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Le haricot

Tout porte à croire que le haricot est originaire de l'Amérique du Sud, car on en trouve dans les tombeaux péruviens pour le moins millénaires. En France, il fut introduit au XVIe siècle, mais sa culture ne se généralisa que vers le milieu du XVIIe siècle. Depuis lors, et par l'effet de la grande variabilité dont le haricot est doué, il en est résulté un nombre extrêmement considérable de variétés, et sa culture a pris, dans son ensemble, une très grande importance. Il se récolte, en France, plusieurs millions de kilogrammes de haricots verts ou secs, ce qui d'ailleurs est insuffisant, puisque l'on en importe de très grandes quantités pour faire face à nos besoins.

Le haricot est une plante extrêmement sensible au froid ; il ne germe et ne se développe que lorsque la température reste supérieure à 10 degrés ; une gelée de -1 à -2 le fait périr. Il aime une terre légère, saine, où le calcaire ne domine pas ; les sols compacts et humides lui sont funestes. Cette plante ne donne son maximum de production que dans les terrains siliceux un peu frais, Le fumier non décomposé lui est contraire. Il est, par contre, très sensible à l'action des engrais chimiques ; dans une terre de qualité moyenne, la fumure suivante est particulièrement recommandable :

Superphosphate de chaux 5 kilos à l’are.
Chlorure de potassium ou sulfate de potasse 2 kilos.
Nitrate de soude 0kg,500 à 0kg,800.

Contrairement à l'opinion admise que les légumineuses peuvent se passer de fumure azotée, nous ne saurions trop conseiller l'emploi à faible dose de nitrate de soude appliqué une dizaine de jours après la levée. La végétation des plantes s'en trouve sensiblement favorisée, ainsi qu'ultérieurement leur production.

Le plâtre, si efficace d'ordinaire sur la croissance des légumineuses, n'est pas à conseiller en la circonstance, car il occasionne le durcissement des grains à la cuisson.

Par suite de son peu de résistance au froid, le haricot ne peut être semé que lorsque les gelées ne sont plus à craindre et que la terre est suffisamment réchauffée. Dans le Midi, on peut effectuer les premiers semis en pleine terre dès le 20 mars, au début de mai dans le Centre et aux alentours du 20 mai dans les autres régions.

Pour ne pas manquer de haricots verts durant la belle saison, le mieux est de ne semer qu'une petite surface à la fois et de renouveler les semis de trois semaines en trois semaines, et cela jusqu'au 20 août. Si l'on désire obtenir des haricots à manger en grains frais, il y aura lieu de faire le dernier semis vers le 15 juillet, et le 25 juin au plus tard pour ceux à récolter en grains secs, autrement la maturité serait aléatoire.

Les variétés naines se sèment ordinairement en poquets distants de 0m,40 à 0m,50 ; dans chaque poquet ou trou de 6 à 7 centimètres de profondeur, on place 5 à 6 graines que l'on recouvre de 3 centimètres de terre fine. Une dizaine de jours après la levée, on donne un léger binage, que l'on fait précéder d'un nitratage ; trois semaines plus tard, on procède à un deuxième binage, au cours duquel on nivelle les poquets incomplètement comblés jusque-là, et en même temps on opère un léger buttage à la base des tiges pour maintenir la fraîcheur au pied des plantes.

Lorsque l'on a recours à des variétés de haricots à rames, on sème généralement ces derniers en planches de 1 mètre de large séparées par des sentiers de 0m,60 ; dans chaque planche on trace deux rayons profonds de 8 centimètres et espacés de 0m,75 ; dans ces rayons, on dispose les graines par groupe de 4 tous les 25 centimètres, puis on recouvre de 3 centimètres de terre ; comme pour les haricots nains, on donne un premier binage après la levée, puis un second quinze à vingt jours plus tard en buttant à cette occasion le pied des plantes ; cette dernière façon culturale terminée, on enfonce du côté du sentier, à 6 ou 7 centimètres des tiges et en face de chaque touffe de haricots, une rame de 1m,50 à 3 mètres, suivant le développement qu'est susceptible de prendre la variété cultivée. On plante généralement les rames un peu inclinées vers le centre de la planche, de telle sorte que celles de deux rangs consécutifs se croisent à leurs parties supérieures ; elles se prêtent ainsi un mutuel appui pour résister aux effets du vent. Une précaution complémentaire consiste à attacher les rames deux à deux aux trois quarts de leur hauteur ; on forme ainsi une série d'arceaux que l'on relie les uns aux autres par des perches assujetties dans les fourches que les rames forment au dessus du point où elles sont attachées. La résistance au vent est ainsi sensiblement augmentée.

D'autre part, une bonne méthode consiste à ne pas disposer deux planches de haricots à rames côte à côte ; il est préférable, en effet, d'intercaler entre elles une planche portant un légume nain (carotte, navet, etc.) ; mieux aérés et plus ensoleillés, les haricots auront un rendement supérieur.

La cueillette des haricots verts commence environ deux mois à deux mois et demi après le semis ; pour favoriser sa durée, les prélèvements devront être souvent répétés (deux à trois fois par semaine), et de façon qu'il ne soit pas oublié de gousses trop développées dans lesquelles les grains auraient tendance à se former, ce qui entraînerait l'arrêt de la floraison. Pour les haricots à consommer en grains frais, un délai de trois mois est nécessaire entre le moment où le semis est opéré et la première récolte. Quant aux haricots devant fournir des grains secs, ils seront arrachés quand les gousses seront jaunes, mais pas trop sèches, pour éviter l'égrainage.

Parmi les variétés de haricots les plus cultivées, nous signalerons :

1° Variétés naines à consommer exclusivement en filets :

    Abondant ou Maireau : hâtif, vigoureux.

    Empereur de Russie : demi-hâtif. Aiguilles fines et charnues.

    Supermétis : très productif.

2° Variétés mangetout nains sans parchemin :

    Beurre nain du Mont-d'Or : cosses jaunes, bien pleines.

    Mangetout extra-hâtif : cosses jaune-verte au début.

    Nain mangetout Princesse sans fil : cosses très charnues.

    Mangetout du Rhin : belles cosses vertes.

3° Variétés naines à écosser pour consommer en grains frais ou secs :

    Michelet à longues cosses : hâtif, cosses longues.

    Suisse blanc : très productif ; convient bien pour la grande culture.

    Méridional : productif, précoce, cosses légèrement panachées.

4° Variétés à rames :

    a. Mangetout à cosses jaunes :

      Beurre du Mont-d'Or : cosses longues très nombreuses.

      De Saint-Fiacre beurre : grande précocité ; cosses longues.

    b. Mangetout à rames à cosses vertes :

      Mangetout de Saint-Fiacre : cosses charnues, toujours tendres.

      Mangetout de la Vallée : cosses rondes, tendres.

      Phénomène : cosses courbées, vertes ; excellent en grains secs.

      Princesse à rames : cosses moyennes, très tendres.

A. GOUMY.

Le Chasseur Français N°640 Juin 1950 Page 355