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Le golden retriever

Les Golden sont actuellement en Angleterre, en Amérique et en France les plus appréciés des retrievers. Leur vogue est due à leur nez d’une incomparable puissance, à leur caractère agréable et gai, à leur intelligence, au désir qu’ils expriment sans cesse de plaire à leur maître, et à leur élégance.

Ils sont des compagnons parfaits, fidèles et propres. En Angleterre, aux États-Unis et aussi en France ils ont toujours dominé sur le terrain toutes les autres races jusqu’à ce jour. Il n’a existé en Europe que trois retrievers (toutes races comprises) ayant obtenu le titre de « champion international » ; ces trois chiens — champion international Bouton-d’Or, champion international Yellow Boy de Saint-Jean-du-Bois et champion international Ibis d’Oursières — étaient tous des Golden et appartenaient au chenil de Saint-Jean-du-Bois.

Les origines européennes de ces admirables chiens remontent à 1858, Cette année-là, Mr. Dudley Marjoribank, qui devint dans la suite Lord Tweedmouth, remarqua dans un cirque à Brighton un lot de chiens jaune clair qui, présentés par un dresseur russe, accomplissaient de difficiles et savants exercices ; impressionné par la beauté, l’adresse et l’intelligence de ces chiens, il voulut en acheter un couple. Le Russe refusa de les vendre, déclarant qu’il ne pouvait se séparer de deux chiens, car il était habitué à travailler avec l’équipe entière. Sir Dudley acheta donc tout le lot composé de huit chiens. Appelés d’abord Russian Trackers, ces chiens étaient employés à garder les troupeaux dans les montagnes du Caucase où ils supportaient admirablement les rigueurs des durs hivers ; leur intelligence était telle que l’on prétend que les bergers, au début des grands froids, leur construisaient de bons abris, leur livraient une grande quantité de nourriture, rentraient chez eux et, au début du printemps, retrouvaient leur troupeau tel qu’ils l’avaient laissé.

En Angleterre, ils devinrent les « Russian yellow retrievers », car, transportés dans la deer forest que possédait Sir Marjoribank dans l’Invernesshire, ils se firent rapidement remarquer par leur habileté à retrouver le gibier blessé. On les apprécia tellement que la famille de Sir Marjoribank décida de les conserver pour elle seule, aussi furent-ils élevés dans son chenil et dans celui de son neveu Lord Ilchester. Jamais on ne donna des chiennes à des étrangers, et les quelques rares privilégiés auxquels on offrit des mâles les prisèrent fort. On ne les croisa avec aucune autre race et ils étaient connus comme « race de retrievers jaunes russes de Marjoribank ».

Les huit chiens importés ayant différentes origines, les inconvénients de la consanguinité se firent peu sentir ; cependant, en 1880, Lord Tweedmouth décida, pour renouveler le sang, d’obtenir des sujets en Russie ; il lui fut répondu qu’ils y étaient inconnus, ce qui prouve bien qu’ils venaient de Russie d’Asie. Il se résigna donc, faute de sang frais du pays d’origine, à un croisement avec un chien Bloodhound jaune. Ce croisement, qui, dit-on, fut le seul, diminua la taille et le poids (les Trakers russes étaient de très grands chiens, de couleur jaune clair, pesant plus de 45 kg.), rendit le poil plus soyeux et fonça la couleur.

Le Golden retriever était créé !

M. Louis Tabourier, le très regretté président du Retriever-Club de France, a reçu en 1930, du Golden Retriever-Club d’Angleterre, une lettre qui disait :

« Quoi que vous fassiez, vous trouverez des retours à l’ancien type, le Poer Trench et Lord Ilchester, et dans la plupart des portées. Ce serait du reste une grande erreur que d’essayer de supprimer ces retours en arrière, car le vieux courant du sang est celui qui est plein de vitalité. Il est donc inestimable pour garder la rusticité de la race. Dans toutes les portées de Golden, vous trouverez des chiens de couleur claire, d’aucuns plus foncés, d’autres à demi dorés.

» Pourvu qu’un chien ne soit pas rouge comme un Setter irlandais, il n’est d’aucune importance qu’il soit dans une autre gradation des couleurs admises. »

Il est certain que ces chiens ont, au point de vue sportif, trois grands avantages : d’abord leur rusticité et leur résistance à toutes les intempéries, ensuite leur amour de l’eau (qui frappe même parmi les retrievers dont toutes les variétés ont pourtant le même goût) et enfin leur couleur, immense avantage sur les variétés noires ; elle ne fait pas banderole en battue et est précieuse à la chasse à la sauvagine.

Ayant beaucoup de mémoire, ce bon chien n’oublie jamais une leçon et, de ce fait, est doué d’un excellent « marking ».

Il est enfin un meilleur nez que n’importe quelle espèce de chien, qualité primordiale qu’il doit au Bloodhound dont il descend.

Les principaux éleveurs ayant contribué à sélectionner cette merveilleuse race sont :

    En Angleterre : Mrs. Charlesworth Orchard, the Hon. Mrs. R. M. Grigg, the Lady Ursula Abbey, Mrs. Evers Swindell, le Lt. Col. the Hon. D. Carnegie, R. Lawrence Kirk Esq., etc. ...
    En Amérique : Mr. Paul Bakewell, Mr. Théo A. Rehm, Mrs. Gw. Mackay.
    En France : M. A.-M. Wertheimer, la vicomtesse de Quénétain, la comtesse d’Orglandes et « votre serviteur » !

J. DE BONVOULOIR.

Le Chasseur Français N°633 Novembre 1949 Page 733