D'abord, qu'est-ce que le vent ? D'après sa meilleure
définition, le vent est avant tout de l’air en mouvement. Or l'air ne se
met en mouvement qu'à la suite d'influences thermiques ou de différence
barométrique.
Revoyons certaines définitions aussi rapidement et aussi
simplement que possible.
Quand la pression barométrique est la même en plusieurs
points du globe, et qu'on relie ces points par une ligne, celle-ci prend le nom
d'isobare, c'est-à-dire ligne d'égale pression. Lorsque ces lignes se
transforment en une courbe fermée, on a un centre dépressionnaire (ou de
basses pressions), si les pressions vont en décroissant de l'extérieur vers
le centre, et un anticyclone (ou centre de hautes pressions) si, au
contraire, les pressions vont en augmentant de la périphérie vers l’intérieur
(fig. 1). La représentation de ces centres est analogue aux figures
tracées sur les cartes d'état-major pour représenter les accidents de terrain.
La pente des hautes pressions vers les basses joue
évidemment un rôle capital dans l'origine, la force et la direction du vent. La
valeur de cette pente est égale à la différence de pressions entre deux points
considérés, divisée par la distance qui les sépare. Cette valeur s'appelle gradient.
Il semble donc que l'air va se mettre en mouvement tout
simplement en se laissant glisser des hautes vers les basses pressions en
suivant le gradient, comme fait l'eau d'un ruisseau qui descend de la colline
vers le creux de la vallée.
Les choses ne sont pas aussi simples ... La terre
tourne et, de ce fait, tous les mobiles, fluides compris, sont déviés
vers la droite de leur trajectoire dans l'hémisphère nord et vers la gauche
dans l'hémisphère sud. Ce déplacement latéral a reçu le nom de force de
Coriolis. De l'étude de cette force, et d'autres petites choses, est née la
loi de Buys-Ballot, loi bien simple dans sa forme courante qui est : dans
l'hémisphère nord, tournez le dos au vent, les basses pressions seront à votre
gauche, et inversement dans l'hémisphère sud.
C'est ainsi qu'en considérant un anticyclone et un centre
dépressionnaire on arrive à la distribution des vents, telle qu'elle est
indiquée sur la figure 2.
Nous y voyons tout particulièrement que les vents
tournent dans le sens opposé à celui des aiguilles d'une montre et en convergeant
vers le centre autour d'une dépression, tandis qu'ils tournent dans le sens des
aiguilles d'une montre, s'écartant du centre autour d'un anticyclone. Inversement,
bien entendu, pour l'hémisphère sud.
Ces phénomènes, ces centres d'action existent de façon à peu
près permanente dans notre atmosphère.
Ce sont les cinq grands anticyclones qui règnent dans
le Pacifique Nord, le Pacifique Sud, l'Atlantique Nord (vers les Açores),
l'Atlantique Sud, et enfin dans l'océan Indien.
Ce sont également les trois grands centres dépressionnaires ;
celui d'Islande celui des Iles Aléoutiennes, dans l'ouest de l'Alaska, et enfin
la couronne australe, qui fait le tour de la terre vers le 50e degré
de latitude sud.
S'il n'y avait autour de notre globe que ces huit centres
d'action, il n'y aurait en fait que des vents réguliers et persistants, mais il
existe d'autres centres non permanents, tel l'anticyclone de la Sibérie qui se
transforme saisonnièrement en dépression ce qui provoque, suivant le cas, la
mousson de nord-est et celle de sud-ouest qui balaient les Indes et l'océan
Indien, tels encore les centres saisonniers qui s'établissent sur le Canada ou
sur l'Australie.
Et il y a encore, et surtout, les dépressions et les
anticyclones qui ne sont ni permanents ni saisonniers et qui sont très
exactement la cause des mauvais temps ou des beaux temps que nous subissons.
Les vents régionaux ou locaux peuvent être également causés
par de simples différences de température, comme c'est parfois le cas pour le
mistral et comme c'est toujours le cas pour la brise de terre et la
brise de mer, qui soufflent de terre vers la mer la nuit parce que la mer garde
plus longtemps sa chaleur que le sol, et de la mer vers la côte dans la journée
parce que l'eau est plus longue que la terre à s'échauffer.
Parmi les principaux vents locaux de nos régions, nous avons
le bora, vent de l'Adriatique, le sirocco, vent d'Afrique qui traverse parfois
la Méditerranée, le fœhn, vent des Alpes suisses, et enfin le Mistral,
vent de la vallée du Rhône et du Sud-Est de la France. C'est de ce dernier
vent, c'est du Mistral, que je me propose d'entretenir les lecteurs du Chasseur
Français dans un tout prochain article.
PYX.
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