Dans les sols compacts et humides, ou en période pluvieuse,
c'est du sclérotinia que souffriront tout d'abord les jeunes plants de
haricots.
Les tiges, les feuilles se couvriront d'une moisissure
blanche d'aspect cotonneux qui s'étale à la surface des organes et gagne
graduellement l'ensemble de la culture en provoquant la formation d'îlots plus
ou moins étendus à l'intérieur desquels toute végétation disparaît rapidement.
Les plantes atteintes flétrissent, puis finissent par pourrir. Lorsque le
champignon a épuisé les sujets sur lesquels il s'est développé, il se résorbe
peu à peu en petits amas noirs qui constituent les sclérotes. C'est sous
cette forme qu'il se conserve soit dans le sol, soit sur les organes parasités.
Il est difficile de préconiser un moyen de lutte contre le sclérotinia.
Si l'on a eu à enregistrer dans son jardin des attaques de ce champignon, qui
est également un ennemi d'un assez grand nombre de plantes potagères
(betteraves, carottes, pommes de terre, etc.), son retour est toujours à craindre,
car les sclérotes se conservent longtemps dans le sol et demeurent résistants,
au moins jusqu'à ce jour, à tous les produits que l'on cherche à employer pour
les combattre. Il est toutefois à remarquer que le sclérotinia se propage
surtout dans les terres où une rotation des cultures n'est pas judicieusement
observée.
C'est là une indication précieuse, dont il y a lieu de tirer
profit. On évitera donc, par une alternance bien comprise, le retour fréquent
de cultures épuisantes sur le même emplacement. Bien que moins fréquente sous
notre climat, la rouille du haricot peut, en certains cas, provoquer
d'assez importants dégâts. Ce petit champignon manifeste sa présence au début
par la formation de pustules blanches ; plus tard apparaissent sur les feuilles,
les tiges, et même sur les gousses, quantité de petites pustules arrondies,
brunes en premier lieu, puis noires et poussiéreuses. La rouille du haricot
n'est à redouter que lorsqu'elle apparaît au début de la feuillaison. Mais
quelquefois, et surtout sur les variétés à rames, elle prolifère de telle sorte
qu'elle peut entraîner le flétrissement, ce qui entrave la maturité des
graines.
Cette affection est particulièrement à craindre dans le
Midi de la France et dans le nord de l'Afrique. La rouille peut être prévenue
par des traitements cupriques liquides : carbonate de cuivre 0kg,500
par hectolitre d'eau ou bouillie bordelaise à 1 kg de sulfate de cuivre pour
100 litres.
Le premier traitement doit être appliqué dès que les jeunes
plantes ont de quatre à cinq feuilles, les suivants toutes les trois ou quatre
semaines jusqu'au début de la récolte. On peut également faire des poudrages
avec des poudres cupriques. Si les haricots doivent être consommés en vert, on
cessera le traitement dès la fin de la floraison. Après la récolte, brûler les
plantes atteintes ; alterner la culture.
Une autre affection grave, peut-être la plus grave, est l’anthracnose ;
elle se caractérise par la formation de petites taches brunes, puis
blanchissant au centre, sur les divers organes des plantes. Au début, ces
taches intéressent uniquement les feuilles. Bientôt cependant ces taches se
multiplient en même temps que les parties atteintes rougissent partiellement,
se creusent, se fendillent jusqu'à la perforation. À ce moment, l'action du
parasite exerce ses ravages non seulement sur les feuilles, mais aussi sur les
tiges et les gousses. Les tiges infectées se dessèchent et tombent les unes
après les autres. Les gousses contaminées ne se développent pas ou, si elles
sont déjà formées, elles deviennent chancreuses. L'action du champignon
s'exerçant non seulement en surface, mais également en profondeur, les grains
eux-mêmes sont atteints. Ils sont alors couverts de taches noirâtres ou
rougeâtres plus ou moins concaves.
Les plantes malades sont peu productives. La maladie se
propage d'une année à l'autre par les tiges desséchées ou par la graine
infectée. Une période pluvieuse, avec température relativement basse, favorise
l'évolution du champignon.
Les moyens de lutte contre l’anthracnose consistent :
1° À brûler après la récolte les tiges sèches.
2° À n'employer pour les semis que des graines saines. La
désinfection des semences ne donne que des résultats assez aléatoires.
3° Pratiquer l'alternance des cultures ; avoir recours
à des variétés résistantes.
4° Lorsque les premières feuilles se sont développées,
traiter les haricots avec une bouillie cuprique à faible dose (carbonate de
cuivre ou oxychlorure de cuivre à 0kg,500 p. 100) et répéter le
traitement deux fois à deux ou trois semaines d'intervalle en visant surtout la
base des touffes.
Des dégâts analogues à ceux causés par l'anthracnose sont
ceux produits par la graisse du haricot. Cette maladie attaque les
feuilles, les pétioles, les tiges, les gousses et les graines du haricot en
formant sur les organes atteints des taches jaunes, transparentes et
huileuses ; plus tard, les feuilles brunissent et tombent. Sur les gousses
et les graines, les taches conservent leur coloration verdâtre, ainsi que leur
aspect huileux.
Par temps pluvieux, on voit apparaître à la surface des
taches des gouttelettes grisâtres et visqueuses de la grosseur d'une tête
d'épingle ; ce sont les colonies de bactéries, que la pluie et les limaces
sont susceptibles de disséminer sur les plantes saines. La graisse se transmet
surtout d'une année à l'autre par les graines contaminées.
La désinfection des graines ne donnant pas de résultats, il
est indispensable de ne semer que des graines saines. La destruction des
limaces est également à conseiller.
Les traitements cupriques appliqués à la même époque que
ceux effectués contre l'anthracnose produisent des résultats assez
satisfaisants.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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