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Courrier cynégétique

La nouvelle loi d'organisation de la chasse.

— Le Groupe interparlementaire de la chasse s'est réuni récemment, sous la présidence du sénateur Verdeille, président du groupe. De nombreux députés et sénateurs avaient répondu à la convocation, ainsi que M. Verzier, vice président du Conseil supérieur de la chasse, qui était venu exposer l'historique et les principes du projet d'organisation de la chasse.

Ce texte, préparé par les représentants des chasseurs, voté par leur congrès, a été accepté par le gouvernement et déposé en son nom.

Le Saint-Hubert-Club de France, répondant à la demande du groupe, avait, par écrit, adressé un résumé des critiques et des suggestions parues dans la presse cynégétique.

Le Groupe interparlementaire de la chasse se propose :

    1° D'obtenir que la discussion du projet de loi conserve un caractère exclusivement technique et non politique ;

    2° De coordonner les efforts des parlementaires pour faire la synthèse des différents points de vue, pour éviter que des amendements improvisés et contradictoires faussent l'esprit du projet ou détruisent son unité, son harmonie et son efficacité.

Après une discussion d'une très haute tenue et très féconde en résultats positifs, un accord général est intervenu, et nous sommes certains que le texte sorti de ces délibérations donnera satisfaction aux chasseurs et servira très utilement la cause de la chasse française.

Le problème de la chasse se pose devant le Parlement de la façon suivante :

    1° Discussion d'une loi portant organisation de la chasse française, c'est-à-dire des principes généraux de l'organisation des chasses communales, sans porter atteinte au droit de propriété et aux chasses privées, mais en recherchant le regroupement et l'utilisation de tous les territoires qui ne sont pas actuellement utilisés et organisés au point de vue cynégétique.

    2° Préparation d'un décret d'application fixant les détails et la réglementation générale de la chasse.

Toutes les questions concernant les divers problèmes posés par la chasse française sont rattachées, selon leur nature, soit à la discussion du projet de loi, soit à la discussion du décret d'application de ce projet de loi.

Nous soulignons l'originalité et l'audace du Groupe interparlementaire de la chasse : c'est la première fois qu'on essaie d'unir, dans un même groupe, députés et sénateurs, et qu'on y réussit admirablement.

C'est la première fois que les parlementaires des divers groupes prennent l'excellente initiative d'organiser la discussion préalable d'un texte de loi, afin de coordonner les amendements et d'obtenir qu'un projet soit « amendé » au sens littéral du terme, c'est-à-dire amélioré, et non point, comme on l'a vu trop souvent, dénaturé ou défiguré par les amendements adoptés au hasard de la discussion.

C'est enfin la première fois que le Parlement a le courage — et il en faut — de s'attaquer à ce problème si délicat, si ardu, si divers que celui de l'organisation de la chasse française. Il le fait avec un courage et une sagesse dont il convient de louer particulièrement le Groupe interparlementaire de la chasse, qui mérite certainement la reconnaissance des chasseurs français.

(Communiqué du Comité d'étude interparlementaire de chasse et de pêche.)

Pontes tardives et pontes précoces.

— M. Charavel Edmond, de Saint-Gervais (Gard), revenant d'Alès en auto, dans la première quinzaine de mars 1949, eut la surprise de voir, traversant la route à quelques dizaines de mètres en avant de sa voiture, un couple de perdrix rouges, suivi de toute sa progéniture, évaluée à une quinzaine d'unités.

M. Gagnol Marcel, lui, nous signale qu'autour du 15 novembre un jeune chasseur a découvert un nid de pigeons ramiers contenant un œuf clair et un pigeonneau récemment éclos, car il n'était pas encore complètement emplumé, mais il avait déjà les « bâtons fleuris. ».

Histoire d’un jeune sanglier apprivoisé.

— Il y a trois ans, au cours d'une battue aux animaux nuisibles, une laie était abattue par des chasseurs de la région de Montélimar. Or cette laie avait des petits marcassins pesant environ 2kg,500 à cette époque. Deux de ces animaux purent être capturés et nos chasseurs décidèrent de les élever au biberon. Quelque temps après l'un d'eux mourut, mais le second s'éleva de façon mer veilleuse (il pèse actuellement 50 kilogrammes). Au fur et à mesure qu'il grandissait, l'animal devenait extrêmement familier avec les membres de la famille qui l'élevait. Plus docile qu'un chien, il accompagnait son maître aux champs et même au café le dimanche, et il vivait en liberté totale.

Or il arriva qu'au cours de l'été dernier il fut un jour effrayé par des chiens qui le poursuivirent dans la montagne. M. Estival, son propriétaire, était désolé et pensait bien ne plus revoir son sanglier.

Exactement soixante-dix jours après la disparition, il fut informé par un de ses amis, cultivateur dans la même région, qu'un sanglier venait toutes les nuits manger des mûres à proximité de sa ferme. Pensant qu'il s'agissait peut-être de l'animal qu'il regrettait toujours, M. Estival se rendit le soir même, sans arme, au lieu indiqué et s'embusqua. Quelques heures plus tard, il vit effectivement sous le mûrier en question un superbe pachyderme. Il l'appela aussitôt du nom de Kiki, qui était le nom de baptême donné au sanglier qu'il avait élevé.

Aussitôt la bête dressa les oreilles et vint se frotter à ses jambes en gambadant joyeusement et en s'efforçant, à sa manière, de démontrer combien il était heureux de revoir son maître.

Nous avons pu voir, ces jours derniers, le sanglier en question et constater combien était grande sa docilité ; actuellement, tous les jours les jeunes enfants de M. Estival conduisent l'animal manger des glands sous les chênes voisins de la ferme.

Mais nous devons dire que M. Estival, qui ne tient pas à ce que son sanglier s'octroie de nouvelles vacances, veille jalousement à ce que les chiens étrangers ne l'approchent pas de trop près.

Edgar CHABROL, Officier des Eaux et Forets.

Les rapaces nocturnes de la faune française.

— Le Bulletin technique d'information des ingénieurs et des services agricoles vient de publier, sous la signature de M. Chappellier, un travail fort complet qui ne manquera pas d'intéresser tous ceux qui sont curieux du genre de vie de ces oiseaux, en général mal connu. (La brochure, 75 francs, chez M. le régisseur des recettes, Inspection générale de l'agriculture, 28, rue Barbet-de-Jouy, ParisVIIe. C. C. P. 128.19 Paris.)

Un chasseur attaqué par un épervier.

— Un de mes collègues de chasse à la palombe a été la victime, le dimanche 13 novembre 1949, d'une agression à « serres fermées ».

Voici les faits : Paul Dubes remplit, dans le « civil », les fonctions d'agent de la voirie, mais, au passage de nos belles bleues, se transforme en un « paloumayre » aussi impénitent qu'avisé. Il se trouvait, ce jour du 13 novembre, sur la cabane située, à quelque 18 mètres de hauteur. Il avait fini de placer les appeaux (pigeons), espérant, puisque à « leu Saint-Martin leu fin », terminer la saison par quelques prises, les dernières. Sa pose d'appeaux terminée, il scrutait l'horizon avant de descendre au poste de guet dans la cabane, lorsque les pigeons, effrayés, se renversèrent sur leurs raquettes et, au même moment, notre ami subissait un violent choc sur la tête — son béret rabattu sur ses yeux lui empêchant, pas pour longtemps, de constater que s'enfuyait un épervier, baptisé dans la région « lou faouc paloumé », qui venait de confondre, sans nul doute, béret avec pigeon, notre chasseur ayant, au moment de l'attaque, sa tête à quelques centimètres d'un pigeon appeau.

Je pense que cet incident mérite d'être signalé.

A. JUSTIL.

Histoire de renard.

— Il y a une quinzaine d'années, il m'arrivait souvent, au mois de mai, de capturer des renardeaux de la grosseur d'un chat devant l'arrêt de ma chienne, dans les fourrés voisins des terriers où ils étaient nés et où ils risquaient leurs premières sorties.

Un hôtelier du village fut très heureux d'en accepter un, qu'il tenait à l'attache dans sa cour et qui était un sujet de curiosité pour sa clientèle. Il le garda toute une saison ; la bestiole se portait bien, malgré une fracture d'une patte au moment de la capture et qui s'était guérie rapidement.

Puis, un jour, maître renard cassa son collier et disparut ; nous pensions qu'il avait pris la clef des champs et l'avions oublié.

Toutefois, à partir de ce moment, poulaillers et clapiers du voisinage étaient souvent mis au pillage par ce que l'on croyait être des chiens qu'on n'arrivait pas à identifier.

Or, un jour, le chien d'un voisin lui faisait découvrir sous un tas de vieux matériaux, dans la pièce d'une maison inhabitée dont la porte était munie d'une ouverture appelée chatière, un superbe renard qu'il parvenait à tuer sur place.

Ayant examiné la victime de cette chasse peu ordinaire, je fus bien surpris de reconnaître, grâce à son ancienne fracture, le pensionnaire de l'hôtel, qui vivait là en plein centre d'un gros bourg depuis plusieurs mois, ne sortant que la nuit, alors qu'il lui eût été facile de gagner les bois proches.

R. G. Pesmes, Grandgérard (Haute-Savoie).

La non-rétroactivité de la loi fiscale en matière de permis de chasse.

— M. Guy Petit expose à M. le ministre des Finances et des affaires économiques que de nombreux chasseurs, ayant réglé, l'an dernier, leurs droits pour leurs permis de chasse avant que ceux-ci soient augmentés, n'utilisèrent pas leur permis à la suite de cette augmentation. Or, au moment de renouveler leur permis pour l'année 1949-1950, les intéressés se virent réclamer la somme de 760 francs, représentant la différence entre le montant des droits acquittés par eux l'année précédente et l'augmentation décidée ensuite. Il lui demande si, dans ces conditions, les intéressés sont dans l'obligation de verser la somme qui leur est ainsi réclamée cette année. (Question du 8 décembre 1949.)

Réponse. — Réponse négative.

(Journal officiel du 18 janvier 1950.)

Un cormoran dans la Meuse.

— Me trouvant à la chasse au gibier d'eau, sur le bord de la Meuse, le 4 janvier dernier, vers neuf heures, mon attention fut attirée par deux grands oiseaux perchés sur un peuplier. Ils prirent leur vol à mon approche ; cependant, après avoir décrit un cercle, l'un des oiseaux étant revenu sur moi à bonne portée, je l'abattis d'un coup de 5, mais il tomba, désailé, assez loin dans la prairie ; mon chien, l'ayant aperçu, essayait de l'attraper, mais cet oiseau se défendait ; il fallut que je l'assomme malgré une assez vive défense de sa part.

À mon retour, voulant connaître l'origine de cet oiseau, je rendis visite à quelques vieux chasseurs et connaisseurs, qui n'avaient jamais vu cet oiseau dans la région. Après plus amples renseignements, j’appris que c'était un cormoran : le plumage est noir un peu bleuté ; les pattes, assez fortes et noires, sont palmées et possèdent quatre doigts avec des griffes ; le bec, très fort, mesure 7cm,5 de longueur ; le bec supérieur a la courbe d'un rapace, le dessus de la gorge est jaune ; l'envergure de l'oiseau est de 1m,40 et le poids de 2kg,100.

H. FORMET, abonné.

Le Chasseur Français N°638 Avril 1950 Page 208