En langage de paysagiste, on désigne sous le nom de
« groupe » une association de quelques plantes ou arbres d’agrément,
assez distants les uns des autres pour que chacun conserve sa valeur propre et
qu’en particulier ses contours se dessinent avec une parfaite netteté.
Ce dessin de la silhouette des végétaux formant le groupe,
ou du groupe tout entier, dépend de la façon dont on associe les espèces
composantes.
Ainsi, des arbres à feuillage foncé (pins noirs d’Autriche,
hêtres pourpres, chênes d’Amérique), placés en avant d’arbres à feuillage plus
clair (cèdres ou abies glauques, bouleaux blancs, negundos panachés, saules
divers), se détachent nettement sur le fond clair et semblent plus sveltes
qu’ils ne sont en réalité.
Par contre, si les arbres du premier plan sont à feuillage
clair et ceux du fond à feuillage plus sombre, les premiers paraissent plus
massifs, plus trapus que nature.
Ce qu’on peut exprimer plus simplement en disant que
les fonds sombres mettent en valeur les couleurs, tandis que les fonds clairs
font valoir les contours des objets qui se détachent sur eux.
En dépit de cette considération, qui a cependant sa valeur,
on se borne généralement à établir des groupes homogènes, c’est-à-dire composés
d’espèces semblables à port pittoresque. C’est ainsi que quelques tilleuls
argentés, quelques cèdres du Liban, quelques hêtres pourpres produisent,
groupés entre eux dans une grande propriété, beaucoup plus d’effet que des
groupes d’arbres variés et assez dissemblables.
Les groupes ont leur place naturelle entre le fond des
vallonnements et les massifs garnissant les points culminants. Ils sont plus
proches de ces derniers dont ils sont considérés comme se détachant
(fig. 1). Ils peuvent aussi remplacer les massifs dans les jardins de faible
étendue. On les place également au bord des eaux en ayant soin, dans tous les
cas, de laisser dégagées les lignes de vue.
Les associations par trois ou par cinq sont adoptées de
préférence parce que plus faciles à disposer. On peut cependant faire des
groupes de quatre unités, des groupes de sept également. Mais il faut planter
les arbres formant chaque groupe de telle façon qu’il ne soit pas possible au
promeneur d’en apercevoir trois sur une même ligne, quel que soit l’endroit
d’où il regarde l’ensemble (fig. 2).
On doit rejeter comme inesthétiques les groupements
en quinconce, en carré, en losange et même en triangle équilatéral.
Le caractère pittoresque est encore accentué lorsque les
arbres sont inégalement distants. Dans ce cas, un seul d’entre eux peut dominer
les autres et s’en distinguer par un port très différent.
Il convient de tenir compte, lors de la plantation d’un
groupe d’arbres, des dimensions que sont capables de prendre, dans l’avenir,
les végétaux qui forment ce groupe. C’est une considération bien trop souvent
perdue de vue par certains amateurs, voire par quelques professionnels ! ...
Au bout de quelques années, on se rend compte de l’erreur commise : plus
de silhouette, plus de forme ; les arbres voisins se joignent, ne forment
plus qu’une masse confuse ...
Se décide-t-on à en supprimer, toujours trop tardivement
d’ailleurs, un sur deux ? Ceux qui restent sont déformés et ne se refont
que lentement. S’il s’agit de résineux, le mal est souvent sans remède, la base
étant dénudée et impossible à rétablir par la suite.
La meilleure façon de déterminer les distances de plantation
des arbres formant un groupe consiste dans la mesure prise, sur des sujets
adultes de même espèce, du diamètre de la ramure de ceux-ci. Dix, douze, quinze
mètres et plus sont des diamètres courants pour le chêne, le sapin de Douglas,
le thuya de Lobb et bien d’autres arbres de première grandeur, tandis qu’on
trouvera six à sept mètres pour le prunier de Pissard, le negundo panaché,
l’épine rose double et la plupart des autres arbres de deuxième grandeur. C’est
dire que les premiers, utilisables pour former des groupes dans un parc de
grandes dimensions, devront souvent céder la place aux seconds dans une
propriété de moindre importance.
E. DELPLACE.
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