Les canards à viande.
— Les palmipèdes, de même que les gallinacés, ne font
pas exception à la règle, c'est-à-dire que les races ayant une propension
accentuée pour la ponte ne peuvent pas fournir des canetons aussi précoces,
aussi lourds, ni à la chair aussi délicate, que les races sélectionnées en vue
de la production de la viande.
En effet, si on compare des canes Coureurs indiens,
ou encore des Khakis, à des races viandeuses, telles que les Rouens
et les Aylesbury, on constate que les premières peuvent pondre
annuellement 200 œufs, tandis que les seconds n'en pondent que 100 au maximum.
Par contre, à âge égal, les canetons des races à viande pèsent largement un
tiers de plus, et leur chair, qui est fine, délicate et savoureuse, est très
appréciée des consommateurs. C'est donc à ces derniers qu'il faut donner la
préférence quand on travaille pour la rôtissoire.
Les canards de Rouen.
— On distingue les Rouens français et les Rouens
anglais. Ces deux variétés sont de formes identiques, seule la couleur du
plumage, du bec, des tarses diffère, les nuances étant plus foncées chez les
anglais que chez les français.
Tous les Rouens ont ceci de particulier, c'est que les
femelles possèdent les mêmes attributs que les mâles (demi-collier, miroir,
etc.), mais le fond de leur plumage est d'une teinte beaucoup claire (isabelle),
tandis qu'il est d'un gris allant jusqu'au marron chez les mâles et même
rougeâtre sur le plastron.
Le canard de Rouen est surtout apprécié en raison de sa
précocité et de la délicatesse de sa chair. Le poids des adultes se maintient
aux alentours de 3 kilogrammes, plutôt un peu au-dessus, et leurs canetons
arrivent à peser 2 kilogrammes à deux mois, alors que l'on peut les livrer à la
consommation.
Cette remarquable précocité est mise à profit par les
canardiers qui, dans le cours d'une même saison, peuvent échelonner leurs
incubations au fur et à mesure de la libération des éleveuses en batterie, ou
des breeder-houses chauffés à l'eau ou à la vapeur. Les premiers canetons, dits
de primeurs, atteignent toujours des prix élevés sur les marchés.
Le canard d'Aylesbury.
— Ce canard, d'origine anglaise, est aussi précoce que
les Rouens, mais il est encore plus lourd. Toutefois, sa fécondité laisse à
désirer, puisque les canes Aylesbury ne pondent guère plus de 50 œufs
annuellement, contre une moyenne de 100 chez les Rouens et de 200 chez les
Coureurs.
Avec les Aylesbury, on est obligé d'entretenir un plus grand
nombre de reproducteurs, pour assurer le chargement des couveuses artificielles ;
mais comme leurs canetons sont très recherchés comme primeurs de poids lourd,
on fait souvent intervenir cette race au titre de géniteur, par croisement avec
la cane Rouen.
Les dimensions et le poids de l'Aylesbury, mentionnés dans
son standard, sont les suivantes : Mesuré allongé, de l'extrémité du bec
au bout des doigts 90 centimètres chez le mâle ; 88 centimètres chez la
femelle. Bec et tête : 16 centimètres chez le canard et 15 centimètres chez
la cane. Poids moyen : mâle, 4 kilogrammes ; femelle, 3kg,500.
Le corps est long, épais, en ligne bien droite. Le plumage
est d'un blanc pur, à reflets argentés, sans taches jaunes.
Production des œufs à couver.
— Pour déclencher une ponte précoce permettant le
chargement des incubateurs de bonne heure, les reproducteurs doivent être logés
confortablement, soignés et nourris rationnellement.
La canardière, devra procurer aux palmipèdes le maximum de
bien-être et faciliter la salubrité du local. En outre, les pensionnaires
auront à leur disposition une pièce d'eau ou un ruisselet pour leurs ébats.
Le peuplement pourra se faire en sujets de race pure, Rouen
ou Aylesbury, à raison d'un mâle pour 4 à 5 femelles. Mais en principe, dès
l'instant qu'il s'agit de produire des sujets de marché, on a intérêt à pratiquer
le croisement. En prenant comme mâles les Aylesbury et les Rouens comme
femelles on obtient des métis très précoces, à la chair succulente, ayant une
propension manifeste à l'engraissement.
Pour satisfaire les besoins de l'ovulation, les
reproducteurs devront recevoir une pâtée équilibrée en protéine, en minéraux et
en vitamines, tous principes qui doivent être associés en proportions
convenables dans les rations, avec les hydrates de carbone, représentés par
l'amidon, les sucres, la fécule et la cellulose. Par conséquent, en plus des
farineux et des pommes de terre, il est nécessaire d'ajouter des farines
animales, du tourteau et des minéraux composés comprenant des éléments
phosphocalciques, du sel marin, du charbon de bois pilé et du soufre. Vitaminer
avec un peu de levure de bière et quelques gouttes d'huile de foie de morue.
Ainsi équilibrée, la pâtée est à la fois énergétique, anti-parasitaire,
stimulante, digestive, et l'élaboration des tissus osseux et viandeux s'en
trouve activée.
La dose des minéraux associés à incorporer sera de 5 p. 100
environ du poids de la pâtée, qui sera distribuée légèrement humide pour
faciliter sa déglutition.
Les reproducteurs doivent être nourris à satiété, mais sans
gaspillage. Il en est de même des canetons qui reçoivent une pâtée analogue à
celle des reproducteurs, mais en employant autant que possible, pour son
humidification, du lait écrémé doux et même un peu acide, l'acide lactique
ayant une action heureuse contre la coccidiose.
Une mesure de précaution à prendre avec les canetons, c'est
de ne jamais les laisser aller à la mare tant que leurs plumes ne sont pas
recouvertes de l'enduit cireux qui s'oppose à la pénétration de l'eau. En
s'évaporant au soleil, le froid produit peut causer des pneumonies graves,
souvent mortelles.
C. ARNOULD.
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