Origine et caractères.
— Le Loganberry est une ronce provenant d'hybridation
du framboisier et de la ronce commune, trouvée en Amérique dans un semis, il y
a près de trois quarts de siècle. Assez répandu aux États-Unis et en
Angleterre, où son fruit est fort apprécié, il l'est beaucoup moins chez nous.
C'est un sous-arbrisseau de grande vigueur, vivace par une
souche ligneuse, s'étalant sur le sol, et sur laquelle naissent des tiges
aériennes qui peuvent atteindre 3 à 4 mètres de hauteur. Ces tiges vivent deux
ans comme celles du framboisier; elles ont une écorce brun violacé, recouverte
d'une pruine glauque et parsemée d'aiguillons peu résistants. Les feuilles sont
à trois folioles larges, gaufrées, vert foncé en dessus et blanchâtres en
dessous.
La seconde année naissent sur ces tiges des rameaux courts,
terminés par une grappe de fleurs blanc verdâtre auxquelles succèdent des
fruits d'abord rouges, puis noirs à maturité, allongés et volumineux, dont le
goût acidulé et parfumé est cependant moins fin que celui de la framboise.
Le fruit se mange frais et peut servir à faire des compotes
et aussi des confitures particulièrement appréciées. Cueilli avant maturité, il
supporte bien le transport.
Exigences.
— Bien que s'accommodant de presque tous les terrains,
le loganberry ne donne de rendements intéressants que dans les sols de
fertilité moyenne, un peu frais. Il peut réussir en situation plus ou moins
ombragée, mais fructifie beaucoup mieux aux expositions ensoleillées, où il vit
aussi plus longtemps. Il résiste, sans en souffrir aucunement, aux plus basses
températures.
Multiplication.
— Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la
multiplication du loganberry est difficile ; c'est ce qui explique en
partie le peu d'extension de cette culture en France. Cette multiplication peut
se faire, soit par marcottage, par couchage, soit par bouturage en sec pendant
l'hiver, sous cloche et sur couche chaude, soit encore par semis pratiqué après
stratification des semences dès que celles-ci commencent à germer, c'est-à-dire
dans le courant de février.
Le marcottage est, des trois procédés, celui qui réussit
le mieux, à condition, toutefois, que les rameaux marcottés soient demi-ligneux
et non plus herbacés. Mais c'est un procédé lent.
Le bouturage ne donne que des résultats très partiels. Quant
au semis, il donne une grande proportion de plantes de qualité inférieure et ne
peut guère être recommandé.
Plantation.
— Elle doit être précédée d'un labour assez profond au
cours duquel on enfouit une bonne fumure de fond. On plante pendant la période
d'arrêt de la végétation, c'est-à-dire d'octobre à mars. Si la plantation doit
avoir une certaine importance, les lignes seront distantes de 2 mètres et les
pieds à 1m,50 au moins sur les lignes. Sur chaque rang, on disposera
par la suite des piquets supportant trois fils de fer horizontaux espacés de 40
centimètres environ.
Taille.
— Elle se pratique à la sortie de l'hiver et consiste à
supprimer les rameaux de deux ans près de leur point de départ sur la souche,
ainsi qu'un certain nombre de rameaux de l'année précédente, pour n'en
conserver que 4 à 6, choisis parmi les plus beaux. Ceux-ci sont taillés à une
longueur en rapport avec leur développement : 1m,50 à 2 mètres
et plus, et palissés sur les fils de fer horizontaux. Une taille trop longue
est à déconseiller, car elle aurait pour effet de fatiguer la souche qui ne
pourrait produire les pousses vigoureuses nécessaires à la bonne fructification
de l'année suivante.
Travaux de culture.
— Il convient de tenir le sol de la plantation en bon
état de propreté par des façons superficielles, de palisser verticalement sur
les fils de fer les rejets qui se développent sur la souche et de supprimer les
plus faibles pour donner de la force à ceux que l'on conserve. Chaque année, ou
au moins tous les deux ans, on apporte en hiver et on enterre par un labour
très superficiel une fumure d'entretien au fumier très décomposé ou aux engrais
minéraux.
Variétés.
— Le Loganberry phénoménal, à feuillage un peu
plus large que le type, est encore plus vigoureux et plus fructifère. La saveur
du fruit est plus fine et la maturité plus précoce.
Eldorado, bonne variété américaine de très grande
vigueur. Japanese Wineberry, autre variété vigoureuse et productive, à
petit fruit très juteux.
En outre, on cultive en Angleterre plusieurs ronces assez
voisines du loganberry et qui proviennent, pour la plupart, de croisements
entre framboisier et ronce. Nous citerons encore :
Newberry, à fruit rouge foncé, fructifiant sur le
bois de l'année.
Veitchberry, très vigoureux et très fertile, à fruit
deux fois plus gros qu'une framboise, de saveur douce, mûrissant en août.
Conclusion.
— On voit, par cet exposé, que le loganberry est, en
somme, peu exigeant et de culture facile. Son grand avantage est de fournir des
fruits qui pourraient trouver à l'étranger, et notamment en Angleterre, des
débouchés intéressants. Il serait donc désirable que cette culture, jusqu'ici
peu pratiquée chez nous, puisse y prendre davantage d'importance en vue de l'exportation
de ses produits.
E. DELPLACE.
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