À l’époque où paraîtront ces lignes, la croissance de la
plupart des jeunes dindons, nés en 1949, sera assez avancée ; j’ai
cependant cru devoir déférer à la demande de plusieurs correspondants en
consacrant un article à la question de leur alimentation.
À la naissance, et pendant quarante-huit heures, les
dindonneaux ont surtout besoin de chaleur. Au matin du troisième jour, on leur
présente un jaune d’œuf finement haché ; le quatrième jour, on ajoute à
celui-ci le blanc, et un ou deux des six repas est constitué par du pain
rassis, finement émietté et humecté de vin sucré.
Jusqu’au dixième jour, on fera ensuite 5 distributions
de nourriture en alternant les pâtées suivantes :
1° Par tiers : pain, sang cuit, persil et oignons
hachés, humectés de petit-lait.
2° Par tiers : pain, riz cuit, orties et oignons
hachés. Ajouter en plus une pincée de poudre d’os par tête.
3° Pain et son, sang cuit, orties et oignons hachés. Ajouter
une pincée de poivre par 18-20 têtes.
Pendant ces dix jours, petit millet à discrétion dans une
trémie. Boisson : alterner eau pure et lait écrémé.
Du onzième au trentième jour : remplacer
progressivement les œufs par du cœur ou du mou de bœuf cuit ; remplacer le
millet par du petit blé, le pain par de la farine de maïs, d’orge, de riz ou d’avoine.
Ajouter 2 p. 100 en poids d’huile de foie de morue aux pâtées et aciduler
l’eau de boisson avec 5 grammes de sulfate de fer par litre.
À partir du deuxième mois, on peut remplacer progressivement
les éléments les plus chers par des produits meilleur marché.
On peut faire entrer dans la pâtée des remoulages et
repasses de blé, des farines grossières et non blutées de mais, avoine,
sarrasin, orge. La verdure fraîche, toujours dans la proportion d’un tiers,
peut comprendre tous les déchets du jardin hachés.
Il faut éviter le soleil les premiers jours et accoutumer
doucement les jeunes à son action. Choisir un terrain sec et propre, et
nettoyer souvent l’éleveuse, le parquet ou la boîte d’élevage.
Les dindonneaux traversent une période critique entre six et
onze semaines, connue sous le nom de « crise du rouge », parce
qu’elle correspond au rougissement des parties saillantes de la tête. Cette
crise ; souvent inoffensive chez les sujets forts et bien nourris, peut
présenter un caractère de réelle gravité chez les animaux déficients.
Si, à partir de cinq semaines, le troupeau paraissait
manquer de vigueur, ajouter aux pâtées, pendant un mois. Et à raison d’une
cuillerée à soupe par jour pour 20 dindonneaux, la composition
suivante :
Gingembre |
500 |
grammes. |
Canelles de Chine |
100 |
— |
Gentiane |
35 |
— |
Anis |
55 |
— |
Carbonate de fer |
150 |
— |
Le tout en poudre et bien mélangé. Il existe aussi
d’excellentes spécialités vétérinaires à cet effet.
Le sevrage s’opère entre cinq et huit semaines, de façon
naturelle, mais est un peu plus délicat que chez les poulets. Des soins plus ou
moins attentifs, selon la vigueur et les conditions climatériques, sont
nécessaires : le jour, contre les intempéries ; la nuit, pour
maintenir une température convenable dans l’éleveuse, la boîte d’élevage et
ensuite le local affecté de nuit jusqu’au début du quatrième mois.
Lorsque la crise du rouge s’atténue, les dindonneaux
commencent la période de transition, pendant laquelle ils s’aguerrissent pour
devenir ensuite extrêmement robustes.
Pendant le troisième mois, il faudra commencer à leur faire
parcourir des pacages riches en insectes et en verdure. Diminuer
progressivement le nombre de repas pour arriver à un seul, copieux, le soir.
Continuer à donner deux ou trois jours par semaine un peu de grain le matin et
s’efforcer de maintenir une proportion de substances azotées de 13 à 25
p. 100 dans les pâtées. Enfin, si les pâturages étaient trop secs, il
serait utile de distribuer abondamment de la verdure hachée.
R. GARETTA.
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