Accueil  > Années 1950  > N°641 Juillet 1950  > Page 428 Tous droits réservés

Production des canetons

Les canards à viande.

— Les palmipèdes, de même que les gallinacés, ne font pas exception à la règle, c'est-à-dire que les races ayant une propension accentuée pour la ponte ne peuvent pas fournir des canetons aussi précoces, aussi lourds, ni à la chair aussi délicate, que les races sélectionnées en vue de la production de la viande.

En effet, si on compare des canes Coureurs indiens, ou encore des Khakis, à des races viandeuses, telles que les Rouens et les Aylesbury, on constate que les premières peuvent pondre annuellement 200 œufs, tandis que les seconds n'en pondent que 100 au maximum. Par contre, à âge égal, les canetons des races à viande pèsent largement un tiers de plus, et leur chair, qui est fine, délicate et savoureuse, est très appréciée des consommateurs. C'est donc à ces derniers qu'il faut donner la préférence quand on travaille pour la rôtissoire.

Les canards de Rouen.

— On distingue les Rouens français et les Rouens anglais. Ces deux variétés sont de formes identiques, seule la couleur du plumage, du bec, des tarses diffère, les nuances étant plus foncées chez les anglais que chez les français.

Tous les Rouens ont ceci de particulier, c'est que les femelles possèdent les mêmes attributs que les mâles (demi-collier, miroir, etc.), mais le fond de leur plumage est d'une teinte beaucoup claire (isabelle), tandis qu'il est d'un gris allant jusqu'au marron chez les mâles et même rougeâtre sur le plastron.

Le canard de Rouen est surtout apprécié en raison de sa précocité et de la délicatesse de sa chair. Le poids des adultes se maintient aux alentours de 3 kilogrammes, plutôt un peu au-dessus, et leurs canetons arrivent à peser 2 kilogrammes à deux mois, alors que l'on peut les livrer à la consommation.

Cette remarquable précocité est mise à profit par les canardiers qui, dans le cours d'une même saison, peuvent échelonner leurs incubations au fur et à mesure de la libération des éleveuses en batterie, ou des breeder-houses chauffés à l'eau ou à la vapeur. Les premiers canetons, dits de primeurs, atteignent toujours des prix élevés sur les marchés.

Le canard d'Aylesbury.

— Ce canard, d'origine anglaise, est aussi précoce que les Rouens, mais il est encore plus lourd. Toutefois, sa fécondité laisse à désirer, puisque les canes Aylesbury ne pondent guère plus de 50 œufs annuellement, contre une moyenne de 100 chez les Rouens et de 200 chez les Coureurs.

Avec les Aylesbury, on est obligé d'entretenir un plus grand nombre de reproducteurs, pour assurer le chargement des couveuses artificielles ; mais comme leurs canetons sont très recherchés comme primeurs de poids lourd, on fait souvent intervenir cette race au titre de géniteur, par croisement avec la cane Rouen.

Les dimensions et le poids de l'Aylesbury, mentionnés dans son standard, sont les suivantes : Mesuré allongé, de l'extrémité du bec au bout des doigts 90 centimètres chez le mâle ; 88 centimètres chez la femelle. Bec et tête : 16 centimètres chez le canard et 15 centimètres chez la cane. Poids moyen : mâle, 4 kilogrammes ; femelle, 3kg,500.

Le corps est long, épais, en ligne bien droite. Le plumage est d'un blanc pur, à reflets argentés, sans taches jaunes.

Production des œufs à couver.

— Pour déclencher une ponte précoce permettant le chargement des incubateurs de bonne heure, les reproducteurs doivent être logés confortablement, soignés et nourris rationnellement.

La canardière, devra procurer aux palmipèdes le maximum de bien-être et faciliter la salubrité du local. En outre, les pensionnaires auront à leur disposition une pièce d'eau ou un ruisselet pour leurs ébats.

Le peuplement pourra se faire en sujets de race pure, Rouen ou Aylesbury, à raison d'un mâle pour 4 à 5 femelles. Mais en principe, dès l'instant qu'il s'agit de produire des sujets de marché, on a intérêt à pratiquer le croisement. En prenant comme mâles les Aylesbury et les Rouens comme femelles on obtient des métis très précoces, à la chair succulente, ayant une propension manifeste à l'engraissement.

Pour satisfaire les besoins de l'ovulation, les reproducteurs devront recevoir une pâtée équilibrée en protéine, en minéraux et en vitamines, tous principes qui doivent être associés en proportions convenables dans les rations, avec les hydrates de carbone, représentés par l'amidon, les sucres, la fécule et la cellulose. Par conséquent, en plus des farineux et des pommes de terre, il est nécessaire d'ajouter des farines animales, du tourteau et des minéraux composés comprenant des éléments phosphocalciques, du sel marin, du charbon de bois pilé et du soufre. Vitaminer avec un peu de levure de bière et quelques gouttes d'huile de foie de morue. Ainsi équilibrée, la pâtée est à la fois énergétique, anti-parasitaire, stimulante, digestive, et l'élaboration des tissus osseux et viandeux s'en trouve activée.

La dose des minéraux associés à incorporer sera de 5 p. 100 environ du poids de la pâtée, qui sera distribuée légèrement humide pour faciliter sa déglutition.

Les reproducteurs doivent être nourris à satiété, mais sans gaspillage. Il en est de même des canetons qui reçoivent une pâtée analogue à celle des reproducteurs, mais en employant autant que possible, pour son humidification, du lait écrémé doux et même un peu acide, l'acide lactique ayant une action heureuse contre la coccidiose.

Une mesure de précaution à prendre avec les canetons, c'est de ne jamais les laisser aller à la mare tant que leurs plumes ne sont pas recouvertes de l'enduit cireux qui s'oppose à la pénétration de l'eau. En s'évaporant au soleil, le froid produit peut causer des pneumonies graves, souvent mortelles.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°641 Juillet 1950 Page 428