L'Orpington

La poule Orpington est une des volailles les plus admirées dans les expositions. Impressionnante par sa taille et la beauté de son plumage, surtout dans les variétés noire et fauve, elle flatte l'œil et l'amour-propre de son propriétaire.

Cette race est de création relativement récente. L'aviculteur anglais Cook l'a fixée à la fin du siècle dernier en travaillant, par croisement, les races Minorque, Cochinchinoise, Plymouth-Rock et Langshan.

Elle eut un énorme succès dès son apparition, en raison de sa beauté et de ses qualités qui, à l'époque de son apparition, alors qu'il n'existait pratiquement pas de sélection-ponte suivie, l'avaient placée au tout premier rang des volailles utilitaires.

Actuellement les classes d'Orpington sont encore garnies dans les grandes expositions, mais elles ont perdu beaucoup de leur vogue d'antan.

Cependant, pour l'amateur qui désire une très belle volaille de parquet à qualités moyennes en tous points, elle peut être intéressante à élever.

Il existe plusieurs variétés d'Orpington : la noire, prototype de la race, la fauve, la blanche, la coucou, la pailletée et la jubilé ; c'est dans les deux premières variétés qu'on rencontre les meilleurs sujets au point de vue standard-forme.

Tous les sujets Orpington ont cependant des caractères essentiels identiques : la forme générale est arrondie, près de terre ; le plumage bouffant fait paraître l'animal encore plus volumineux qu'il n'est en réalité.

Le corps est massif, avec une poitrine très développée. La tête est plutôt petite ; la queue courte. Les tarses des doigts sont nus et ne sont jamais jaunes.

Les poids varient entre 3^kg,300 et 4^kg,500 chez la poule et entre 4 et 6 kilogrammes chez le coq.

La poule Orpington est d'une très grande rusticité ; elle s'adapte pratiquement partout en France. C'est une couveuse et une meneuse parfaite, à laquelle on peut confier une quinzaine d'œufs en toute sécurité ; cet animal est familier, très doux, et ne s'effarouche pas lorsqu'on a à l'approcher sur ses œufs.

La qualité de chair de la race est très bonne, mais il est indiqué de ne sacrifier les poulets qu'à partir de l'âge de cinq mois, si on veut obtenir de belles pièces ne présentant pas un pourcentage d'os trop important par rapport à l'ensemble.

La ponte de l'Orpington bien nourrie est de 140 à 150 œufs par an. Il faut éviter de lui laisser tenir le nid si on ne désire pas lui confier d'œufs, car cette volaille possède parfois un goût exagéré de la couvaison, d'où interruption de ponte et perte d'œufs consécutive.

Dès le premier soir où elles tiennent le nid, découvez l'Orpington en la plaçant immédiatement dans une caisse à claire-voie suspendue au milieu d'un poulailler clair, et donnez-lui de la verdure en abondance et un peu d'orge et de graines de lin.

Pour obtenir de beaux sujets bien développés à l'entrée de l'hiver, échelonnez vos incubations entre février et le début avril, afin que les poulets, dont le développement est assez long, soient bien formés à l'entrée de l'hiver.

La consanguinité est à proscrire formellement dans la race qui nous intéresse aujourd'hui, sous peine d'un abaissement du poids immédiat et d'une diminution de la vitalité, et c'est ce point qui rend un peu difficile actuellement l'élevage de la race, car il n'existe pas de très nombreuses souches pures en France susceptibles de fournir des coquelets de sang varié.

Certains croisements peuvent être tentés avec succès à l'aide des coqs Orpington ; d'abord l'augmentation de poids que l'on obtient facilement dans les basses-cours de ferme composées de poules communes, et surtout l'utilisation du croisement suivant : coq Orpington blanc X poules Leghorn blanches, utilisé fréquemment en Angleterre par les fabricants de poulets en batterie. Les issus de ce dernier croisement sont rustiques, plus calmes en batterie que le Leghorn pur et d'apparence plus belle à dix semaines en sortant des batteries pour l'alimentation des restaurants en poulets quatre quarts à griller ou à rôtir.

Les Américains, et surtout les Australiens, ont travaillé l'Orpington au point de vue ponte et en ont tiré une race plus légère, qu'ils ont dénommée l'Australorp. Peu répandue en France, cette race, après vingt années de stagnation, est en voie de prendre une place assez importante outre-Atlantique, et certaines poules Australorp, sélectionnées spécialement pour la ponte, se sont très bien classées dans les concours de ponte.

Mais il faut bien le dire, comme jusqu'à ce jour personne n'a pu créer une poule de très gros poids aux fortes aptitudes pondeuses, l'Australorp moderne ne rappelle que d'assez loin la grosse Orpington, dont elle est issue, et n'a pas l'allure massive et ronde qui plaît aux véritables amateurs d'Orpington.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°641 Juillet 1950 Page 428