On plante actuellement beaucoup d’arbres fruitiers.
Peut-être même pourrait-on dire qu’on en plante beaucoup trop, non, certes, que
l’on soit menacé d’une crise de surproduction, mais bien parce qu’un grand
nombre de planteurs opèrent sans grande réflexion et ne peuvent, dans ces
conditions, prétendre qu’à de bien maigres résultats.
Pour qu’en effet une plantation réussisse, il faut l’avoir
prévue à l’avance et avoir fait un choix convenable des arbres à planter. Il
faut aussi avoir apporté tous ses soins à la préparation du sol. Il faut enfin,
chaque fois que l’on dispose d’un terrain sain, planter avant l’hiver pour que
l’arbre ait le temps de prendre possession du sol avant d’entrer en végétation.
« À sainte Catherine, tout bois s’enracine », dit un vieux proverbe.
Il convient de s’en inspirer.
Choix des arbres.
— Ce choix est à faire selon la nature du terrain,
l’emplacement plus ou moins favorable à telle ou telle-essence et à telle ou
telle variété, l’utilisation que l’on propose pour les fruits.
Dès le début de septembre, la liste de plantation étant
établie, il est recommandable de passer commande au fournisseur éventuel. À
cette époque, on a en effet des chances de pouvoir se faire réserver exactement
ce que l’on désire. Plus tard, il n’en serait plus de même et un certain nombre
de variétés n’étant plus disponibles, le pépiniériste serait amené à en
proposer le remplacement par d’autres qui, parfois, ne rempliraient pas toutes
les conditions que l’on recherchait.
Pour faire des arbres taillés, on plante ordinairement des
« scions » ou « greffes d’un an », à moins que, peu versé
dans les questions de taille, on ne préfère planter des arbres ayant reçu en
pépinière un début de formation. Ceux-ci sont évidemment plus âgés et plus
chers, mais généralement encore de bonne reprise.
Pour faire des arbres de verger non soumis à la taille, on
plante, soit des arbres dits « haute tige force ordinaire », ayant un
tronc de 2 mètres de haut et 10 à 12 centimètres de circonférence,
soit des scions de un ou de deux ans, dans le but de faire des « formes
basses de plein vent », assez à la mode actuellement.
En raison des faibles disponibilités existant en pépinière,
on est d’ailleurs obligé, bien souvent, de n’être pas trop exigeant, ce qui ne
veut pas dire qu’il faille accepter tout les yeux fermés !
Préparation du sol.
— La meilleure époque pour planter les arbres étant la
fin de novembre, on commencera à préparer le terrain deux mois avant,
c’est-à-dire début d’octobre. L’ameublissement doit être proportionné à
l’importance des racines des arbres à planter. Cet ameublissement, ou
« défoncement », est une occasion unique d’introduire, dans les
couches profondes du sol, des engrais, dont l’ensemble constituera une
« fumure de fond », bien équilibrée et susceptible d’influencer très
heureusement le développement de l’arbre dans ses premières années.
La façon d’opérer est quelque peu différente selon le genre
de plantation à effectuer. S’agit-il, en effet, de planter, à intervalles très
rapprochés, des arbres à soumettre à la taille ? On défoncera alors toute
la surface.
Doit-on, au contraire, faire une plantation d’arbres de
plein vent très distants les uns des autres ? On creusera, à chaque
emplacement préalablement déterminé, un trou de plantation.
1° Defoncement en plein.
— La profondeur variera selon l’essence à planter. De
45 à 50 centimètres pour des pommiers greffés sur paradis, elle atteindra
60 centimètres pour des poiriers greffés sur cognassier, 70 à 80 centimètres
pour des arbres greffés sur franc.
Selon la surface à travailler, on se servira
d’explosifs ou de fortes charrues actionnées par de puissants tracteurs,
charrues dont le travail est complété par un appareil sous-soleur. Ou bien
encore le défoncement sera fait à la main : c’est notamment ce qui se fait
lorsqu’il s’agit d’établir une plantation le long d’un mur.
Les engrais composant la fumure de fond, soit, par exemple
pour 100 mètres carrés, 1.000 kilos de fumier de bêtes à cornes, 4 à
5 kilos de corne en copeaux, 15 à 20 kilos de scories de
déphosphoration, 2 à 8 kilos de chlorure de potassium, auront été, au
préalable, épandus sur toute la surface. Ils seront enterrés au cours du
travail.
2° Defoncement par trous.
— Il ne faut pas craindre de donner aux trous des
dimensions assez considérables : 1m,20 au carré et 0m,80
de profondeur sont les mesures à adopter en sol de moyenne qualité (fig. 1).
En mauvais terrain, de même qu’en sol humide, on fait les trous plus larges,
mais moins profonds.
Ici encore, l’explosif peut aider notablement en
terrain difficile. Mais, de toute façon, il faut creuser le trou ensuite, afin
de pouvoir mettre en place une bonne fumure de fond. Celle-ci pourra
comprendre, pour un trou de la dimension indiquée ci-dessus : une
demi-brouette de fumier demi-décomposé (fumier de vache), 1kg,500 de
corne en copeaux, 2 à3 kilos de scories de déphosphoration et 300 à 400 grammes
de sulfate de potasse (de préférence au chlorure), engrais qui seront mélangés
à la terre remise immédiatement dans les trous pour les combler à moitié en
attendant le moment de planter (fig. 2).
E. DELPLACE.
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