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La minéralogie coloniale

Comme principe de base géologique, il faut retenir deux facteurs importants qui ont déterminé les espèces et leur profondeur. Le premier est la matière en fusion. À l'origine, la surface du globe était constituée par cette matière. Un refroidissement s'opéra, qui amena la formation d'une croûte. Sous celle-ci la fusion continua, dégageant des gaz. Ceux-ci, comprimés par la croûte (50 kilomètres d'épaisseur actuellement) cherchèrent à s'échapper, et la partie la plus faible ne put résister sous l'effet de cette pression. Dans cette partie, il se forma une élévation, les gaz formèrent une ouverture et entraînèrent cette matière en fusion (volcan). Où la croûte résista, elle se suréleva (montagnes).

Dans le second facteur, ces gaz échappés formèrent une très forte condensation qui rapidement se changea en eau. Cette eau retomba sur la terre et s'étendit sur les parties les plus basses (mers). Certaines de ces mers disparurent, asséchées (Tchad). Sur des milliers d'années, on peut considérer qu'il y a de perpétuel mouvement de va-et-vient (affaissement et élévation). Une partie de croûte terrestre disparaît et une autre réapparaît. Pour l'Atlantique, l'Atlantide ; pour le Pacifique, le continent Mû. Il suffit donc un jour d'un renversement de l'ordre de ces facteurs. Disparition de quelques volcans en activité sous la mer, déterminant une formidable pression et la réapparition d'un continent en même temps que la disparition d'un autre.

Il n'est pas utile de songer non pas à la fin du monde habité, mais à sa transformation. Cette théorie ne peut intéresser la minéralogie coloniale.

Après des milliers d'années, la matière initiale se désagrégea, se transforma. L'usine chimique de la nature travailla doucement, mais irrévocablement. Suivant ces transformations et le temps nécessaire à celles-ci, cette matière s'échelonna en des couches plus ou moins profondes (primaire, secondaire, tertiaire, quaternaire) et en des phases différentes selon toujours les époques. On trouvera ainsi des dépôts carbonifères et minéraux vers les montagnes et les nappes pétrolifères et dépôts salins, vers les mers en général.

Ceci dit, en ce qui concerne l'exploitation minière, il sera brièvement indiqué, à titre d'exemple, deux espèces d'extraction : celle d'un minerai métallique et celle d'un minerai lithique (fer et phosphate).

Le minerai se présente sous des formes diverses et à une plus ou moins grande profondeur. Il ne paraît pas utile de donner des détails sur la qualité et la composition des différents minerais, ceux-ci mèneraient trop loin le cadre de cette description rapide, mais on peut signaler que, suivant la profondeur des filons, l'extraction est souterraine ou superficielle (minière ou à ciel ouvert). Si une partie seulement des exploitations est souterraine, des difficultés d'abattage ont pour effet de réduire la production des mines qui ne fournissent alors que le tiers de la production totale. Les autres, par contre, sont d'une exploitation plus facile, produisant deux fois plus, mais nécessitant une organisation d'installation plus onéreuse.

L'exploitation peut comprendre trois divisions équipées de manière à produire chacune 2.000 postes de travail. Les champs d'exploitation peuvent avoir chacun un millier d'hectares et renferment de 15 à 20 millions de tonnes, soit une réserve de trente ans. Toutes les exploitations ne sont pas si importantes, mais sont néanmoins industriellement et commercialement exploitables.

Les réserves sont desservies par des traînages extérieurs à câbles sans fin. Le traînage intérieur comprend des galeries principales, les secondaires ou plans et les tertiaires ou recoupes. Aux plans correspondent des panneaux de 500 à 1.000 mètres sur 15 ; les piliers sont pris par enlevures rabattantes de 5 mètres de largeur. On recherche des bandes favorables, bandes et contrebandes devant rester dans des limites admissibles. On plie donc dans une certaine mesure ; selon la topographie tourmentée de la couche, les galeries principales affectent une allure sinueuse. Les galeries secondaires peuvent avoir toutes des orientations possibles, et les tertiaires sont obliques sur les secondaires, de telle façon à permettre l'emploi d'aiguillages plus pratiques que les plaques tournantes. L'abattage se fait oblique. Le phosphate est porté dans des berlines de 500 litres, roulées à la main jusqu'aux plans. Les chantiers d'un même panneau sont décrochés de façon qu'il y ait au moins 15 mètres de distance entre deux chantiers consécutifs. Le travail de déboisage est fait par des spécialistes et doit être effectué avec célérité et dans le plus grand silence, pour permettre de noter les moindres signes de charge. En général, la chute du toit suit l'enlèvement du bois. Lorsque l'éboulement est prématuré, il faut les abandonner. Lorsque le toit ne tombe qu'au bout de quelques jours, il provoque un déplacement d'air considérable qui nécessite des précautions au voisinage. Les mouvements se traduisent à l'extérieur par des effondrements. Le recouvrement est peu épais, mais les accidents de surface ne portent pas à conséquence dans les pays où les constructions sont rares.

Le roulage général emploie des voies de 9 kilos à traverses métalliques dans les secondaires, des voies de 12 ou 20 kilos à traverses de chêne dans les principales. Le roulage secondaire se fait par locomotive à accumulateurs, et le roulage principal par locomotive à trolley. Le secondaire et les principales sont équipés en traînage par câbles sans fin. La comparaison des deux systèmes a permis des remarques intéressantes. Dans les secondaires, les traînages sont plus économiques que les locomotives et que les mulets, mais on doit chercher à les allonger afin d'y réduire le nombre et de diminuer ainsi les frais d'installation de cales et de treuils ; dans les principales et jusqu'à 2.000 mètres environ de distance, la traction électrique équivaut au traînage comme dépense d'exploitation.

Enfin, le minerai extrait est criblé, dégangué, lavé dans certaines circonstances et stocké en brut ou mis en sac. Quand il y a séchage, celui-ci s'effectue au four rotatif ou à l'air libre. Il ramène l'humidité de 14 à 2,5 p. 100.

Dans les gisements de phosphate à Kourigba au Maroc, situés à une certaine hauteur au-dessus de la plaine, on transporte le minerai par wagons munis de dynamos de recharge, qui permettent de fournir un courant d'énergie suffisant peur faire remonter à la mine les wagons vides.

A. E. V. A. GIRONIMI DE SAINT-PÈRE.

Le Chasseur Français N°643 Septembre 1950 Page 566