimé, qui amuse l’œil et peut
également servir de coiffure protectrice contre le vent ou de bonnet de
bain ; le vrai mouchoir lui est assorti, tout petit, et c’est charmant.
G.-P. DE ROUVILLE.
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