Le confort a toujours été recherché par les constructeurs
d'automobiles. Il a fait l'objet de nombreux brevets, études, transformations.
Il semble que l'école américaine nous ait dépassé depuis
longtemps dans cette voie. On s'est vite aperçu que la vitesse pure, dans la
pratique, ne conduisait plus, à partir d'une certaine limite, qu'à un surcroît
considérable de dépenses, sans accroître sensiblement la moyenne.
Même les plus petites voitures modernes approchent le 90,
voire le 100 à l'heure. Si l'on considère que, sur un parcours varié, tel Paris-Nice,
les portions de route où l'on peut dépasser le 100, sans danger pour soi-même
ou pour tout autre usager, sont extrêmement réduites, il faut bien en tirer la
conséquence qu'il est très difficile de gagner un ou deux kilomètres à l'heure
sur la moyenne, quand celle-ci avoisine 70-75. Cette moyenne étant bien
difficile à améliorer, sans la construction d'autoroutes, il est donc naturel
de se pencher sur une autre face de la question, savoir : se déplacer d'un
point à un autre, à une vitesse commerciale normale, avec le maximum de
confort. Il semble que ce soit bien de ce côté que va s'orienter la
construction automobile de demain, tout au moins les fabricants, dont
l'économie n'est pas le souci unique, souci devant lequel tout doit s'incliner.
Les marchés étrangers réclament un confort que les véhicules français, aux
qualités certes brillantes, ne leurs apportent pas toujours. La légèreté fait
mauvais ménage avec le confort. Ce dernier exige des multicylindres, six ou
huit; des moteurs surpuissants à régimes normaux, des caisses spacieuses
insonores, des matériaux de premiers choix, des perfectionnements mécaniques,
tels l'embrayage et la boîte de vitesses automatiques, une suspension parfaite.
La construction américaine a atteint, dans cette voie, une position telle
qu'elle peut se considérer sur un terrain difficilement égalable. Beaucoup plus
difficiles sont les problèmes à résoudre lorsque, comme en France, par la force
des choses, la cylindrée doit être réduite, le châssis léger, la vitesse
satisfaisante, et la capacité de la carrosserie de quatre personnes avec
bagages.
C'est à ce moment que la chasse aux bruits, vibrations,
émanations, commence. La suspension elle-même devient difficile à solutionner
d'une façon sinon parfaite, tout au moins acceptable. On exige un système de
ressort suffisamment rigide pour que la tenue de route aux grandes allures soit
bonne et assez souple pour être à l'abri des mauvais pavés et des « nids
de poule ». Le ressort à lames, la barre de torsion et, plus récemment, le
ressort à boudin, combinés ou non à la lame, ont été mis, avec des succès
inégaux, à contribution. L'amortisseur, qui intervient pour réduire le coup de
raquette faisant suite à toute entrée en action du ressort, est passé au
premier plan avec la barre de torsion et le ressort à boudin, si généralisés
aujourd'hui. De grands progrès sont encore à faire de ce côté, qu'il soit
hydraulique ou à friction. Avec les caisses monocoques et tout acier, le
problème du silence rebondit. On se trouve en présence d'une boîte de résonance
où le moindre bruit, acceptable ou considérablement amorti avec une caisse en
bois, est sérieusement amplifié. Contre cela on a mis au point quelques remèdes
plus ou moins efficaces : tôle armée, revêtement insonore, garniture,
etc., mais il ne reste pas moins vrai que la caisse tout acier est bruyante et
que, comme pour toutes les carrosseries, l'âge n'améliore pas les choses.
Dans cette chasse aux bruits, un serrage des écrous et vis
de toutes les pièces de tôlerie et mécaniques frottantes donne de bons
résultats. La soudure autogène ou électrique, en unissant intimement et
définitivement deux pièces différentes, a réduit au maximum le nombre de pièces
fixées mécaniquement.
Le graissage des parties frottantes par chevauchement, avec
un lubrifiant spécial, est recommandé : le capot est souvent en cause avec
sa charnière centrale, son lacet de protection du tablier et radiateur, ses fixe-capot,
ses butées de caoutchouc. Un graissage complet de tous ces points, ou un
réglage sérieux, supprimera ces bruits d'autant plus désagréables qu'ils
prennent naissance devant le conducteur. Avec les ressorts à lames, les axes et
jumelles de ressorts ont souvent la conscience noire.
Les amortisseurs demandent des soins particuliers. Réglage
d'abord, qu'ils soient hydrauliques ou à friction, tous les 20.000 kilomètres,
avec échange des « silent blocs » de fixation. La plupart des bruits
de caisse sont causés par les portières. Il faut donc graisser régulièrement
les charnières et vérifier les butées, qui doivent assurer un calage parfait
des portes. Sur les carrosseries tout acier, le frottement de la porte contre
le montant peut être atténué en enfonçant un peu la tôle à l'aide d'un matoir,
afin d'éviter que les surfaces viennent en contact. Les moteurs flottants, avec
leur liaison collecteur d'échappement et châssis semi-rigide, font quelquefois
parler d'eux. Les timoneries, commandes de compteur, conduites et tuyauteries
demandent des vérifications particulières. Remarquons que la plupart des bruits
se manifestent souvent à une allure déterminée. Le régime des vibrations
s'étend, par exemple, de 50 à 70 ; au delà elles cessent, puis reprennent
à 90, etc. Question d'équilibrage impossible à remédier. Avec une voiture neuve,
on attendra le deux-millième kilomètre avant de procéder aux serrages et
révisions ayant pour but la suppression des bruits ; car c'est à ce moment
seulement que les organes auront bien fait leur place et qu'on pourra obtenir
une fixation définitive.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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