Les sports dans lesquels la France se classe en première
position ne sont pas tellement nombreux et nous sommes heureux de parler
aujourd'hui d'un sport peu connu du public, bien moins de la presse — il ne
compte aucun professionnel — dans lequel nos représentants ont remporté
plusieurs titres mondiaux en 1949.
D'abord, qu'est-ce qu'un slalom nautique ?
À l'instar de la course à ski du même nom, et établi suivant
les mêmes principes, le slalom nautique est une épreuve apte à mettre en valeur
non seulement la vitesse, mais surtout les qualités d'évolution et de manœuvre
des concurrents.
Les kayaks et principalement les canoës de rivière sportive
n'étant pas des bateaux conçus pour la course, mais spécialement étudiés pour permettre
les évolutions faciles et rapides, c'est la forme de compétition qui leur
convient le mieux, mettant en évidence à la fois les qualités du bateau et
l'habileté de l'équipage.
On comprendra aisément que l'entraînement au slalom soit une
excellente préparation à la descente des rapides.
Pour tracer un slalom, il faut disposer d'un plan d'eau
agitée avec fort courant, vagues et contre-courants, conditions que l'on
rencontre généralement en aval d'un barrage dont les vannes permettent de
régler le débit d'eau le jour de l'épreuve. Aux obstacles naturels :
berges, piles de pont, etc. ..., on ajoute, comme pour le ski, des « portes »
numérotées qui indiquent le parcours aux concurrents et les obligent à toutes
sortes de manœuvres : virages, remontées, traversées du courant principal,
etc. ...
Des câbles tendus au-dessus du bassin supportent des perches
qui constituent les portes. Certaines fautes sont pénalisées, d'autres, le
dessalage par exemple, éliminent le concurrent malchanceux. Le temps mis à
effectuer le parcours est converti en un certain nombre de points auxquels
s'ajoutent les pénalités pour obtenir le classement.
Championnats de France.
— Les championnats de France de 1949 se déroulèrent les
21 et 22 mai au barrage de Trilbardou sur la Marne. Le parcours que nous
reproduisons ici était remarquablement bien tracé, exigeant des manœuvres
précises et une connaissance parfaite de l'équilibre et des possibilités du
canoë ou du kayak.
Les concurrents devaient effectuer deux fois le parcours, la
meilleure des deux manches étant seule retenue pour le classement.
Tant pour les initiés que pour les profanes, cette épreuve,
avec ses cinquante-huit participants répartis en plusieurs catégories, fut très
spectaculaire, et le fait que plus de la moitié des concurrents, canoéistes de
valeur précédemment sélectionnés, se soient dessalés au cours de la première
manche situe l'importance des difficultés à vaincre.
Précisons que, pour ce genre de compétition, le port de la
ceinture de sauvetage est obligatoire et qu'un service de sécurité se portait
immédiatement à l'aide des naufragés.
À l'issue de ces championnats, une sélection des meilleures
équipes fut désignée pour défendre nos couleurs aux championnats du monde.
Championnats du monde.
— Avant de se rendre à Genève, où devaient avoir lieu
les championnats du monde de slalom, les 30 et 31 juillet 1949, nos équipes
furent envoyées en stage au bord de l'Isère pendant une semaine, par la
Fédération française de Canoë.
À la suite de ce stage et d'un entraînement méthodique sur
des eaux particulièrement agitées, l'équipe de France se présentait dans les
meilleures conditions possibles pour défendre nos couleurs sur le plan
international.
Si en kayak nos représentants devaient s'incliner, malgré un
classement très honorable, devant les Autrichiens et les Suisses, la France
remportait par contre les premières places en canoë avec les résultats suivants :
Canoë-bi : 1ère, 2e et 5e
places.
Canoë-solo : 1ère et 2e places.
Au classement par nations, la France était donc première
dans les deux catégories.
Ces épreuves, disputées dans le cadre des Jeux de Genève,
devant un nombreux public et sur un parcours très difficile, aux vagues
énormes, permirent à nos représentants de prouver la supériorité du style
français et la grande maniabilité de nos embarcations.
Nous avons insisté sur ces championnats, non seulement pour
mettre en évidence une belle victoire française, mais aussi pour souligner
l'utilité du slalom, en tant que préparation aux croisières sportives.
Nous avons dit que notre style, en ce qui concerne le canoë
et la pagaie simple, était plus efficace que celui des représentants des autres
nations. En effet, notre technique, à Genève, s'opposait à la méthode tchèque,
très efficace pour les courses de fond et de vitesse, mais ne permettant pas
une manœuvre aisée du bateau.
Notre technique, au contraire, a été mise au point sur des
rivières à obstacles et à courant violent, de même que le matériel.
Nous avons pu voir aux championnats du monde ce fait
surprenant : une équipe française chavirant en plein rapide, remontant à
bord par ses propres moyens et continuant la course ; essayez donc, même
en eau calme, sans pontage efficace.
G. NOËL.
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