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Les groseilliers

Parmi les arbustes fruitiers qui peuvent être compris dans la plantation des terrains de qualité secondaire, le groseillier peut entrer pour une part importante.

Cet arbuste n’est pas d’une grande exigence et sa culture ne nécessite pas de grands frais d’installation. Les débouchés offerts aux fruits, tant en ce qui concerne la vente en fruits frais que la vente aux confiseries et aux industries de jus de fruits, sont nombreux et justifient bien l’extension des plantations.

Le groseillier, quoique pouvant se contenter de terrains médiocres, préfère cependant les sols relativement frais, de nature argilo-calcaire. Il redoute les terres trop perméables où il souffre parfois de la sécheresse en été, de même que les fonds glaiseux où l’eau reste stagnante.

C’est sous les climats du Centre, du Sud-Ouest et du Massif Central qu’il réussit le mieux. Cependant, on trouve des plantations de groseilliers partout en France, dans le Nord et l’Est principalement, qui ne laissent guère à désirer.

Si l’on peut choisir l’emplacement, on aura toujours avantage à préférer un terrain en pente légère vers le Midi ou le sud-ouest, où l’arbuste sera moins sensible aux intempéries à l’époque de sa floraison.

Préparation du terrain.

— Le terrain choisi pour la plantation sera défoncé dès l’automne. En général, un labour à 35 centimètres, avec sous-solage, est parfait. On en profite pour enfouir, par are de terrain, 5 à 600 kilogrammes de bon fumier de ferme, de bêtes à cornes de préférence, 4 à 5 kilogrammes de corne en copeaux, 15 kilogrammes de scories de déphosphoration et 8 kilogrammes de sylvinite riche. Ces engrais constituent la fumure de fond nécessaire à une bonne végétation pendant les trois premières années.

Choix des plants.

— On plante des boutures non racinées ou des plants déjà pourvus de racines. Quelques cultivateurs spécialistes préfèrent les boutures, prétendant que les plantes obtenues ont davantage de vigueur. Dans les terrains un peu secs, il y a lieu de préférer les plants racines, dont la reprise est plus assurée.

Les plants racinés s’achètent chez les pépiniéristes. Quand on veut avoir recours aux boutures, il est nécessaire de les sélectionner, c’est-à-dire de les prendre sur des pieds qu’on a, au préalable, marqués dans une plantation en rapport comme donnant toute satisfaction au double point de vue de la vigueur et de la fertilité. Faute de cette précaution, on s’expose à d’importantes différences de rendement, surtout si les boutures sont prises sur des pieds ayant tendance à la coulure, que l’on croirait devoir préférer à cause de leur belle végétation.

Ces boutures sont, autant que possible, prélevées en décembre-janvier, alors que la sève est bien arrêtée. Elles sont composées d’une partie de rameau de l’année précédente, de 20 à 25 centimètres de longueur, et taillées chacune au-dessus d’un œil. Préparées, elles sont aussitôt mises en bottes de 20 centimètres de diamètre et placées la tête en bas, depuis décembre-janvier jusqu’à la fin mars, dans du sable sain.

En fin mars, on les plante en pépinière, où elles vont s’enraciner et passer un an, ou bien directement en place.

Lorsqu’on désire faire enraciner des boutures en pépinière, on choisit, pour installer celles-ci, un terrain de bonne qualité, déjà meuble naturellement. De la fin mars à la mi-avril, les boutures sont plantées, en les enfonçant obliquement jusqu’à l’œil supérieur, par rangs espacés de 35 à 40 centimètres, en les distançant, sur les rangs, de 5 à 6 centimètres. Il est nécessaire de maintenir la fraîcheur, au cours de l’été, en binant, paillant et même arrosant la pépinière si la chose se révèle indispensable. Les jeunes plants obtenus sont bons à planter l’hiver suivant.

Au lieu de les faire passer par la pépinière, on peut fort bien planter directement les boutures aux endroits mêmes où l’on veut établir les touffes. En mars-avril, on y enfonce, verticalement ou un peu obliquement, jusqu’à l’œil supérieur, deux boutures espacées de 10 centimètres.

Mais on obtient une plus grande régularité dans la plantation en plantant des plants déjà pourvus de racines, que l’on a produits soi-même en pépinière ou bien que l’on a achetés chez un pépiniériste.

Plantation.

— L’emplacement des lignes étant déterminé au cordeau, on fait, à la place de chaque plant, un trou de 40 x 25 et 20 centimètres de profondeur. On remet un peu de terre dans le trou pour former un talus oblique dont le sommet se trouve du côté du cordeau.

On couche le plant obliquement sur le talus ainsi formé, en étalant les racines qui sont recouvertes de quelques centimètres de terre fine, puis d’une poignée de fumier très décomposé.

Le plant est ensuite taillé à un œil au-dessus du niveau du terrain, puis on achève de remplir le trou de plantation.

Pour une plantation un peu importante, les plants doivent être distancés de 1m,40 à 1m,50 sur des lignes espacées de 1m,60 à 2 mètres. Dans une telle plantation, les labours et les façons superficielles peuvent parfaitement être exécutés à l’aide d’instruments attelés ou de motoculteurs.

Vergers mixtes d’arbres de plein vent et de groseilliers.

— Le groseillier, qui peut fort bien fructifier à mi-ombre, s’associe parfaitement à certains arbres fruitiers de plein vent et, notamment, au prunier. Il s’accommode des mêmes engrais et des mêmes façons superficielles.

On plante alors une ligne d’arbres tous les cinq rangs de groseilliers, et, sur les lignes ainsi établies, un prunier remplace un groseillier tous les six ou sept plants.

À mesure que les pruniers prendront de l’extension, on supprimera les arbustes placés directement sous les arbres et on arrivera même, lorsque ceux-ci seront en plein rapport, à supprimer un rang de groseilliers de part et d’autre de la ligne d’arbres, dans le but de faciliter les travaux de taille, les traitements et surtout la récolte des fruits.

Variétés.

— Les variétés de groseilliers sont nombreuses et on n’a que l’embarras du choix. Mais quelques-unes sont beaucoup plus appréciées et on a intérêt à les planter plutôt que d’autres. Ce sont, parmi les groseilles blanches :

Versaillaise blanche : variété vigoureuse et fertile, de moyenne saison, à grappe longue et peu serrée ;

Hollandaise blanche : variété à maturité tardive, à gros fruit ambré et peu acidulé.

Parmi les groseilles rouges :

Hâtive de Berlin : variété de première saison, à fruit assez gros, rouge foncé, acidulé ;

Cerise rouge, à très gros fruit rouge foncé très acidulé et à maturité tardive ;

Hollandaise rouge et Versaillaise rouge, qui ont les mêmes caractéristiques que les variétés blanches de même nom.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 699