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Mon jardin en octobre

Derniers semis au potager.

— Sauf dans quelques régions privilégiées, les semis de pleine terre sont à peu près suspendus. Mais les amateurs, comme les professionnels, désireux de produire des salades en toute saison, disposant de cloches ou de châssis, peuvent encore semer, au début du mois, des laitues gotte à graine noire et blanche, des laitues passion, des paresseuses, des palatines, des cordons rouges ...

Si on utilise les cloches, on les disposera, autant que possible, en ados et en quinconce sur une côtière terreautée, bien abritée, à l’exposition du midi, afin que les salades bénéficient du maximum de lumière et de soleil.

En pleine terre, il est encore temps de semer très clair un petit carré de mâche, en prenant comme variété la mâche d’Italie, plus tardive que la mâche ronde, donnant sa récolte en avril. Quant aux pois Michaux, dits de Sainte-Catherine, il vaut mieux les semer en octobre qu’en novembre, ils risquent moins d’être détruits en lait par les gelées. Choisir une terre saine, bien abritée, autant que possible disposée en ados, les lignes étant espacées de 40 centimètres.

Repiquages.

— Repiquer sous cloche, à froid, le beau plant de laitue élevé en août. Le repiquage se fait au doigt, sur des planches fumées, labourées et dressées à plat. Les cloches se mettent en échiquier, sur trois rangs, à raison de trois gottes et une romaine au centre de chaque cloche. À partir du 15 octobre, les planches seront dressées en ados, séparées par des fossés larges de 70 centimètres, dont la terre extraite donne une inclinaison de 15 centimètres du côté du midi, aux planches de 1m,30. Ce dispositif convient non seulement aux salades, mais à tous les plants repiqués à cette époque.

Repiquer également, pour la première fois, sur les ados préparés, les plants de laitue crêpe, de gotte et de romaine semés en septembre, après avoir marqué sur le terrain l’emplacement de chaque cloche qui reçoit 24 plants — 250 par châssis maraîcher. Faire de même pour les choux-fleurs.

Achever de planter les oignons blancs de Paris dans un terrain fumé de longue date ou amendé avec du terreau ou du compost bien décomposé. Dans une parcelle de même nature, planter les caïeux d’ail, pris sur le pourtour des bulbes. Les enfoncer de 5 centimètres, à 15 centimètres de distance sur des lignes espacées de 25 centimètres.

Forçage des fraisiers.

— Les beaux coulants de fraisier des variétés Marguerite, Dr Morère, Chanzy, Héricart de Thury, etc., qui ont été mis en pots de bonne heure, sont prêts au forçage. À cet effet, confectionner vers la fin du mois la première couche, en employant moitié feuilles mortes et moitié fumier de cheval frais. Ranger les godets dans le terreau, au nombre de 25 à 26 par panneau. Donner le plus possible d’air et garantir les plants par des paillassons. Les fraisiers doivent être placés le plus près possible du verre. On procède à de nouveaux chargements de couches en novembre et en décembre, pour échelonner la récolte.

Autres travaux.

— Rabattre les tiges d’asperges à 10 centimètres du sol et les brûler, afin de détruire les larves de criocères et de la mouche. Débutter les pieds en rejetant la terre dans les interlignes. Les griffes découvertes, épandre à leur surface du fumier de ferme bien décomposé, à la dose de 250 kilogrammes à l’are. On peut forcer un petit carré d’aspergeraie en l’emprisonnant dans des coffres recouverts de châssis et de paillassons que l’on entoure de fumier de cheval frais. Les vieilles griffes défrichées peuvent donner des turions au bout de 20 jours si on les étale, à 20 centimètres de distance, sur du terreau, dans une couche chaude et sous verre.

Mettre les artichauts en hivernage. À cet effet, couper raz de terre les tiges qui ont fructifié, ainsi que l’extrémité et le pourtour des grandes feuilles, pour faire la toilette de chaque touffe. Le buttage, qui a pour objet de défendre les artichauts de la pourriture et de l’action des gels, sera retardé le plus possible. Les feuilles seront relevées et maintenues par une ligature de paille. Si la terre est argileuse, il est bon de butter les pieds avec du sable ou du mâchefer tamisé ; puis on creuse des fossés latéraux, en rejetant le déblai contre la première enveloppe protectrice. Ainsi défendus, les artichauts passeront l’hiver sans encombre, à moins que les campagnols ou les mulots ne viennent les dévorer. En cas d’invasion, faire usage des grains empoisonnés ou employer les pots vernissés à demi pleins d’eau, enfouis au niveau du sol.

Protéger par des bâches ou des paillassons les planches de haricots destinés à la production des aiguilles, pour éviter qu’ils ne soient détruits par les premières gelées. Cueillir les dernières tomates et les placer sous verre afin qu’elles achèvent de mûrir.

Relever les feuilles des cardons avec deux liens de paille pour les blanchir ; entourer de paille ceux que l’on veut conserver plus tard.

Vers la fin du mois, jeter des feuilles mortes sur les pissenlits, afin de les blanchir. On peut également les arracher pour effectuer le blanchiment en cave, ainsi qu’on le fait pour la chicorée sauvage (barbe-de-capucin) et la chicorée à café (endive witloof).

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 697