Le nombre des variétés de pommiers est très considérable.
Chaque région possède, en effet, des variétés locales. En général, ces
variétés, dites « à deux fins », peuvent être utilisées pour la table
en année de faible production et pour la fabrication du cidre en année de
grande abondance.
Quelques-unes de ces variétés à deux fins sont très
anciennes et se cultivent exclusivement en plein vent. Telles sont :
Châtaignier, Court-Pendu, Gendreville, Locard, etc. Il est assez difficile de
les recommander partout, car un fruit qui réussit dans une région ne donne pas
forcément d’aussi bons résultats dans une autre.
Il faut donc, dans une large mesure, tenir compte de
l’expérience acquise dans chaque région et planter, comme pommes à deux fins,
celles qui réussissent bien dans le pays.
Quant aux pommes de table proprement dites, elles sont aussi
très nombreuses. Il n’y a cependant pas lieu d’en retenir un grand nombre.
Elles se ressemblent, en effet, plus que les poires au point de vue de la forme
et des autres caractères. Il y a également de moindres différences dans les
époques de maturité, la plupart étant tardives et leur lente maturation
prolongeant beaucoup leur période de consommation.
Voici, dans l’ordre de leur consommation, les variétés
d’hiver qui nous paraissent, chacune à titre particulier, avoir leur place dans
la plupart de nos vergers.
Reine des reinettes.
— Fruit assez gros, odorant, globuleux, plus ou moins
aplati et à contour régulier.
Peau d’un beau jaune à complète maturité, abondamment lavée
de rouge orangé à l’insolation.
Chair d’un blanc jaunâtre, ferme, un peu cassante, sucrée,
parfumée, un peu acidulée, de très bonne qualité.
Ce fruit mûrit successivement d’octobre à mars, ce qui est
précieux pour la consommation familiale.
L’arbre est vigoureux, très fertile, et peut se cultiver
aussi bien sous formes taillées qu’en plein vent. Il est à port dressé.
Gros Locard.
— Fruit gros, à peau luisante, unicolore, jaune pâle à
l’ombre, plus foncé à l’insolation, à chair blanche, mi-fine, tendre, sucrée,
un peu acidulée, assez bon cru, excellent cuit, mûr de novembre à février.
L’arbre est de bonne vigueur, se plaît particulièrement dans
le Centre, où il est de fertilité abondante. Malgré sa qualité assez courante,
il est avantageux à cultiver.
Reinette Baumann.
— Fruit assez gros, à peu près régulièrement sphérique
ou un peu aplati aux pôles, à peau jaune orangé, presque entièrement recouverte
de rouge carmin et parfois un peu réticulée de gris.
Chair blanc jaunâtre, assez fine, sucrée, acidulée, de bonne
qualité.
Cette pomme mûrit de novembre à mars.
L’arbre est assez vigoureux, de fertilité très grande,
souvent même excessive, et se recommande pour la culture de plein vent.
Reinette de Caux.
— Fruit assez gros, régulièrement globuleux, un peu
plus large que haut, à peau fine, verdâtre, devenant jaune à maturité, striée
en long et lavée de rouge sombre du côté du soleil, à chair jaunâtre, fine,
croquante, sucrée, bien parfumée, acidulée et juteuse, de très bonne
qualité ; mûr de janvier à mai.
L’arbre est vigoureux, fertile, réussit très bien en haute
tige, ce qui n’empêche pas d’en faire aussi des formes taillées.
Belle de Boskoop.
— Gros fruit, rappelant un peu la Reinette blanche du
Canada, à peau jaune-citron marbrée de roux, à chair fine, assez ferme, juteuse,
sucrée, acidulée et parfumée, bon ou très bon, mûr de décembre à février.
Arbre bien vigoureux et assez fertile, peu ou pas attaqué
par le chancre.
Reinette grise du Canada.
— Fruit souvent très gros, irrégulièrement globuleux,
très large à la base, à peau terne, rude, de couleur verte prenant plus tard
une teinte uniforme, gris fauve, qui le différencie assez nettement.
L’arbre, vigoureux et fertile, est assez rustique ; en
particulier, il est moins sujet au chancre que la Reinette blanche du Canada et
trouve ainsi plus facilement sa place dans les plantations de plein vent.
Reinette grise de Saintonge.
— Fruit moyen ou assez gros, tantôt globuleux, tantôt
un peu allongé et tronconique, à peau mate, grisâtre ou roussâtre, un peu
rougeâtre à l’insolation, à chair jaunâtre, ferme, sucrée, acidulée, bien
juteuse et parfumée, de très bonne qualité, mûr de janvier à mai.
L’arbre est de moyenne vigueur, assez fertile, et se prête à
tous les genres de culture. On rencontre cette variété partout, mais principalement
dans le Sud-Ouest de la France. Elle est à même de réussir également sous les
climats sains.
Reinette du Mans.
— Synonyme : jaune. Fruit moyen, assez
régulièrement globuleux, un peu déprimé aux pôles, à peau lisse, vert herbacé,
devenant jaune-paille à complète maturité, avec de nombreuses ponctuations
fauves.
Chair blanc jaunâtre, croquante, sucrée, acidulée, un peu
parfumée.
Qualité bonne.
Arbre de bonne vigueur, très fertile et rustique, cependant
un peu sensible au chancre. Fruit très remarquable par sa facile et longue
conservation, extrêmement apprécié sur le marché de Paris, où il s’expédie
pendant quatre ou cinq mois.
À ces variétés « nationales », il conviendrait
d’adjoindre quelques variétés récemment introduites d’Amérique et qui se propagent
actuellement dans nos vergers. Dans un article paru dans Le Chasseur
Français d’avril dernier, nous en avons indiqué quelques-unes des
meilleures.
E. DELPLACE.
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