Bien qu’originaire de régions relativement chaudes, l’ail
n’en présente pas moins une résistance suffisante au froid pour permettre d’en
effectuer la plantation en pleine terre en automne dans la plupart des régions
de France.
Toutefois, pour être assuré du succès de cette
culture, il y aura lieu de choisir un terrain léger, perméable et bien exposé.
Les terres compactes et froides lui sont, particulièrement ici, absolument
contraires, quelle que soit leur situation.
D’autre part, l’emplacement réservé à la plantation de l’ail
devra, autant que possible, ne pas avoir reçu de fumure organique depuis au
moins un an, les matières en voie de décomposition prédisposant les bulbes à la
pourriture. Les engrais phosphatés et potassiques ont, par contre, une action
très favorable sur le développement de l’ail ; il y aura par conséquent
toujours avantage à incorporer au sol quinze jours à trois semaines avant de
planter : 4 kilos de scories de déphosphoration et 1kg,500
de sulfate de potasse ou de chlorure de potassium à l’are.
Suivant la région, les variétés utilisées à cette époque
sont très différentes. C’est ainsi que, dans le Midi, on a surtout recours à l’ail
Rocambole et à l’ail d’Orient, pendant que, dans le Centre et le
Nord, c’est l’ail rose ou, à défaut, l’ail commun qui sont
employés.
Culture.
— La plantation de l’ail en automne, dans les régions
méridionales comme dans celles du Nord, a lieu fin octobre, début novembre.
Seules les gousses de la périphérie des têtes seront utilisées, celles de la partie
centrale étant plus sujettes à la pourriture.
Les gousses ainsi choisies devront être disposées à 15 centimètres
d’écartement sur des lignes distantes de 20 centimètres. Elles seront très
peu enterrées : 1 centimètre dans les sols un peu compacts ou un peu
frais, 2 à 3 centimètres dans les terres saines et légères.
Dans les climats où de fortes gelées sont à redouter, une
sage précaution consiste pendant la période des grands froids à recouvrir la
plantation d’une mince couche de longue paille. Cet écran provisoire a comme
effet de modérer l’action des brusques alternatives de gels et de dégels qui
désorganisent les tissus constitutifs des plantes et entraînent leur
disparition.
Dès la fin de l’hiver, s’il y a lieu, la paille sera
enlevée, mais, dans tous les cas, un bon binage sera nécessaire. D’autres
pourront d’ailleurs être pratiqués en cas de nécessité durant le cours de la
végétation.
Une coutume très répandue en France n’est autre que le liage
des tiges des ails lorsque celles-ci ont atteint un certain développement, et
cela sous prétexte de favoriser le grossissement des bulbes. Cette manière de
faire, si elle accélère la maturité de ceux-ci, a comme inconvénient de nuire à
leur développement. Mieux vaut donc laisser les plantes arriver naturellement à
leur complète maturité, ce qui se manifeste par le flétrissement et le
ramollissement des feuilles et des tiges qui se couchent sur le sol.
En général, la récolte des ails provenant des plantations
d’automne a lieu fin juin, début de juillet. Après l’arrachage, on laisse les
bulbes se ressuyer pendant quelques jours, puis on les met en bottes ou en
chaînes, que l’on suspend dans un local sain et aéré. En moyenne, on récolte de
50 à 80 kilos de bulbes à l’are.
Ennemis.
— Parmi les ennemis qui occasionnent le plus de dégâts
dans les cultures d’ail, nous devons signaler :
LA TEIGNE DE L’AIL.
— La larve de ce petit papillon est une minuscule
chenille qui dévore les feuilles et les tiges des plantes ; elle attaque
même parfois les bulbes.
Traitement : couper et brûler les feuilles dès
l’apparition du mal.
L’ANTHOMIE DE L’OIGNON.
— Dont les larves blanchâtres rongent l’intérieur des
bulbes qui ne tardent pas à pourrir.
Traitement : arracher et brûler les pieds
attaqués. Cesser la culture de l’ail, de l’oignon et de l’échalote pendant
trois à quatre ans sur le sol infesté.
Le BRACHYCERUS ALGERIUS
— C’est un gros charançon d’un gris terreux qui
pond à l’intérieur des feuilles. Les larves creusent des galeries jusqu’au
bulbe qui se décompose.
Traitement : même traitement que dans le cas
précédent.
Maladies.
La ROUILLE.
— Elle détermine des taches jaunes sur les feuilles qui
se dessèchent.
Traitement : pratiquer préventivement des
pulvérisations à la bouillie bordelaise.
La POURRITURE ou GRAISSE.
— Elle provoque le jaunissement des feuilles et la
pourriture des bulbes.
Traitement : n’utiliser comme plant que des
gousses parfaitement saines. Arracher et brûler les plantes malades. Éviter
d’utiliser des fumures organiques non décomposées. Pratiquer toujours la
plantation sur terrain sain et perméable.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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