Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°632 Octobre 1949  > Page 705 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

L’alimentation des jeunes dindons

À l’époque où paraîtront ces lignes, la croissance de la plupart des jeunes dindons, nés en 1949, sera assez avancée ; j’ai cependant cru devoir déférer à la demande de plusieurs correspondants en consacrant un article à la question de leur alimentation.

À la naissance, et pendant quarante-huit heures, les dindonneaux ont surtout besoin de chaleur. Au matin du troisième jour, on leur présente un jaune d’œuf finement haché ; le quatrième jour, on ajoute à celui-ci le blanc, et un ou deux des six repas est constitué par du pain rassis, finement émietté et humecté de vin sucré.

Jusqu’au dixième jour, on fera ensuite 5 distributions de nourriture en alternant les pâtées suivantes :

    1° Par tiers : pain, sang cuit, persil et oignons hachés, humectés de petit-lait.

    2° Par tiers : pain, riz cuit, orties et oignons hachés. Ajouter en plus une pincée de poudre d’os par tête.

    3° Pain et son, sang cuit, orties et oignons hachés. Ajouter une pincée de poivre par 18-20 têtes.

Pendant ces dix jours, petit millet à discrétion dans une trémie. Boisson : alterner eau pure et lait écrémé.

Du onzième au trentième jour : remplacer progressivement les œufs par du cœur ou du mou de bœuf cuit ; remplacer le millet par du petit blé, le pain par de la farine de maïs, d’orge, de riz ou d’avoine. Ajouter 2 p. 100 en poids d’huile de foie de morue aux pâtées et aciduler l’eau de boisson avec 5 grammes de sulfate de fer par litre.

À partir du deuxième mois, on peut remplacer progressivement les éléments les plus chers par des produits meilleur marché.

On peut faire entrer dans la pâtée des remoulages et repasses de blé, des farines grossières et non blutées de mais, avoine, sarrasin, orge. La verdure fraîche, toujours dans la proportion d’un tiers, peut comprendre tous les déchets du jardin hachés.

Il faut éviter le soleil les premiers jours et accoutumer doucement les jeunes à son action. Choisir un terrain sec et propre, et nettoyer souvent l’éleveuse, le parquet ou la boîte d’élevage.

Les dindonneaux traversent une période critique entre six et onze semaines, connue sous le nom de « crise du rouge », parce qu’elle correspond au rougissement des parties saillantes de la tête. Cette crise ; souvent inoffensive chez les sujets forts et bien nourris, peut présenter un caractère de réelle gravité chez les animaux déficients.

Si, à partir de cinq semaines, le troupeau paraissait manquer de vigueur, ajouter aux pâtées, pendant un mois. Et à raison d’une cuillerée à soupe par jour pour 20 dindonneaux, la composition suivante :

Gingembre 500 grammes.
Canelles de Chine 100
Gentiane 35
Anis 55
Carbonate de fer 150

Le tout en poudre et bien mélangé. Il existe aussi d’excellentes spécialités vétérinaires à cet effet.

Le sevrage s’opère entre cinq et huit semaines, de façon naturelle, mais est un peu plus délicat que chez les poulets. Des soins plus ou moins attentifs, selon la vigueur et les conditions climatériques, sont nécessaires : le jour, contre les intempéries ; la nuit, pour maintenir une température convenable dans l’éleveuse, la boîte d’élevage et ensuite le local affecté de nuit jusqu’au début du quatrième mois.

Lorsque la crise du rouge s’atténue, les dindonneaux commencent la période de transition, pendant laquelle ils s’aguerrissent pour devenir ensuite extrêmement robustes.

Pendant le troisième mois, il faudra commencer à leur faire parcourir des pacages riches en insectes et en verdure. Diminuer progressivement le nombre de repas pour arriver à un seul, copieux, le soir. Continuer à donner deux ou trois jours par semaine un peu de grain le matin et s’efforcer de maintenir une proportion de substances azotées de 13 à 25 p. 100 dans les pâtées. Enfin, si les pâturages étaient trop secs, il serait utile de distribuer abondamment de la verdure hachée.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°632 Octobre 1949 Page 705