L'entr'aide chez les oiseaux.
— J'aime beaucoup les petits oiseaux et m'intéresse à
eux. Dernièrement j'ai vu sur la clôture de mon jardin un chardonneret aux
prises avec un bout de ficelle qui avait tenu attachées, l'année précédente,
des tomates. La ficelle ne voulant pas céder, notre charmant charpentier s'en
fut chercher du renfort et revint un instant plus tard avec son épouse, je
suppose. À tous deux, ils unirent leurs efforts, mais en vain ; arriva
ensuite, sans doute, un beau-frère ou un copain ; alors je vis une chose
qui jamais ne s'effacera de ma mémoire.
Deux chardonnerets tirèrent sur la ficelle de toute la force
de leurs petits becs, et le troisième, toujours à coups de bec naturellement,
trancha la difficulté. Le lendemain, ils revinrent et trouvèrent crins,
ficelles et débris de laine que j'avais déposés à leur intention, afin qu'ils puissent
édifier leur toit familial avec le moins de difficultés possibles.
Beaucoup d'humains devraient prendre exemple sur nos petits
oiseaux et ne pas songer qu'à la destruction.
Toine, au Lavieux.
Le venin de crapaud.
— En relisant ma collection du Chasseur Français,
l'écho paru en mars 1949 sous le titre « Chiens empoisonnés dans un
terrier » me remet en mémoire la mésaventure arrivée récemment à un mien
cousin.
Un jour de fin d'été, qu'il arrachait des pommes de terre
près de chez lui, il déterra un crapaud. Il le fit sauter dans une jachère
voisine, où il pourrait utilement détruire limaces et autres vermines. Son
jeune chien, âgé de quelques mois, étant près de lui, crut à une séance de
rapport habituel et se précipita sur le lieu de chute du crapaud, qu'il se mit
en devoir de rapporter, il eut tôt fait de lâcher l'animal, hurlant et mordant
à pleine gueule herbe, fanes de pommes de terre, etc., semblant avoir le feu en
gueule. Malgré lavages et ingestion de lait, une heure après il était mort.
Nous en avons conclu que le crapaud, employant son moyen de
défense habituel, lui avait déchargé son venin dans la gueule, provoquant une
fin aussi rapide que cruelle.
X ..., abonné à Villedieu (Indre).
Albinisme.
— Au printemps dernier, j'ai remarqué près de mon
habitation les allées et venues d'un chardonneret au plumage entièrement blanc-crème,
excepté la tête, qui était de couleur normale. Cette femelle chardonneret a
pondu des œufs de couleur également normale, mais, au moment de l'éclosion, le
nid a été enlevé par un violent coup de vent.
Il est très regrettable de n'avoir pas pu suivre l'évolution
des petits.
Jean BILLET, Blaudeix (Creuse).
Un de mes amis, M. Alexis Honard, a tué un merle à bec
jaune, dont la livrée est parfaitement blanche. Cet oiseau fait la curiosité de
mes voisins.
Abel MONGODIN, St-Cyr-du-Bailleul (Manche).
Chassant dans la propriété de la ferme historique de Notre-Dame,
près de Châlons-sur-Marne, j'ai eu la surprise de tirer un superbe garenne
d'une blancheur immaculée : pattes, tête, oreilles comprises. C'était une
femelle qui pesait environ deux livres et demie.
DELAGOUTTE, (Épernay).
Chasse au sanglier.
— Il y a près de cinquante ans, j'étais fonctionnaire
en Algérie, dans une commune mixte. La région, très boisée, contenait beaucoup
de sangliers. Et les hauts fonctionnaires de la commune avaient constitué une
excellente meute de chiens pour la chasse à ce gros gibier, au moyen d'un chien
de tête, de la race Saint-Hubert, venu de France à grands frais, et une
quinzaine de chiens kabyles, très mordants.
Un jour d'été, après avoir chassé toute la matinée sans
grand succès, les chiens lèvent un gros solitaire qui se fait battre longtemps
dans une futaie impénétrable, et finalement sort au bord d'un taillis, où il
est salué de plusieurs coups de feu. Il ne va pas très loin et tombe,
immédiatement coiffé par les chiens.
Tous les chasseurs se rassemblent autour de l'animal et,
voyant qu'il ne donne plus signe de vie, écartent les chiens.
Il fait très chaud ; le sanglier, énorme bête de poil
gris presque blanc, avec de longues défenses, gît, étendu de tout son long, sur
une touffe de bruyère.
Chacun de nous se repose à l'ombre, le fusil à terre ou à la
bretelle, tout en s'essuyant le visage couvert de sueur. Les chiens, tirant une
langue longue, sont tous couchés de-ci de-là.
Tout à coup, le sanglier, que l'on croyait mort, se relève,
et d'un bond fonce sur un chasseur, le plus près de lui. Celui-ci, son fusil à
terre, se trouve sous une grosse branche juste au-dessus de sa tête. Ayant vu
d'un instant de raison le geste du sanglier, il a la présence d'esprit de
s'agripper des deux mains à la branche, et la bête lui passe entre les jambes,
plantant ses crocs dans le tronc de l'arbre !
Grand émoi des chasseurs, qui n'ont pas le temps de se
ressaisir avant de voir le sanglier disparaître dans le fourré.
Les chiens, très fatigués, ne se sont aperçus de rien et ne
bougent pas.
Comme il est plus de midi et qu'il fait une chaleur torride,
on décide de rompre la chasse, quitte à la reprendre plus tard. Chacun rentre
déjeuner chez soi, assez perplexe.
Le lendemain matin, on retrouva la piste du sanglier et,
après l'avoir suivie pendant environ un kilomètre, on finit par découvrir le
solitaire dans un épais fourré ; mais, cette fois-ci, il était bien mort.
E. M. C.
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