La flore sauvage.
— Parmi les plantes sauvages qui croissent dans les
bois, les prés, les landes, les champs et les jardins, on ne connaît guère les
services qu’ils peuvent rendre, en année de pénurie légumière, pour combler le
déficit de la culture potagère.
Certaines de ces plantes, outre leur valeur nutritive
réelle, possèdent des propriétés médicinales qui ne sont pas à dédaigner,
notamment contre les maladies imputables à des vices du sang, et par leur
apport de vitamines.
Cette flore sauvage, à laquelle on peut reprocher le faible
développement, pourrait être améliorée par la sélection, ainsi qu’on l’a fait
par la culture pour les légumes courants, dans le but d’augmenter les
rendements foliacés, racineux ou tubéreux.
Parmi les herbes pouvant être consommées en salade, ou
accommodées comme les épinards, on cite l’ache, la barbarée vulgaire, la bourse
à pasteur, la cardamine des prés, l’épilobe, la ficaire, le laitron, le lamier
blanc, la lampsane, la mauve, la moutarde des champs, l’ortie, l’oseille
sauvage, l’oxalide, la porcelle, etc.
D’autres plantes, dont les racines sont comestibles,
s’accommodent comme les salsifis, notamment la bardane, la consoude, la gesse,
la capucine et le fenouil tubéreux, le raifort, la raiponce, etc.
Certaines d’entre elles, telles que le chervis, le crosne,
l’énothère, l’igname de Chine, la patate, le pe-tsaï, le scolyme d’Espagne,
etc., dont la culture est encore peu répandue, commencent néanmoins à prendre
place dans les potagers.
Chervis.
— Ombellifère vivace et rustique, dont la racine
est en forme de fuseau, longue de 15 à 20 centimètres, s’accommodant comme la
carotte, mais en ayant soin d’éliminer le cœur, souvent filandreux.
Pour obtenir des racines tendres, riches en fécule et en
sucre, le chervis sera cultivé en terrain riche, meuble et profond, en évitant
les fumiers pailleux.
La multiplication se fait par graines, en lignes distantes
de 25 centimètres. Biner et arroser pour activer la levée. Éclaircir à
l’espacement de 12 à 15 centimètres. On récolte à l’arrière-saison et en hiver
si on a soin de recouvrir le sol de paillis pour empêcher la terre de geler. Le
rendement à l’are varie entre 50 et 100 kilogrammes.
Crosne.
— Plante rhizomateuse produisant de nombreux tubercules
de forme bossuée, riches en amidon, qui s’apprêtent comme la pomme de terre,
après lavage.
Le crosne se reproduit par plantation de tubercules, à
raison de trois par poquet, à la distance de 30 centimètres sur des lignes
espacées de 50 centimètres, à la profondeur de 15 centimètres au moins. Le
terrain ayant été labouré et fumé, on plante les semenceaux en avril et, en
cours de saison, on donne les binages nécessaires pour maintenir le sol net de
mauvaises herbes et empêcher la formation des crevasses. Le buttage final a
lieu en août. On récolte en novembre et pendant tout l’hiver, au fur et à
mesure des besoins, les tubercules s’altérant vite au contact de l’air.
L’arrachage doit être complet si on ne veut pas avoir des repousses au
printemps.
Énothère.
— Plante bisannuelle, originaire du Pérou, végétant
comme le scorsonère et se cultivant de la même manière. Pour obtenir des
racines bien développées, régulières et savoureuses, on réservera à l’énothère
un carré riche en vieille graisse, meuble et non pierreux.
La graine, distribuée dans de petits sillons ouverts à la
pointe de la serfouette, à l’écartement de 25 centimètres, est recouverte de
terreau et l’on donne de fréquents arrosages pour activer la levée. La récolte
a lieu à partir de novembre et pendant tout l’hiver. On peut obtenir des
salades tendres par le blanchiment du feuillage en cave, comme avec l’endive
witloof.
Igname de Chine.
— Plante volubile, analogue au liseron des haies,
produisant des racines charnues, en forme de massue, étranglées au sommet, à la
chair fine, savoureuse et riche en fécule. L’igname s’accommode de la même
façon que la pomme de terre.
Dans les bonnes terres, son rendement peut dépasser 300
kilogrammes à l’are. C’est donc un légume très intéressant.
Sa multiplication se fait de différentes manières,
généralement par fragments de racine ou rondelles, épaisses de 3 centimètres,
prélevées dans la partie supérieure, la plus étroite.
Les boutures sont distribuées dans des buttes rayonnées,
espacées de 50 centimètres et à 40 centimètres sur les lignes. Ce mode de
plantation rend l’arrachage plus facile. Pour soutenir les tiges grimpantes, on
pose des rames comme pour les petits pois.
En petite culture, pour gagner du temps, le bouturage se
fait sous couche tiède, dans des godets de 10 centimètres, vers le mois de
mars. La mise en place a lieu lorsque les plants ont 20 à 25 centimètres de
long.
Patate douce.
— Plante très ramifiée, de la même famille que le
liseron, produisant des tubercules farineux dont le poids peut dépasser 2 kilogrammes.
Ses tubercules ont une saveur qui se rapproche de celle de la châtaigne. On
peut les accommoder en bouillie, au four, en purée, frits, etc.
La patate se multiplie par plantation de boutures ou de
tubercules. C’est ce dernier mode le plus fréquemment adopté. Mais, comme ce
légume ne vient vraiment bien en pleine terre que dans les pays chauds, on ne
le cultive guère en France que sur couches chaudes ou tièdes fortement chargées
en terreau. Dans un cas comme dans l’autre, on plante 4 tubercules par châssis
maraîcher, sur couche chaude, vers la mi-février et, sur couche tiède, en
mars-avril.
On prend les tubercules suffisamment développés au fur et à
mesure des besoins en fouillant sous les pieds, mais il ne faut pas les
récolter d’avance, parce qu’ils s’altèrent rapidement à l’air.
Adonis LEGUME.
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