Octobre

Dès le début d’octobre, les nuits sont déjà longues et commencent sérieusement à fraîchir. En général, du 10 au 15, on peut redouter quelques gelées un peu fortes. Aussi convient-il de prendre quelques précautions si l’on veut éviter de désagréables surprises !

Dans les tout premiers jours du mois, on doit mettre en pots les boutures de géraniums faites fin août en pleine terre. Dans des godets de 8 ou 9 centimètres de diamètre, on empotera une ou plusieurs plantes déjà racinées. Lorsqu’on en met plusieurs, ce qui facilite la conservation, on les plante tout contre la paroi du pot. Le compost à employer est formé d’un tiers de terreau de fumier bien décomposé et de deux tiers de bonne terre de jardin. Les pots sont laissés dehors, dans un endroit mi-ombragé, jusque vers le 10 octobre. On les rentrera ensuite dans un local bien éclairé : serre froide, serre adossée, véranda, où les géraniums passeront d’autant mieux l’hiver qu’ils seront moins arrosés. La température ne devra cependant jamais être inférieure à +1°.

Vers la même date, on déplantera avec précaution, dans les corbeilles et les plates-bandes, les forts exemplaires de plantes vivaces non rustiques que l’on tient à conserver d’une année à l’autre : géraniums, héliotropes et fuchsias élevés sur tige, Cassia floribunda, Plumbago capensis, Abutilon Thompsoni, Lantana, etc. On supprimera aussitôt les extrémités de pousses herbacées et une partie des feuilles, ne laissant que les pétioles. On coupera également les plus longues racines, puis on empotera les plantes dans des pots plutôt un peu étroits, en utilisant un compost formé de moitié bonne terre de jardin, un quart de terreau de fumier et un quart de terre de bruyère. On donnera ensuite un bon arrosage, puis on laissera les plantes encore quelques jours dehors, dans un endroit bien exposé et abrité, avant de les rentrer dans la serre froide ou l’orangerie. À ce moment, si la température extérieure s’abaisse trop, il peut être utile de faire un peu de feu pour favoriser la reprise des plantes.

Les premières gelées un peu fortes ayant détruit les tiges des dahlias, on coupe ces tiges à 15 ou 20 centimètres du sol et on attend quelques jours avant de déplanter les souches. On choisit, pour effectuer cette déplantation, un bel après-midi ; on laisse les souches quelques heures à l’air, puis on les rentre soit dans le cellier, soit dans une cave saine où l’on pourra les conserver facilement, soit à l’air libre, soit en les enrobant dans du sable ou dans un peu de terre légère et saine.

On conservera de la même façon, en local sain et aéré où la gelée ne peut pénétrer, glaïeuls, montbrétias et bégonias tubéreux, en bulbes ou tubercules à l’état de repos.

Vers la fin du mois, on coupera les feuilles des cannas, conservant seulement les tiges et le pétiole des feuilles. Puis on déplantera les souches, en gardant autant que possible un peu de terre entre les racines, et on les apportera dans la serre tempérée, en les plaçant à proximité des tuyaux de chauffage. En les tenant au sec jusqu’en mars, époque à laquelle on les remettra en végétation sur couche, on les conservera généralement sans difficulté.

C’est encore dans les derniers jours d’octobre que l’on abritera les chrysanthèmes d’automne prêts à fleurir. Un bâti léger, construit pour la circonstance à l’aide de quelques piquets enfoncés en terre et de barres horizontales clouées sur la tête de ces piquets, formera la charpente de l’abri que l’on recouvrira avec des châssis vitrés. Lorsque le temps s’éclaircira et que le thermomètre baissera, faisant présager une gelée nocturne, on augmentera la protection en mettant sur les châssis des paillassons.

On rentrera dans l’orangerie ou dans le local en tenant lieu, dans la deuxième quinzaine du mois, les plantes susceptibles d’y passer l’hiver, mais qui ne pourraient résister en plein air. La plupart devront pouvoir s’accommoder d’une température relativement basse, et toutes dispositions seront prises pour que celle-ci ne puisse s’abaisser au-dessous de +3°. Tels sont, dans la région du Centre et la région parisienne, les populaires orangers, les Pittosporum au feuillage ondulé d’un beau vert sombre, la citronnelle (Lippia citriodora), aux grappes légères, l’Acacia dealbata, plus connu sous le nom de mimosa, l’Araucaria excelsa, joli petit sapin d’appartement à branches étagées, le caoutchouc (Ficus elastica), le Camellia du Japon, l’Eucalyptus globulus, le Dracœna indivisa, etc. Toutes ces plantes seront disposées avec soin, de façon que celles d’entre elles qui gardent leur feuillage bénéficient d’un éclairage suffisant. Les bacs et les pots seront calés de façon que la surface du sol soit horizontale pour faciliter les arrosages.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 700