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L'influence de la race sur la production laitière

Pour la plupart, elles sont insoupçonnées. Elles sont assez nombreuses et différentes pour être en partie ignorées.

C'est pourquoi nous nous efforcerons de donner quelques détails sur les éléments qui sont à la base d'une augmentation ou d'une régression de la production laitière.

Ces influences, étant données leurs variétés, composeront plusieurs chapitres qui, nous osons l'espérer, attireront l'attention des lecteurs du Chasseur Français.

Nous insisterons plus particulièrement sur les points dignes d'intérêt tout en restant bref.

Mais assez causé, commençons par la base même, c'est-à-dire la race.

La race est une variété constante formée par les ascendants et les descendants. Cependant, les sujets d'une même race seront différents, leur production laitière aussi. Nous constaterons des écarts sensibles de l'un à l'autre.

Éliminer les sujets médiocres, garder et sélectionner les meilleurs sera le but poursuivi par l'éleveur intelligent, aidé dans cette tâche par les divers syndicats et coopératives de contrôle laitier, d'insémination, et des services agricoles.

Chaque race est adaptée naturellement à sa contrée originaire. Elle reflète la nature du sol, la flore. L'hydrologie y joue son rôle. Le relief de son berceau influera sur le physique de l'animal.

Voyez un animal de contrée montagneuse. Il est musclé, fort de jarret, résistant, infatigable.

C'est pourquoi nous avons, en France, de nombreuses races bovines.

Qui ne connaît pas, au moins de réputation, la race Normande ?

Qui n'a entendu parler des races Bretonne, Limousine ? On connaît moins celles qui sont moins répandues, telles la Salers ou l'Aubrac par exemple.

Actuellement, les échanges qui ont lieu avec les différentes provinces de France et l'exportation font connaître et apprécier davantage ces différentes races et leurs aptitudes.

Tel est le cas, par exemple, de la Brune des Alpes, qui est demandée par l'Afrique du Nord ; ou encore de la Salers, qui va peupler certaines régions du Maroc.

Mais, s'il est avantageux de lui faire subir ce changement, par contre il serait désastreux de le vouloir faire avec une Normande.

Le milieu n'est plus le même. De l'humidité du bocage normand, à l'herbe sèche, à la flore sèche, maigre, et au climat sec de l'Algérie, la différence est trop grande. On y remédie artificiellement, mais l'animal, malgré cela, ne se sentira plus dans son milieu. Comment peut-on lui demander, dans ces conditions, la même production laitière ?

Dans ces transplantations, il faut savoir choisir la race appropriée. Nous n'en manquons pas, qui sont différentes : les unes plus aptes à la production laitière ; les autres à une production beurrière, ou en viande ; d'autres plus recherchées pour leur travail.

Faisons un rapide et sommaire tour d'horizon.

Tout d'abord la race Normande est élevée dans les départements de la Manche, du Calvados, de l'Orne, l'Eure et la Seine-Inférieure.

C'est une race de grande taille au pelage formé de caille, de blond, portant des bringeures.

Son rendement moyen annuel est d'environ 3.550 kilogrammes de lait, titrant 40 p. 1.000 de matières grasses.

Certaines vaches exceptionnelles ont même dépassé le rendement de 9.000 kilogrammes. C'est le rendement maximum constaté au concours de la meilleure vache.

Mais l'ensemble des rendements n'est pas uniforme. Aussi est-on obligé de s'efforcer de sélectionner afin d'aplanir ces différences.

Signalons aussi ses aptitudes pour une viande recherchée.

La race Flamande, dont le berceau est situé dans le Pas-de-Calais, la Somme et toute la région des Flandres, est aussi répandue dans le Nord et l'Oise.

Sa couleur est d'un brun-acajou uniforme, sa production est légèrement supérieure à celle de la Normande et atteindrait 3.800 kilogrammes de lait.

On pourrait lui décerner la première place pour la production laitière, car le maximum enregistré fut 9.414 kg. de lait avec 472 kg. de beurre. Par contre, sa conformation laisse à désirer, et, à notre avis, une amélioration s'impose dans ce sens, ainsi que pour la production beurrière, dont le taux n'est que de 38 p. 1.000.

La vache tachetée de l'Est est originaire de la Haute-Marne, de l'Aube. On la trouve aussi dans le Jura, la Côte-d'Or, la Drôme.

C'est aussi une vache de grande taille pesant 650 kilogrammes, dont la robe est d'un ensemble agréable pie rouge avec les extrémités blanches. On peut la comparer à la Montbéliarde pour la production laitière, qui est d'environ 3.400 kilogrammes de lait.

Le meilleur rendement enregistré fut de 8.247 kilogrammes de lait en trois cents jours.

Mais on a, dans cette race, surtout cherché à améliorer le rendement en viande.

Puisque nous avons cité la Montbéliarde, nous en dirons qu'elle a la même origine que la précédente.

On la trouve dans l'Est et le Doubs.

Elle a aussi une robe pie rouge avec des extrémités blanches.

Cette race a été, depuis longtemps, sélectionnée pour sa production laitière qui est légèrement inférieure à la Normande.

La production moyenne est, en effet, de 3.500 kilogrammes de lait à 3,8 p. 100 de matières grasses.

Les sujets de la race Parthenaise sont encore de grande taille, mais leur poids est de l'ordre de 500 kilogrammes environ.

Ici les extrémités sont noires. La robe est couleur fauve. Une bordure noire entoure le mufle, le bord des oreilles.

Cette race se répartit dans les Deux-Sèvres, la Vienne, la Vendée.

Sa production moyenne est médiocre : 2.200 kilogrammes de lait, mais, dirait-on, « peu mais bon », puisqu'il titre 47 à 48 p. 1.000 de matières grasses.

C'est à elle que nous donnerions la première place de beurrière, comme nous l'avons fait à la Normande pour le lait.

Robe rouge rouanné, telle est l'Armoricaine, qui est d'une taille moyenne et d'un poids de 500 kilogrammes.

Son effectif se répartit dans les départements du Finistère, des Côtes-du-Nord et du Morbihan.

Le croisement Pie rouge bretonne X Durham en a fait une excellente productrice de viande.

Bonnes qualités laitières, puisqu'on a vu 2.900 kilogrammes de lait. Le maximum enregistré fut, en trois cents jours, de 6.618 kilogrammes de lait.

La Salers, dont le berceau se situe dans le Cantal, est une race rustique de montagne pesant 550 kilogrammes.

Sa robe est acajou, le poil fin est frisé.

Elle donnait 2.000 kilogrammes de lait, mais, grâce à la haute compréhension des éleveurs, cette race est en voie d'arriver à une production qui atteindra sous peu 2.500 kilogrammes de lait.

Elle est d'une bonne aptitude au travail, et son rendement en viande est satisfaisant.

Taille moyenne, mufle entouré de blanc, robe gris-souris, telle est la Brune des Alpes.

Le point d'élevage principal se situe dans la région de Châtillon-sur-Seine. Il en existe un autre dans le Tarn et l'Ariège. On la trouve également dans l'Yonne et l'Aube.

On l'exporte dans le Midi et aux colonies, car c'est une race qui résiste particulièrement bien à la chaleur.

Son rendement moyen est de l'ordre de 3.700 kilogrammes de lait.

La Bleue du Nord, comme la Maine-Anjou, a un poids oscillant autour de 650 kilogrammes.

Sa robe est pie bleue, parfois sans taches. La majorité de la race se trouve dans le Nord et les Ardennes.

C'est une belle race bien conformée, appréciée de la boucherie.

L'Aubrac, au pelage clair et de taille moyenne, vit sur un terrain de basalte à l'herbe désertique, au climat rude.

Malgré cela, elle a un rendement de 1.800 kilogrammes, que l'on pourrait améliorer.

Elle est, comme la Salers, la grande ressource de cette région.

Avant de terminer ce premier chapitre, je citerai pour mémoire la race Hollandaise, qui s'implante un peu partout. Elle a été introduite en France depuis fort longtemps.

C'est une grosse productrice en lait, puisqu'on a enregistré 5.000 kilogrammes et 3.000 pour certains sujets quelconques.

Son taux butyreux est variable aussi. Pour certains sujets, il est de 40 p. 1.000 et seulement de 36 pour d'autres.

La sélection est très suivie et poursuivie aussi bien en Hollande qu'en France.

Comme on le voit, la race joue un grand rôle dans la production laitière.

Si nous avons, dans la sélection, un excellent moyen pour activer la production, nous ne saurions toutefois améliorer certains sujets de façon à pouvoir leur faire atteindre les rendements exceptionnels des autres races.

Nous verrons dans la suite comment l'âge, la saillie, par exemple, influent sur la production laitière.

R. CIER.

Le Chasseur Français N°641 Juillet 1950 Page 426