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La désinfection du sol

Le sol est pour beaucoup de champignons, de bactéries et de parasites dangereux pour les cultures, un milieu favorable à leur évolution. C'est ainsi que certains semis, voire même certaines plantes, sont systématiquement détruits dans nombre de jardins. Pour remédier à cet état de choses, il est indispensable de procéder à la désinfection du sol avant sa mise en culture.

Plusieurs produits peuvent, en la circonstance, être utilisés et permettre d'obtenir des résultats satisfaisants. Parmi les plus employés, nous signalerons en premier lieu le formol du commerce. Il peut être utilisé soit en arrosages à raison de 2 litres par hectolitre d'eau, soit par injection dans le sol ; dans ce cas, la dose employée est de 50 à 60 grammes répartis dans quatre trous par mètre carré.

On peut également, et c'est là une méthode particulièrement recommandable, faire absorber le formol par du charbon de bois finement pulvérisé, que l'on étale sur le terrain à désinfecter et que l'on incorpore à celui-ci par un léger labour. L'action du formol est alors lente à se produire, mais sa durée est, de ce fait, particulièrement efficace.

Un autre produit, le sulfure de carbone, peut être lui aussi employé pour désinfecter les terres. On l'utilise plus spécialement pour la destruction de certains insectes ou de certaines larves vivant dans le sol (ver blanc, ver gris, ver fil de fer, courtilière, ainsi que contre les guêpes et les fourmis). Le traitement est effectué le plus souvent avant d'opérer semis ou plantations. La dose employée généralement est de 200 grammes de liquide par mètre carré, distribuée dans 5 trous de 10 à 20 centimètres de profondeur. Les vapeurs dégagées pénètrent dans le sol et tuent les parasites qui s'y trouvent. L'application doit être faite lorsque la terre n'est pas trop humide, autant que possible par beau temps. On peut semer ou planter deux à trois semaines après la désinfection. L’injection peut être pratiquée au moyen d'un pal injecteur ou simplement en versant la quantité de liquide nécessaire dans des trous creusés à l'aide d'un plantoir et qui sont rebouchés aussitôt après.

Il est aussi possible d'utiliser le sulfure de carbone en terrain déjà occupé par une culture, mais il ne faut pas alors dépasser une dose supérieure à 50 grammes au mètre carré. Des émulsions de sulfure de carbone, que l'on peut diluer dans l’eau et employer en arrosages, se trouvent actuellement dans le commerce. Les doses employées sont généralement les suivantes :

En sol nu et par mètre carré : 200 à 300 grammes de la préparation dans 10 litres d'eau.

En terrain cultivé et pour la même surface, la dose de produit est réduite à 50 ou 100 grammes.

Le sulfure de carbone jouit également de certaines propriétés contre les champignons ; il est, en plus, un stimulant de la végétation. Toutefois, liquide très inflammable, il doit toujours être manipulé avec prudence et loin du feu. Il serait même dangereux de fumer pendant les opérations de désinfection. D'autre part, les récipients contenant ce produit ne doivent pas être entreposés dans un local habité, de crainte d'explosion.

Le sulfure de calcium à raison de 30 grammes par mètre carré, l’arséniate de soude utilisé à la dose de 3 grammes pour cette même surface constituent également de bons désinfectants.

Le paradichlorobenzène, dérivé du benzène, est un corps cristallin blanc qui dégage des vapeurs très toxiques pour les insectes. Il rentre dans la composition de certains insecticides faciles à employer et que l'on trouve dans le commerce sous différents noms.

Le crud d’ammoniaque est à la fois un engrais et un insecticide que l'on utilise à raison de 100 grammes au mètre carré. Il est également un herbicide énergique. Son incorporation au sol se fait au moyen d'un labour de 10 à 12 centimètres de profondeur pratiqué deux à trois mois avant la mise en culture du terrain.

Quel que soit le produit utilisé, le sol à désinfecter doit autant que possible être meuble et d'une humidité relative de façon à faciliter la diffusion des gaz toxiques dans toutes les parties du terrain.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°637 Mars 1950 Page 162