Pour avoir de belles récoltes.
— Il n'est pas possible dans les jardins, qu'ils
appartiennent à des maraîchers ou à des particuliers, d'obtenir des rendements
légumiers satisfaisants, sans apports importants de matières organiques en voie
de décomposition. Dans tous les cas, on fera bien de ne considérer les produits
chimiques que comme des engrais de complément.
Cela tient à ce que les engrais purement minéralisés ne
contiennent pas un atome d'humus, cet élément essentiel, dont on ne connaît pas
encore très bien le rôle biologique qui réglemente la vie des plantes. En
réalité, l'humus seul a plus d'importance que tous les principes dits
essentiels réunis : l'azote, l'acide phosphorique, la potasse et la chaux.
Qu'est-ce que l'humus ?
— L'humus est un résidu produit par la décomposition de
matières organiques diverses, sous l'action des microorganismes de la
putréfaction. C'est une matière noire qui contient, sous une forme
progressivement assimilable, tous les principes minéraux nécessaires à la constitution
des tissus végétaux.
Les agronomes estiment que, avec une teneur de 8 p. 100
en humus, une terre est favorable pour la grande culture. Mais, pour les
besoins de la production intensive des légumes, la proportion d'humus ne doit
pas être inférieure à 12 p. 100, 15p. 100 et plus, comme dans les
marais, réputés pour leur grande fertilité.
Dans les terres bien fournies, l'humus seul suffit, avec les
principes qu'il enrobe, aux besoins des plantes cultivées, d'autant plus qu'il
est une source généreuse de carbone, que les végétaux emmagasinent en quantités
considérables dans leurs tissus, sous forme d'amidon, de fécule, de sucre et de
cellulose. La respiration chlorophyllienne, par suite de son rejet d'acide
carbonique la nuit, ne suffirait pas pour élaborer toutes ces substances de
réserve.
Quoi qu'il en soit, les terres peu fournies d'humus sont
toujours d'un faible rapport, même avec le concours des engrais chimiques,
parce que leurs propriétés physiques sont défectueuses, tandis que l'humus
donne du corps aux terres sableuses, en remplaçant avantageusement l'argile, et
il combat la compacité des terres fortes, ce qui rend plus facile l'exécution
des façons culturales. En outre, comme il possède l'heureuse propriété de
retenir beaucoup d'eau dans sa masse spongieuse, sa présence dans le sol
atténue en une certaine mesure les fâcheux effets des sécheresses prolongées.
Si l'on tient compte que l'humus favorise la perméabilité et
l'aération de la couche arable, et qu'il absorbe les calories solaires en augmentant
la précocité des terres qui en sont abondamment pourvues, on comprend qu'il
soit classé comme étant l'élément primordial indispensable, seul capable de
maintenir la productivité des jardins.
Les sources d'humus.
— C'est généralement au fumier que l'on a recours pour
maintenir dans les potagers le stock d'humus nécessaire à l'obtention des
belles récoltes, et la dose à appliquer tous les ans ne devrait pas être
inférieure à 500 kilogrammes à l'are, un peu plus ou moins suivant leur
richesse en principes essentiels, laquelle est assez variable, ainsi qu'on peut
s'en rendre compte à l'examen du tableau ci-après qui indique la composition
moyenne des fumiers faits, c'est-à-dire transformés en « beurre noir »,
sous l'action de la fermentation humique.
Fumiers. |
Eau. |
Humus. |
Azote. |
Acide phos. |
Potasse. |
Chaux. |
|
.......... en kilogrammes .......... |
Cheval. |
713 |
185 |
5,8 |
2,8 |
5,3 |
2,1 |
Vache. |
775 |
145 |
3,4 |
1,6 |
4,0 |
3,1 |
Mouton. |
646 |
225 |
8,3 |
2,3 |
6,7 |
3,3 |
Porc. |
724 |
175 |
4,5 |
1,9 |
6,0 |
0,8 |
Mixte. |
760 |
150 |
4,5 |
2,5 |
5,0 |
3,0 |
De nombreux correspondants se plaignent de la pénurie
actuelle des fumiers d'étable. Nous allons rechercher les sources d'engrais
organiques auxquelles ils s'adresseront pour éviter la disparition progressive
de l'humus dans leurs jardins.
En premier lieu, il y a les composts que l'on
confectionne en mettant en tas les boues de route, les curures de fossés, les
ordures ménagères, le fumier des lapins, la colombine, et la poulaitte, les
cendres de bois et de houille tamisées, les résidus de la cave et des silos,
les viscères d'animaux, les fanes, les feuilles, les herbes, les marcs de
pommes et de raisins, la sciure de bois, etc. Si on a soin de saupoudrer un peu
de cyanamide sur les tas, et d'y maintenir la fraîcheur par des arrosages et en
y déposant les eaux vannes, le compost sera bon à employer au bout de six mois
environ.
Une autre source d'engrais organique est fournie par les boues
de ville, dont la teneur en azote varie entre 3kg,800et 4kg,500
à la tonne, suivant qu'il s'agit de boues vertes ou de boues noires. Les
premières peuvent être enfouies directement, après criblage, dans les terres
calcaires. Partout ailleurs, il vaut mieux les faire fermenter au préalable.
On peut également recourir au sang et à la viande desséchés
qui, dans leurs humus, contiennent entre 10 et 13 p. 100 d'azote
organique, 1 à 3 p. 100 d'acide phosphorique et 0,5 à 1 p. 100 de
potasse. La corne pulvérisée est encore plus riche, surtout en potasse, mais
ses éléments essentiels ne sont assimilés que lentement. Les engrais de poisson
se font remarquer par leur richesse en acide phosphorique, 10 p. 100
environ. Les tourteaux non comestibles et ceux ayant été traités par le sulfure
de carbone sont également utilisables ; ils contiennent 5 à 7 p. 100
d'azote, 1 à 3 p. 100 d'acide phosphorique et 1 à 2 p. 100 de potasse
dans leur humus.
Si on dispose de paille et de foins avariés, en les
saupoudrant de cyanamide et en les humidifiant, ils se transforment en un
fumier artificiel ayant une valeur fertilisante approchant celle du fumier
d'étable, une fois transformées en « beurre noir ».
Un autre moyen d'enrichir une parcelle de potager appauvrie
en humus, c'est d'y semer une plante herbacée, que l'on enfouira lorsqu'elle
sera en pleine floraison, par exemple : vesce, seigle, colza, dans les
terres fortes ; lupins, spergule, serradelle dans les terres légères ;
moutarde blanche, navette dans les terres calcaires.
Adonis LÉGUME.
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