Malgré les progrès des radiorécepteurs et les diverses
réglementations édictées par la radiodiffusion, la lutte contre les parasites
industriels demeure au premier plan des soucis des usagers. Il est désolant, en
effet, d'acheter un appareil de haute qualité, pourvu des perfectionnements les
plus récents, et de n'obtenir, malgré tout, qu'une audition déformée,
constamment hachée par des craquements, des crépitements, des bruissements ou
des sifflements divers !
Sans doute, le meilleur moyen d'éviter les perturbations
consisterait à supprimer les appareils perturbateurs et à faire appliquer
strictement la réglementation antiparasite définie dès 1933 et 1934.
Tous les appareils électriques perturbateurs devraient
théoriquement être antiparasités ; il ne faut pas prendre à la lettre les
exceptions admises ; les dispenses sont très limitées et concernent
seulement les appareils qui ne produisent pas, généralement, de parasites
gênants. La réglementation contre les parasites ne peut, d'ailleurs, être
immuable ; elle doit toujours suivre les progrès de la technique. Il
faudrait ainsi réviser périodiquement le taux limite admissible des
perturbations, en correspondance avec l'augmentation de la sensibilité des
récepteurs.
Les dispenses ne peuvent être accordées qu'en nombre
restreint et pour un temps limité ; certaines installations, produisant
des troubles permanents, ne devraient même plus être tolérées. L'application
des dispositifs antiparasites devrait également être normalisée.
Le nombre des réclamations formulées au service de la
radiodiffusion est très grand ; il atteint mensuellement plusieurs
milliers ; on conçoit donc, à la fois, l'importance et la difficulté de
l'antiparasitage. On nous a promis qu'une chasse aux parasites plus active
serait reprise ; c'est, en définitive, aux usagers eux-mêmes qu'il
appartient de faire appliquer les mesures utiles, en n'hésitant pas à formuler
les réclamations qui leur semblent justifiées.
Il ne faut, néanmoins, pas avoir d'illusions exagérées.
Malgré les efforts de l'Administration et même si le nombre des agents
spécialisés augmentait encore beaucoup, il serait impossible de faire
disparaître complètement tous les appareils perturbateurs. Il en est,
d'ailleurs, fonctionnant seulement par intermittences et produisant des
parasites d'une manière très irrégulière.
L'antiparasitage à la source ne suffit pas dans un grand
nombre de cas, et surtout dans les villes ; il faut également appliquer
sur le récepteur lui-même un dispositif laissant passage à l'émission utile,
mais évitant l'action des parasites. Parmi ces dispositifs, il en est de plus
ou moins originaux et efficaces, et tous n'ont pas une valeur sûre. D'ailleurs,
l'action des perturbations industrielles se manifeste beaucoup plus pour la
réception de certaines émissions que pour d'autres ; il est généralement
plus difficile dans une zone perturbée de recevoir normalement une émission en
ondes longues, telle que Radio-Luxembourg, et on obtient beaucoup mieux une
émission en ondes courtes, telle que Londres, Radio-Monte-Carlo ou Paris-Inter.
Quels sont les dispositifs antiparasites réellement
efficaces, dans la plupart des cas ? Leur nombre se réduit à deux :
l'antenne antiparasite et le cadre antiparasite.
La plupart des postes modernes à haute sensibilité
fonctionnent simplement à l'aide d'une antenne intérieure. Le volume sonore de
l'audition est suffisant, mais, avec un petit morceau de fil plus ou moins bien
isolé, tendu dans l'appartement, on recueille encore plus facilement tous les
parasites ; d'ailleurs, ceux-ci parviennent encore beaucoup mieux par les
fils du secteur, qui alimentent le poste.
Pour essayer d'éliminer les parasites, il ne faut pas
hésiter à remplacer l'antenne intérieure par une antenne extérieure, même de
dimensions réduites, mais disposée à une aussi grande hauteur que possible
au-dessus du toit de la maison, de façon à la mettre hors d'atteinte des
parasites.
Si nous réunissions cette antenne à notre poste par un
conducteur quelconque, formant « descente d'antenne », nous
n'obtiendrions pas encore un résultat bien brillant. En effet, cette descente
d'antenne recueillerait sur son passage tous les parasites qui se trouvent dans
le voisinage et les amènerait au poste ! Il est donc indispensable de ne
pas employer un conducteur quelconque, mais, uniquement, un câble blindé,
sans doute plus coûteux, mais dont le blindage protège le conducteur contre
l'action des parasites. C'est à ce prix seulement que nous pourrons obtenir un
résultat réel.
Mais, direz-vous, on ne peut toujours établir une antenne
extérieure sur le toit d'une maison ; c'est là un travail difficile et
coûteux, et l'on peut se voir opposer une interdiction du propriétaire. Que
faire dans ce cas ? Faut-il perdre tout espoir ? Non, il y a encore
un dispositif, dont le principe est connu depuis longtemps, mais qui a été
récemment transformé et permet maintenant, dans bien des cas, d'obtenir des
résultats remarquables. C'est le cadre antiparasite, réalisé sous sa
nouvelle forme, qui remplace l'antenne intérieure ordinaire et peut également
être adapté facilement à un poste quelconque, sans aucune modification du
montage et sans aucune complication.
Le cadre est une simple bobine, qui, bien souvent,
désormais, ne comporte plus qu'une seule spire, de forme carrée ou
rectangulaire, ou même circulaire. Les deux extrémités sont réunies aux bornes
« antenne » et « terre » du récepteur, soit directement,
soit par l'intermédiaire d'un dispositif d'adaptation, ou encore au moyen d'une
lampe de T. S. F. supplémentaire, qui se trouve dans un petit boîtier à
fonctionnement automatique. Ce collecteur d'ondes particulier est beaucoup
moins sujet à l'action des parasites ; de plus, il a un effet directif,
c'est-à-dire qu'on peut l'orienter, et, suivant cette orientation, on
peut éliminer plus ou moins l'action des parasites.
Le cadre est également employé, désormais, sur les petits
postes miniature, si en honneur aux États-Unis, et il rend ces appareils
complètement autonomes, puisqu'il n'y a plus besoin ni d'antenne, ni de prise
de terre.
Sans doute, l'adoption d'un cadre antiparasite ne
permet-elle pas d'obtenir toujours un résultat absolu, mais on constate
généralement une suppression complète des perturbations ou une amélioration
remarquable dans 60 à 70 p. 100 des cas; et c'est déjà beaucoup.
P. HÉMARDINQUER.
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