Il a été écrit sur ce sujet, dans les colonnes du Chasseur
Français, de très bonnes études soit sur la forme des nuages, soit sur les
différents météores qui menacent les cultures.
De plus, en France, les prévisions probables du temps sont
données plusieurs fois par jour soit sur le plan national, soit sur le plan
régional. Si on ajoute à ces derniers renseignements ceux donnés par les
stations d'avertissements agricoles, on peut écrire, sans se tromper, que le
viticulteur possède à sa disposition un réseau de prévisions fort complet.
Et pourtant !
Ce même vigneron a son atelier en plein air et le ciel comme
toiture. Il vit avec les intempéries et doit les supporter. Doit-on lui
demander, lorsque rentrant dans sa maison après une journée bien remplie,
d'être à l'écoute à l'heure précise et d'interpréter les phrases de l'émission
forcément concises en raison de l'implacable horaire !
Les émissions météorologiques, aussi précises et aussi
complètes qu'elles soient, ne peuvent qu'avoir un sens général, il leur est
impossible de prévoir les cas particuliers.
Expliquons-nous bien.
Le travailleur des champs vit dans un espace étroit; son
horizon est limité à une crête de colline, un rideau d'arbres, une lisière de
forêt, une rivière, etc. Seuls l'intéressent les phénomènes qui se passent dans
son atelier agreste.
Dans sa région géographique, allant de la commune au canton,
il se produit des phénomènes locaux, dus au relief du sol, à sa nature, aux
cultures, vallées, étangs, forêts, etc., vents dominants, remous, zones de
chaleur ou de froid, zones pluvieuses ou sèches, enfin tout ce qui constitue le
climat local.
Les gens de la campagne savent depuis l'antiquité prévoir le
temps, ils ont des repères; ainsi, quand il va pleuvoir, l'air devient plus
humide ; nous disons que son degré hygrométrique augmente ; le
vigneron n'a pas besoin d'appareils scientifiques pour le prévoir : telle
pierre « se mouille », la buée se forme sur les réservoirs d'eau
placés à l'intérieur des locaux ; les sons (sifflets ou cloches) se perçoivent
plus nettement, les volailles sont tristes et se tiennent immobiles, le cou
rentré, etc.
La couleur des nuages, la formation des couronnes et halos
autour de la lune sont également un signe de pluie prochaine.
En été, les orages s'annoncent par des faits faciles à
constater : dans la matinée, les rayons du soleil sont « piquants »,
les mouches très actives, le gros bétail inquiet.
Depuis la radio, les parasites caractéristiques
(crachements) annoncent le temps orageux.
La formation de brouillards le matin, est, dans certaines
régions, un signe avertisseur d'orage.
Enfin il y a bien d'autres moyens de prévoir le temps
orageux.
Il y a longtemps que l'on a observé que les nuages de grêle
avaient une forme et une couleur caractéristiques.
Enfin la gelée peut se prévoir avec assez d'exactitude par
l'examen du ciel au coucher du soleil. Si les étoiles brillent, que le vent
soit froid et vienne de la direction générale nord, la gelée est probable.
Toutes ces remarques ont fait depuis fort longtemps l'objet
de dictons. Ceux-ci sont forts nombreux, et quelques-uns se contredisent, ce
qui s'explique par le fait qu'ils ne proviennent pas de la même région.
Nous croyons utile et agréable de donner quelques-uns de ces
dictons, que nous extrayons de l'excellent ouvrage de M. Klein.
— À trois brouillards, eau.
— Après trois gelées blanches, l'eau en cruches.
— Ciel à tranches, éclairs de la foudre.
— Ciel moutonné (cirro-cumulus), s'il ne pleut pas le
soir, il pleut le matin.
— Air rouge le soir, beau temps amène. Mais, s'il
s'élève, ne pas s'y fier !
— Soir rouge et noir matin réjouissent le voyageur.
— Blanche gelée, d'eau est messagère.
— Cercle lointain (halo), eau voisine. Cercle voisin
(couronne), eau lointaine.
— Il n'y eut jamais de vent sans eau, il n'y a pas de pluie
sans vent.
— Nuages verts ou obscurs annoncent tempêtes avec
éclairs.
— Quand le coq boit en été, bientôt il pleut.
— Si le coq chante entre trois et quatre heures, le
temps est gâté.
— Lorsque le soleil joue à cache-cache à travers les
petits vides des nuages, eau à pleins brocs.
— D'abord le vent, puis la bruine, l'eau en terre
l'autre matin.
— Si le ciel se couvre sur la bruine, attends l'eau le
lendemain.
— Quand il pleut et que le vent souffle, ferme ta porte
et rentre chez toi.
— Quand le ciel est serein, mais la montagne obscure,
ne t'y fie pas, car rien n'est sûr.
— Quand la grenouille chante, le temps change. Nous
pourrions terminer cette énumération par ce distique :
Ciel pommelé, femme fardée Ne sont pas de longue durée.
Nous croyons fermement que le XXe siècle ne se
terminera pas sans qu'une autre forme de prévisions ait été mise en
application. Nous voulons parler des radiations astrales.
Nous savons que tout corps émet des radiations, propriétés
qui ont permis les recherches à l'aide du pendule et au moyen d'instruments
beaucoup plus précis.
Les anciens Orientaux l'avaient déjà remarqué et ils
pensaient que les événements qui se produiraient sous telle ou telle
constellation seraient heureux ou malheureux.
On a naturellement tourné ces croyances en dérision. Mais,
avec les progrès considérables de ces dernières années dans les mesures des
radiations astrales, nous sommes très près de donner une explication à ce que
les Égyptiens avaient pressenti il y a trois ou quatre mille ans.
De nos jours, il ne faut pas aller chercher bien loin. La
lune agit non seulement sur les marées, mais sur la vie végétale et animale.
Beaucoup de gens de la terre ne font rien comme ensemencements ou façons
culturales sans consulter les phases de la lune.
Il est probable, sinon certain, que la vigne, comme tout
végétal, subit l'influence des radiations astrales. Attendons pour en avoir
l'explication.
Une autre catégorie de radiations actuellement à l'étude :
ce sont les rayons cosmiques si préjudiciables à la radio. Quelle influence
ont-ils sur la végétation ? C'est ce que l'on est en train de chercher.
V. ARNOULD,
Ingénieur agronome.
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