Les prunes sont des fruits bienfaisants que nous devons
savoir utiliser : fraîches en leur saison d’abord, puis sous forme de
pruneaux, qui constitueront une ressource pour les desserts de l’hiver.
Leur valeur nutritive est assez différente, comme le montre
le tableau suivant :
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Prune fraîche. |
Pruneau. |
Eau |
82,0 |
29,0 |
Sucre |
3,5 |
44,0 |
Autres glucides |
4,5 |
18,0 |
Acides |
1,5 |
3,0 |
Albumines |
0,5 |
2,0 |
Cendres |
0,6 |
1,5 |
Cellulose |
5,0 |
|
La teneur des prunes en sucre et autres hydrates de carbone
permet aux rhumatisants, aux goutteux, aux artério-scléreux de bénéficier de la
source d’énergie qu’elles procurent, puisque le régime azoté leur est
contre-indiqué. Ils agiront donc sagement en les faisant entrer dans leur
ration alimentaire. « Crues et mangées à jeun avec du pain de seigle, dit
le Dr Henri Leclerc, elles viennent à bout de la constipation
habituelle et favorisent les fonctions du rein. ». Si ce déjeuner rustique
ne convient pas à tous les tubes digestifs, on a la ressource de consommer les
prunes cuites, sous forme de compotes, de marmelades ou autres préparations.
De plus, la prune est un des fruits qui se conserve le mieux
par dessiccation : elle constitue alors le pruneau, dont la valeur
nutritive est très grande. Quel est l’alpiniste qui ne s’en est rendu
compte ? Harassé de fatigue, il lui suffit de sucer de temps en temps un
pruneau : s’il conserve longtemps le noyau dans la bouche, il a
l’impression de moins souffrir de la soif, sa bouche étant constamment baignée
de salive ; surtout, son énergie ne tarde pas à lui revenir — ou à se
maintenir — grâce à l’utilisation par l’organisme de cette grande source
énergétique qu’est le pruneau. Cette heureuse propriété est également bien
connue des cyclistes et de tous ceux qui pratiquent des sports
d’endurance : un cycliste raconte qu’au cours d’une randonnée où il
s’était éloigné inconsidérément de sa ville il se sentit soudain à bout de
forces ; il acheta un « quarteron » de pruneaux (trente-deux),
les mit dans sa poche et s’amusa à en manger un à chaque borne kilométrique.
L’énergie lui revint et quand, à son trente-deuxième, il entra dans sa
capitale, sa fatigue avait disparu.
« La compote de pruneaux, dit M. J. Rocques,
voilà l’aliment obligé de l’hémorroïdaire, de l’hypocondriaque, de l’homme
bilieux, ardent, irritable, de tous ceux enfin qui vont difficilement à la
garde-robe. » Bien supérieurs à toutes les pilules, les pruneaux relâchent
tout en nourrissant et rétablissent peu à peu les évacuations naturelles.
À ceux dont le foie, très fatigué, a peine à remplir son
rôle antitoxique, et où l’intestin est difficile à stimuler mécaniquement, le Dr Carton
conseille de prendre, au début des deux principaux repas, de huit à dix
pruneaux préparés, dessucrés et désacidifiés de la façon suivante :
« La veille, on les fend au couteau sur une face et on les fait tremper
dans un récipient rempli d’eau qui les attendrit en leur faisant récupérer leur
eau de composition. Puis ils sont mis à cuire à grande eau, pendant deux ou
trois heures, et changés trois fois d’eau au cours de la cuisson. » On
obtient ainsi des pruneaux à peine sucrés de goût. On les sert chauds ou
réchauffés dans un peu d’eau, au début des repas. D’après le Dr Carton,
« ce procédé constitue un régulateur idéal de la circulation intestinale
et de l’appétit, un désodorisant des selles, un moyen puissant de dégorgement
du foie et de désintoxication humorale. »
Utilisons donc prunes et pruneaux, puisque malades et bien
portants doivent bien s’en trouver ! Les prunes fraîches apportent des
vitamines (surtout vitamine C) dont sont dépourvus les pruneaux. Les uns
et les autres sont cependant à conseiller.
Compote de prunes fraiches.
— Laver les prunes, les dénoyauter, les disposer, la
veille, dans une bassine en les couvrant de 500 grammes de sucre pour
1 kilogramme de fruits. On peut à volonté ajouter une gousse de vanille ou
le zeste d’un citron. Le lendemain, cuire pendant quarante minutes .Mettre en
pots. Recouvrir de cellophane quarante-huit heures après.
Pommes aux prunes.
— Peler 500 grammes de pommes et les couper en
tranches minces ; les mettre à cuire avec un peu d’eau ; ôter les
noyaux à 250 grammes de prunes, les ajouter aux pommes quand celles-ci
sont presque cuites ; ajouter 20 à 30 grammes de sucre. Servir tel
quel.
On peut aussi caraméliser un moule, y verser la préparation
ci-dessus et faire cuire au four ou au bain-marie une demi-heure, démouler et
servir.
On peut remplacer les prunes fraîches par des pruneaux
dénoyautés et cuits dans un peu d’eau avant d’y mettre les pommes.
Pirogis aux prunes.
— Faire une pâte dure avec 250 grammes de farine,
1 œuf, une pincée de sel, un peu d’eau. Rouler cette pâte et l’aplatir sur
la planche ; au moyen d’un verre, tailler de petites rondelles. Envelopper
chaque prune dans un rond de pâte et jeter dans de l’eau salée bouillante.
Après cinq ou six minutes, c’est cuit, et l’on peut servir. On peut aussi jeter
dans la friture bouillante, sortir quand c’est doré et saupoudrer de sucre.
Clafoutis aux prunes.
— Choisir 500 grammes de prunes bien mûres,
enlever les noyaux, couvrir d’une pluie de sucre en poudre et laisser macérer
pendant une heure. D’autre part, préparer une pâte liquide avec 200 grammes
de farine, 100 grammes de beurre ou margarine, 100 grammes de sucre
et 3 œufs entiers ; mouiller le tout d’un peu de lait tiède pour que
la pâte soit bien liquide. Beurrer légèrement un plat allant au four. Y verser
toute la pâte, y enfoncer les prunes, mettre au four. Aussitôt cuit, saupoudrer
de sucre et servir chaud ou froid.
Gâteau aux reines-claudes.
— Couper des tranches de pain d’un centimètre
d’épaisseur, les mettre dans un moule-caramélise ou beurré en alternant une
couche de pain, une couche de prunes séparées en deux sans les noyaux, et
mettre à leur place, dans chaque demi-fruit, un petit morceau de beurre ;
saupoudrer chaque couche de prunes avec du sucre en poudre ; terminer par
une couche de fruits. Faire cuire à four doux une demi-heure ou trois quarts
d’heure. Laisser refroidir. Démouler. Servir.
Pudding aux pruneaux.
— Mettre des restes de pain (150 grammes) à
tremper dans du lait sucré bouillant, et aromatiser avec un zeste de citron
râpé. Réduire le pain ainsi trempé en bouillie. Y ajouter 3 jaunes d’œufs,
les blancs battus en neige. Faire cuire d’autre part une vingtaine de pruneaux,
les dénoyauter. Verser la moitié de la préparation dans un plat beurré allant
au four ; disposer les pruneaux dans la masse ; achever de recouvrir
avec le reste de la préparation, mettre au four pendant trois quarts d’heure ou
une heure. Servir encore tiède ou complètement froid.
Pruneaux au riz.
— Faire tremper 150 grammes de pruneaux, les
dénoyauter, les bien écraser. Préparer d’autre part deux verres de riz cuit au
lait sucré, lié avec un (ou deux) œuf battu. Mélanger le riz aux pruneaux.
Ajouter au choix le zeste d’un citron râpé — ou une bonne cuillerée de
marmelade d’oranges. Remplir du mélange un plat à pudding (on peut le garnir
d’un caramel) et faire cuire au four ou au bain-marie.
Pruneaux gourmandise.
— Faire tremper de gros pruneaux dans un peu d’eau
tiède pour faciliter le dénoyautage. Remplacer le noyau par une amande grillée.
Rouler chaque pruneau dans du blanc d’œuf dans lequel on a incorpore du
chocolat râpé. Mettre au four tiède quelques minutes et laisser refroidir.
A. PEYREFITTE.
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