L’endive (ou witloof) est une sorte de chicorée à
grosse racine, dont la race la meilleure est dite « de
Bruxelles » ; elle est caractérisée par un collet très large et des
feuilles amples, incurvées en forme de cuiller et à port redressé. On sème vers
la mi-mai et jusqu’en juin, en lignes espacées de 30 centimètres. Quand
les plantes ont de 3 à 4 feuilles, on les éclaircit, en les écartant de 20 centimètres
les unes des autres ; à ce moment, on prend soin d’éliminer celles dont
les feuilles sont étalées sur le sol ou dentelées sur les bords. Par la suite,
comme soins d’entretien, on donne des sarclages et quelques binages.
L’arrachage s’effectue en automne, par lots, en vue de l’étiolage.
Comme chacun sait, ce dernier consiste à priver la
plante de lumière, de façon que « la chlorophylle » ou matière verte
des feuilles disparaisse. Il en résulte un blanchiment de ces dernières, qui
deviennent tendres et se prêtent plus facilement à la consommation.
C’est en octobre, ou en novembre, que l’on arrache les
endives. On laisse les racines se ressuyer sur le sol pendant un ou deux jours,
puis on coupe les feuilles à 2 centimètres au-dessus du collet et on
dispose les racines dans une jauge ouverte le long d’un mur, au nord. Ceci
permet à la végétation de s’arrêter, mais, comme il faut redouter les gelées,
on recouvre le tout de terre, voire de feuilles sèches ou de paille, tout en
veillant à l’humidité lorsque les hivers sont par trop pluvieux.
L’étiolage peut se faire en plein air ou en cave. Dans le
premier cas, on choisit un endroit sec du jardin, on ouvre une tranchée d’un
mètre de large et d’une profondeur de 30 à 35 centimètres. On habille les
racines en coupant leur extrémité de façon à leur conserver de 25 à 30 centimètres
de longueur. Puis au fond de la tranchée on répand une couche de terreau ou de
terre fine sur 10 centimètres d’épaisseur, et on dispose les racines
verticalement en lignes espacées de 5 à 6 centimètres, chaque racine étant
à 3 ou 4 centimètres de ses voisines. On arrose lorsque ce repiquage est
terminé, puis on comble la tranchée avec 30 ou 40 centimètres de terre
tamisée ou avec du sable ou du terreau. Les collets des racines se trouvent
ainsi à 25 ou 30 centimètres de la surface du sol et c’est précisément au
travers de cette épaisseur que les feuilles se développeront et s’étioleront.
On peut également surcharger le tout d’une couche de fumier
frais de 25 à 30 centimètres d’épaisseur, fumier que l’on humecte et tasse
convenablement pour obtenir une bonne fermentation.
Ainsi chauffées, les endives se développent rapidement et la
récolte peut en être faite au bout de trois à quatre semaines, suivant que la
température extérieure est plus ou moins élevée.
Lorsque l’on dispose d’une cave saine et bien obscure, où la
température est d’au moins 10°, on dispose une couche de terre fine sur le sol
et l’on repique les racines comme il a été dit ci-dessus, verticalement et en
lignes. Puis on recouvre le tout de terre légère, sur 20 à 25 centimètres
d’épaisseur au-dessus des collets, et l’on arrose légèrement. L’entrée en
végétation des racines est assez rapide et les pommes se forment exactement
comme dans le cas précédent. Lorsqu’on ne dispose pas de cave, on peut
également obtenir des endives dans des caisses. Celles-ci doivent avoir de 50 à
60 centimètres de profondeur ; on place les racines au fond, debout,
et l’on emplit alors de terre fine, que l’on arrose. Si l’on a soin de placer
les caisses dans un endroit où la température est assez élevée, on pourra
commencer la récolte un mois à un mois et demi plus tard.
Enfin, en laissant les endives sur place, on peut, avec une
simple couverture de terre, obtenir également des pommes blanchies, mais plus
tardivement.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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