« Ne mâchez-pas les herbes », nous écrivait un de
nos lecteurs en faisant très judicieusement remarquer que cette pratique, en
apparence innocente, pouvait avoir de très graves conséquences, et cela par
suite des spores d’un champignon microscopique et hautement pathogène, l’actinomyces,
qui, vivant sur les herbes, les épis et la paille, peut s’inoculer au niveau d’une
excoriation de la bouche ou de la gorge.
Il en résulte une tuméfaction locale se transformant en abcès,
qui ne tardera pas à pénétrer dans l'épaisseur des tissus, pourra gagner la peau
par des fistules qui, même dans les cas les plus favorables, laisseront
d'affreuses cicatrices.
Si cette localisation bucco-pharyngée est la plus habituelle,
on en a aussi constaté aux mains, aux bras et même aux fesses.
Les spores contenus dans le pus de cet abcès risquent d'être
aspirées ou avalées, venant alors contaminer le poumon ou le tube digestif.
Cette très grave complication peut aussi provenir de l’inhalation de poussières
infectées, chez les batteurs de blé par exemple, ou encore de la déglutition
d'aliments contaminés.
Les accidents, dus à l'actinomyces ont touts l'apparence de
lésions tuberculeuses, et le diagnostic se fait surtout par l'examen du pus au microscope,
qui y décèle le mycélium et les grains jaunes caractéristiques ; on a
aussi employé un sérodiagnostic, car le sérum du malade a acquis la propriété
d'agglutiner les spores de ce redoutable champignon.
Le traitement chirurgical n'est efficace que s'il est appliqué
tout au début, lorsque la tumeur peut être extirpée en totalité : une fois
transformée en abcès, le bistouri risque de favoriser la dissémination des
spores dans l'organisme ; dans l'espoir d'éviter ces complications, on a
recouru à des agents physiques, tels que la diathermocoagulation, ou à la
radiothérapie.
Eh tout cas, ces traitements doivent tous être associés au
traitement médical dont, jusqu'à des temps récents, l'iode était l'agent quasi
spécifique, localement (en badigeonnages ou en injections dans la tumeur ou l'abcès)
et à l'intérieur sous forme de la solution classique iodo-iodurée (20 grammes
de teinture d'iode, 40 grammes d’iodure de potassium pour un litre d’eau) prise
à fortes doses et pendant longtemps.
On emploie aujourd'hui, de préférence, la pénicilline, mais
qui doit être administrée à très hautes doses (200.000 à un million d’unités-Oxford
par jour, en injections, intra-musculaires), et cela pendant un temps très
prolongé. On a pu ainsi obtenir des guérisons non seulement dans les
localisations naso-faciales, mais même dans des cas d'actinomycose pulmonaire
ou péritonéale, parfois arrivés à la période cachectique.
L'actinomycose n'est pas la seule affection causée par un
parasite pathogène appartenant à la classe botanique des champignons. Ces « mycoses »
siègent au cuir chevelu (teignes, favus), sur les mains et les pieds (mycoses
interdigitales, onychomycoses), à différents plis comme l'érythrasma et
certains intertrigos.
La sporotrichose se manifeste aussi par des lésions
de la peau et n'a pas grande tendance à gagner les organes internes ; elle
se présente surtout par des gommes qui ont été souvent prises pour des
accidents tuberculeux ou syphilliques, au grand dommage du patient.
Dans tous ces cas, l'erreur peut être évitée par l'examen
microscopique des sécrétions et surtout par leur culture sur des milieux
appropriés — procédés simples et assez faciles qui permettent
l'application rapide du traitement indiqué.
Dr A. GOTTSCHALK.
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