Mise à la mode après la guerre de 1870, lancée tout d'abord,
semble-t-il, par des libraires d'outre-Rhin, puis, de divers côtés, par des
particuliers, qui en revendiquèrent plus d'une fois l'exclusive paternité, la
carte postale illustrée a une vieille ascendance.
On en trouve le principe dans les anciennes cartes de
souhaits, dont l'industrie et l'emploi prirent, au XVIIIe siècle,
une si grande extension, et que ne dédaignèrent point de signer, en France, des
maîtres tels que Cochin, Saint-Aubin, Eisen, Choffard, Moreau le Jeune,
Fragonard ... dans ces charmantes petites estampes qui furent en usage
dans notre pays à partir du règne de Louis XIII, par le truchement du « billet
de visite », écrit la plupart du temps sur une carte à jouer — lequel
devait devenir bientôt cette paresse polie, la carte de visite, ornée au goût du
moment, — et qui tirent elles-mêmes leur lointaine origine de cet
Extrême-Orient, terre d'exquise urbanité, où la coutume de transmettre ses vœux
et compliments était observée déjà au Xe siècle, en des feuilles de
papier de riz minutieusement enluminées, dont les dimensions variaient avec la
dignité du destinataire.
Elle prit un essor considérable avec l’Exposition
Universelle de 1900, et, dans les années qui suivirent, son succès fut si grand
qu'il n'y eut guère, chez nous, de foyer qui ne possédât ce bel album, où se
rangeaient avec amour les cartes envoyées par les parents et les amis. Des
fervents s'en déclaraient alors passionnés. Puis elle se fit moins importante,
devint, ce qu'elle est de nos jours, un simple serviteur, à la fois fidèle et
discret.
Ainsi, les cartes postales illustrées ne sont plus guère
collectionnées pour elles-mêmes, et seuls les curieux et les érudits les
recherchent encore pour leur valeur documentaire. Mais la philatélie a suscité,
voilà quelques années, une forme nouvelle de collection de cartes postales. Celle
des cartes-maximum, qui commença à se développer pendant la dernière
guerre, et dont les adeptes, toujours plus nombreux, se groupèrent sous ce
titre : Les Maximaphiles français.
La carte-maximum est à peu près ainsi définie par les maximaphiles :
une pièce dont l'image photographique ou dessinée qui en forme l'illustration,
le timbre qu'elle porte, l'oblitération postale qui la revêt présentent entre
eux le maximum de concordance de sujet, de lieu et de temps. Cette pièce doit
avoir été affranchie « côté vue », son oblitération être nette,
d'origine pour les localités, les monuments et les personnages et, autant que
possible, du jour de rémission du timbre, ou commémoration d'un important
événement auquel se rapporte ce timbre, appropriée ou temporaire pour les
compositions symboliques. En aucun cas, l'illustration de cette pièce ne peut
être la reproduction agrandie d'un timbre-poste. Nulle écriture manuscrite ne
doit figurer sur un tel ensemble philatélique.
À titre d'exemple, est considérée comme vraie maximum la
carte postale reproduisant la photographie de Gambetta par Carjat, affranchie
avec le timbre de 0fr.55 « Gambetta », pour lequel cette photographie
a servi de modèle, et oblitérée à Cahors, lieu d'origine du tribun, le 30 octobre
1939, jour centenaire de sa naissance.
Une autre carte-maximum parfaite est celle qui représente la
Collégiale Saint-Bernard de Romans (Drôme), porte le timbre commémoratif émis
l'an dernier et montrant, dans le même aspect, le monument historique du XIIIe
siède, ce timbre frappé de l'oblitération spéciale du VIe centenaire
du rattachement du Dauphiné à la France, à la date du 14 mai 1949, qui est
celle de la parution de la figurine postale.
Que de cartes ont été ainsi créées, qui séduisent tant par
leur originalité et leur beauté que par leur côté instructif ! Mais que de
difficultés aussi, souvent, pour obtenir des pièces réunissant, au maximum,
les conditions requises, quand leur confection demande des connaissances à la
fois littéraires, artistiques, historiques, géographiques et scientifiques. Et
quelle volonté, quelle application, quel esprit d'initiative et de recherche
sont toujours, ici, nécessaires !
En même temps que par un intérêt documentaire et éducatif
incontestable, beaucoup de cartes-maximum se distinguent par une valeur
d'art certaine. Les collectionner, c'est constituer une sorte de musée du
timbre, d'où naît l'enchantement. Comment, dès lors, en face d'un domaine plein
d'attraits et incomparablement riche, l'amateur désireux de s'orienter parfois
hors des chemins battus ne serait-il pas tenté ? Comment le collectionneur
spécialisé ne serait-il pas engagé à « pousser » toujours davantage
et à exercer ainsi son intelligente activité !
Bien que jeune encore, la maximaphilie, cette branche
merveilleuse du bel arbre philatélique aujourd'hui séculaire, dont elle reçoit
toute la sève en ses diverses floraisons, a devant elle le plus brillant
avenir. Déjà, elle a porté de très beaux fruits.
Que, par des expositions, les maximaphiles les
fassent apprécier ! Que les réalisateurs de cartes-maximum — éditeurs
et particuliers — s'efforcent d'allier sans cesse aux qualités
essentielles exigées de telles cartes, celles que commande encore le goût dans
le choix le plus judicieux de leurs éléments constitutifs, une heureuse
interprétation, s'il y a lieu, une exécution particulièrement soignée, une
présentation absolument impeccable !
DRAIM.
P.-S. — Nouveautés de France : 1.000 fr.
pour poste aérienne ; brun et noir, sur grand format ; vue
panoramique de Paris ; dessin et gravure de Decaris ; émis le 16 janvier.
12 fr. + 3 fr ; outremer, sur grand format ; facteur rural ;
dessin et gravure de Decaris ; émis le 11 mars, à l'occasion de la journée
du Timbre. 15 fr. bleu foncé, sur grand format ; Raymond Poincaré ;
dessin et gravure de Gandon ; émis le 27 mai. 12 fr. bistre foncé,
sur grand format ; Charles Péguy ; dessin et gravure de Gandon ;
émis le 12 juin.
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