Depuis quelques années, dans diverses régions fruitières de
la métropole, on signale des dégâts fort importants dus à un insecte considéré
auparavant comme assez peu redoutable : l’hoplocampe du poirier.
Biologie de l'insecte.
— L'adulte ressemble à une petite mouche, mais,
tandis que la mouche domestique n'a que deux ailes, l'hoplocampe en a quatre ;
c'est donc un hyménoptère comme l'abeille et la guêpe, mais il est beaucoup
plus petit, seulement 5 millimètres de long et 1 centimètre d'envergure. La
tête est jaunâtre, le corps brun foncé et les ailes transparentes à reflets
irisés (fig. 1).
Son apparition, au printemps, coïncide avec le début de la
floraison des poiriers. Par les journées ensoleillées, on peut le voir, telle
une abeille, butiner sur les fleurs.
L'accouplement a lieu peu après et les femelles pondent
avant la défloraison. Elles incisent l'ovaire de la fleur qu'elles ont choisie
et déposent un œuf dans la fente ainsi pratiquée (fig. 2).
Lorsque les insectes sont abondants, il n'est pas rare de
trouver plusieurs œufs par fleur.
Quelques jours après naît une petite larve et celle-ci
commence à creuser, sous l'épiderme du fruit, une galerie qui en fait le tour,
puis elle se dirige vers le centre, qu'elle dévore. La jeune poire a alors
approximativement la grosseur d'une noisette ; elle noircit, pourrit et
tombe. Si on l'ouvre, on perçoit très nettement une forte odeur de punaise
(fig. 3).
La larve sort du fruit tombé, s'enfonce dans la terre et
s'entoure d'une sorte de cocon. Elle reste ainsi à l'état de repos jusqu'au
printemps suivant ou, après métamorphose, elle donne naissance à un nouvel
insecte adulte, et le cycle recommence.
Les invasions ne revêtent pas chaque année la même
intensité, mais, à différentes reprises, il nous a été donné de voir
disparaître ainsi prématurément les neuf dixièmes d'une récolte qui s'annonçait
abondante et se trouvait de ce fait, dès le début de la campagne, réduite à
presque rien.
Procédés de lutte.
— Les arboriculteurs étaient, jusqu'à ces temps
derniers, presque désarmés devant les attaques de l'hoplocampe.
On prescrivait bien, en vue de limiter son extension, le
ramassage des fruits tombés à terre, en avril-mai, avant la sortie des larves.
La désinfection du sol au pied des poiriers parasités avait
aussi ses adeptes.
Enfin, les traitements aux bouillies arsenicales
donnaient quelques résultats et on en obtenait même de meilleurs avec les
insecticides à base de roténone.
Depuis la découverte, relativement récente, des remarquables
propriétés insecticides et ovicides de certains produits organiques de
synthèse, l'arboriculture a de très bonnes armes contre ce ravageur.
Les spécialités commerciales à base d'hexachloro-cyclohexane,
ou H. C. H., et celles à base de sulfure de polychlorocyclane,
ou S. P. C., sont celles qui donnent les meilleurs résultats.
Mais la réussite est également conditionnée par la date du
traitement.
Celui-ci, pour être efficace, doit être effectué à la chute
des pétales. À ce moment, en effet, l'œuf d'hoplocampe, au cours de son
évolution, fait s'entr'ouvrir l'incision par laquelle il a été introduit dans
l'ovaire de la fleur. Il peut ainsi être touché par le produit ovicide et
détruit.
Toutefois, pour que ce résultat soit atteint, il est
nécessaire que le produit insecticide soit projeté avec suffisamment de force
pour couvrir tous les organes, sans solution de continuité. Les motopulvérisateurs
et les pulvérisateurs à pression préalable sont seuls capables de l'assurer.
Conclusion.
— On voit, par ce bref exposé, que les procédés de
lutte contre l'hoplocampe sont, à l'heure actuelle, bien au point.
L'application soignée des traitements permet de protéger la presque totalité
des jeunes fruits.
E. DELPLACE.
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