C’est une maladie à la mode et qu’on avoue même avec une
certaine fierté puisque, pour beaucoup, c’est une maladie nouvelle ; ce
n’est cependant pas une maladie imaginaire, il est des cas, peut-être moins
nombreux qu’on ne le croit, où le microbe réputé causal, le colibacille, peut
être décelé dans l’urine prélevée aseptiquement.
L’origine des troubles, l’étiologie de l’affection, pour
parler scientifiquement, n’est pas sans laisser quelque peu sceptique. En
effet, le colibacille est un hôte banal et constant de l’intestin, qui s’en
accommode fort bien ; il ne devient pathogène que s’il émigre hors de son
habitat naturel.
La maladie s’observe surtout chez la femme, au cours ou à la
suite d’une grossesse, le colibacille pouvant inoculer la vessie par suite du
voisinage entre l’orifice de l’urètre féminin et celui du canal digestif ;
telle est probablement l’origine de nombreuses cystites ; en d’autres cas,
il semble que le rein est touché primitivement, il faut alors admettre que le
microbe a passé dans le sang. Ce qui laisse un peu perplexe c’est que, dans les
infections intestinales qui s’accompagnent d’ulcérations de la muqueuse, comme
dans la dysenterie et certaines colites ulcéreuses, on ne voit jamais le
colibacille profiter de ces érosions pour aller essaimer hors de l’intestin. En
fait, le seul trouble intestinal qu’on observe le plus souvent est la banale
constipation.
Du côté urinaire, on invoque, comme causes favorisantes,
toutes les rétentions, dues à un rein mobile, à une coudure de l’uretère, à un calcul,
à une hydronéphrose, et, dans les cas rebelles, un examen complet du système
urinaire, avec les méthodes les plus modernes, s’impose.
Mais, pour que la maladie s’installe, il faut encore quelque
chose de plus, un certain déséquilibre de l’état général, tenant au régime
alimentaire ou à l’état du système nerveux.
Une alimentation restreinte, mal équilibrée, trop
exclusivement végétale, comme trop de gens durent la subir pendant et après la
guerre, crée un terrain éminemment favorable au développement d’une infection,
en diminuant la résistance normale de l’organisme et en rendant les humeurs, le
sang, la lymphe, les liquides intercellulaires trop alcalins. Un choc nerveux,
une émotion agissent dans le même sens, comme un gros chagrin, un changement de
vie, un surmenage physique ou moral.
Le symptôme qu’accusent la majorité des femmes est celui
d’une fatigue extrême, le matin, dès le lever, s’accentuant au cours de la
journée, s’accompagnant de quelques petits signes accessoires, tels qu’une
grande frilosité, de petits frissons fréquents, des maux de tête intermittents,
parfois des vertiges ; l’état mental confine parfois à la mélancolie. Les
signes locaux sont souvent peu accusés ; des malades se plaignent de
douleurs lombaires ou présentent des signes de cystite avec douleur en urinant
et fièvre légère le soir.
Les médications proposées sont assez diverses et peuvent se
résumer en tentatives de désinfection intestinale et urinaire ;
sulfamides, acide mandélique, urotropine, etc.
Le régime sera fortifiant et n’exclura que les mets
épicés ; le vin, surtout le vin rouge, est recommandé, et les boissons
seront abondantes. Le traitement local se bornera à quelques lavages de vessie,
en cas de cystite, dans les cas ordinaires ; enfin les cures hydrominérales
ont de nombreux succès à leur actif ; certaines stations, comme La Preste,
se sont spécialisées dans ces traitements.
Le repos moral et physique qu’y trouvent les malades,
l’ambiance favorable, l’action incontestable des eaux et les soins éclairés de
médecins expérimentés guériront beaucoup de ces patients, mais ces traitements
doivent être prolongés, car les rechutes sont fréquentes.
En cas d’échec, comme il a été dit, un examen complet et
minutieux du système urinaire s’impose avec toutes les ressources de la
radiographie.
Il est évident que, si cet examen fait apparaître une cause
locale (coudure de l’uretère, dilatation du bassinet, calcul), il faudra
intervenir en conséquence.
La pénicilline est dépourvue d’action sur le colibacille,
or, dans quelques cas, on en a obtenu des résultats quasi spectaculaires, ce
qui est un peu déroutant ; la streptomycine serait plus souvent active.
Dr A. GOTTSCHALK.
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