À propos des souris blanches.
— Dans Le Chasseur Français de décembre dernier,
en réponse à une question posée par un abonné concernant les souris blanches,
je proposais différentes modifications à apporter au rationnement, dans le but
d'empêcher le cannibalisme des mères, ainsi que leur météorisation pendant la
gestation.
Depuis, j'ai reçu de nombreux correspondants une centaine de
lettres relatant d'autres troubles et affections survenant dans les petits
élevages de souris, notamment des paralysies graves, allant jusqu'à la
mortification des tissus, principalement à la queue, à la tête et aux pattes,
lesquelles provoquent de nombreux décès, sans compter les cas de stérilité qui
rendent la reproduction extrêmement aléatoire.
Toutes ces anomalies ne sont pas particulières aux souris
blanches ; elles se manifestent chez tous les animaux domestiques (suidés,
ovidés, bovidés, etc.) en claustration, soumis à des régimes débilitants ou
incomplets, ce qui est l'apanage des élevages en captivité, où les bêtes sont
privées des principes organiques, minéraux et radioactifs qu'ils auraient
trouvés dans la nature, à l'état de liberté.
Une lettre autorisée.
— M. le Dr Marcel Bonafos, chef de clinique
d'obstétrique et de gynécologie, m'écrit :
« Comme vous le signalez, je crois que le cannibalisme,
l'œdème et le météorisme des souris blanches est bien dû à un déséquilibre de
la ration alimentaire, dont la raison première est une carence protéinique et
vitaminique B.
» Les faits analogues (cannibalisme excepté)
s'observent en effet chez la femme et sont amendés par un apport de vitamines
B.
» Un régime exclusif en avoine et carottes paraissant
être carencé à la fois en protéines et en vitamines B, je pense que votre
correspondant pourrait, à défaut de viande fraîche, qui corrigerait évidemment
les troubles observés, puisque la viande est riche en protéines et en vitamines
B, se borner à donner à ses animaux soit du son, soit de la levure de bière.
» Un seul apport de vitamines B actives me permet de
dissiper les accidents analogues observés sur la femme enceinte, qui, on le
sait, est toujours plus ou moins carencée en vitamines B du fait de sa
gestation.
» J'attacherai un grand prix à connaître les résultats
obtenus par votre correspondant, étant particulièrement intéressé par tout ce
qui a trait aux problèmes de la biologie relevant de la vitaminothérapie. »
Les aliments de complément.
— Depuis que j'ai proposé de modifier le rationnement
des souris blanches, pour éviter le cannibalisme et le météorisme, on me fait
part d'un nombre considérable d'autres affections : la paralysie, la
mortification des tissus, la stérilisé des femelles et la mortalité excessive
des jeunes, du fait de l'insuffisance de la lactation des mères, ce qui oblige
les souriceaux à manger du ligneux avant que leur estomac soit apte à le
digérer.
Tous ces accidents conjugués suppriment évidemment la
rentabilité des petits élevages. Aussi, pour les éviter en bloc, il est
absolument nécessaire de donner, en plus des denrées habituelles, comprenant
grains et verdures aussi variés que possible (avoine, orge, carottes, choux,
lait ou, à défaut, viande fraîche), une provende vitaminée en tous les
principes rectificateurs. La formule ci-après est l'une de celles qui semblent
donner les meilleurs résultats :
Son de froment |
8 parties. |
Levure de bière |
1 partie. |
Poudre d'os |
0,5 — |
Charbon de bois pilé |
0,5 — |
|
——— |
Total |
10 parties. |
Ajouter quelques gouttes d'huile de foie de morue au moment
de distribuer la provende dans les augettes.
Généralisation de la méthode.
— Les apports vitaminés ne concernent pas seulement les
sujets de laboratoire (souris et cobayes), mais ils s'appliquent à toutes les
espèces animales élevées en captivité et qui doivent se contenter des
distributions faites dans la mangeoire ou le râtelier.
C'est le cas des poules, auxquelles on demande une ponte
abondante et suivie, bien qu'il manque souvent à leur ration les protéines, les
minéraux et les vitamines indispensables, surtout chez les volailles tenues
dans des parquets étroits.
Les porcs et surtout les truies portières sont dans le même
cas. Pour soutenir leur fécondité et leur lactation, la nourriture courante ne
suffit pas, à moins qu'elles aillent au pré. Il faut leur donner en supplément
une provende vitaminée, analogue à celle préconisée pour les souris femelles.
Il en est de même pour les vaches, les juments, les lapines, etc., tenues en
stabulation.
Si l'on veut obtenir le maximum de rendement et éviter
toutes les anomalies qui se produisent pendant la gestation et l'allaitement
chez les femelles domestiques, on devra songer à ce qu'elles ne manquent pas de
vitamines A (liposolubles), B (hydrosolubles), C (antiscorbutiques), D
(antirachitiques), E (contre la stérilité).
Les plus riches de toutes les denrées en vitamines B sont la
levure de bière et le grain germé. Viennent ensuite le son de froment, la
graine de lin et les verdures. En cas de trouble et d'accidents, on ne devra
pas hésiter à recourir à leur emploi.
Mondiage D'ARCHES.
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