L'amortisseur, contrairement à ce que beaucoup d'usagers
croient, est tout autre chose qu'un accessoire. C'est un ensemble mécanique
dont le rôle n'a fait que croître avec l'augmentation de la vitesse pure des
automobiles et la généralisation des systèmes de suspension à ressorts
hélicoïdaux (dit plus communément à boudins) ou à barres de torsion. Il demande
une vérification périodique et un minimum d'entretien.
Le but à atteindre est une meilleure tenue de route. Encore
il convient de bien s'entendre. Un châssis vite, plaquant à la route, avec
lequel seule la moyenne compte, réclame une suspension dure, alors que
l'usager, plus paisible, qui désire se déplacer avec le maximum de confort,
d'un point à un autre, sans grand souci de performances, sera parfaitement
satisfait avec une suspension souple où l'intervention de l'amortisseur est
limitée. Avant de juger un des deux systèmes, il importe de ne pas perdre de
vue ce côté de la question.
Chacun sait comment l'amortisseur travaille. Si un obstacle,
creux ou bosse, se présente sur la route, le choc est absorbé en partie par le
pneumatique et en partie par le ressort de suspension. La part du choc absorbée
par le pneu reste sensiblement constante. Plus le choc sera grand, et plus
l'intervention de la suspension sera importante. Donc le ressort absorbe, puis,
dans l'instant qui suit, se détend, entraînant une première secousse à la
voiture et aux passagers. Puis une suite d'oscillations dont l'amplitude est de
plus en plus réduite prennent naissance et se succèdent, jusqu'à l'instant où
toute l'énergie emmagasinée par le ressort se trouve restituée ; ces
dernières secousses imprimées au véhicule sont désignées communément sous le
nom de « coups de raquette ». L'amortisseur doit les faire sinon
disparaître, tout au moins les amoindrir considérablement.
Depuis cinquante ans, les modèles d'amortisseurs présentés
au public ont été nombreux et les brevets ne se comptent plus. On distingue
deux grandes classes d'amortisseurs :
ceux qui fonctionnent à friction et ceux qui font appel à un
liquide, généralement l'huile, dit hydrauliques. Il semble que l'hydraulique
joue un rôle presque parfait avec la suspension à lames classique. Le ressort à
lames, grâce au frottement qui intervient entre les lames, lorsque celles-ci
travaillent, est, de lui-même, auto-amorti. Avec lui l'hydraulique effacera les
coups de raquette dans le minimum de temps. Une suspension tout caoutchouc,
telle que celle que nous commençons à voir sur quelques modèles d'avant-garde,
ou encore le semi-caoutchouc, peut même parfaitement se dispenser
d'amortisseurs. Le système à friction a donné d'excellents résultats avec les
barres de torsion et les ressorts hélicoïdaux.
Là, les amortisseurs travaillent au maximum, et leur rôle
sur la suspension devient de premier plan.
Avec ces châssis, il sera nécessaire de veiller avec
attention sur leur réglage et leur entretien.
Des agents extérieurs viennent troubler parfois le bon
fonctionnement des amortisseurs. Pour les amortisseurs à friction, ce sont
l'humidité, la pluie, la boue, l'usure des garnitures frottantes. Quant aux
hydrauliques, leur grand ennemi est la température, dont les variations
influent sur la viscosité de l'huile. Dans certains systèmes, un thermostat,
agissant sur un pointeau, permet d'obvier à cet inconvénient.
L'étanchéité a été un écueil sur lequel s'est brisé
longtemps ce genre d'appareil. Les amortisseurs à friction ont lutté contre les
éléments extérieurs en enveloppant leur mécanisme dans des carters étanches.
Le diagramme d'amortissement varie d'une réalisation à
l'autre. Chaque constructeur fait appel à un genre de fonctionnement qui lui
est propre et n'en démord pas. Les uns présentent des amortisseurs qui freinent
de semblables manière et d'égale force dans les deux sens : choc et
détente ... D'autres, au contraire, laissent le choc entièrement ou
presque à la charge du ressort, sans intervention active de l'amortisseur, et
freinent la détente énergiquement. Avec les hydrauliques, l'action est
proportionnelle à la vitesse de débattement des roues. À vitesse réduite
débattement lent, action réduite de l'amortisseur ; à vitesse maximum
action puissante, puisque dans un temps moindre doit passer la même quantité de
liquide par l'orifice calibré.
Avec les appareils à friction, on a fait appel à des
systèmes de cames qui amplifient le serrage des disques au fur et à mesure que
l'amplitude du débattement de la roue s'accroît. Suivant le dessin de la came,
on détermine d'une façon précise la puissance du freinage d'après une position
donnée de la roue.
Les amortisseurs hydrauliques télescopiques ont connu, ces
dernières années, une vogue considérable. Ils la doivent surtout à leur
facilité de logement sous le châssis ou sur une barre de torsion, ou encore à
l'intérieur d'un ressort hélicoïdal, et à leur poids réduit. Ils sont également
du type à freinage égal dans les deux sens, ou à action inégale dans la
compression et la détente.
Tous les 20.000 kilomètres, il y a lieu de faire démonter
les amortisseurs, de vérifier leurs disques de friction ou le plein d'huile
suivant le cas. On changera presque toujours les bagues caoutchouc des points
d'articulation, qui, parleur usure, donnent naissance à des bruits désagréables
amplifiés avec les coques tout acier.
Le réglage des amortisseurs doit être aussi très fréquent.
Il est indispensable, si l'on veut une bonne tenue de route, que la tension des
amortisseurs ait, sur le même essieu, la même valeur. On utilise à cet effet un
peson ou dynamomètre. On fixe, à l'étau, un des bras de l'appareil, quand
celui-ci est à friction, et on exerce une traction sur l'autre bras à l'aide du
peson. On mesure l'effort nécessaire pour déplacer le bras. Cet effort doit
être égal pour les amortisseurs du même essieu. Suivant le type de la voiture
ou le genre de suspension, on règle différemment l'avant et l'arrière.
On termine le réglage, une fois les amortisseurs en place
sur la voiture, en augmentant ou en diminuant, suivant le cas, leur serrage, et
ce d'une même quantité.
Pour les amortisseurs hydrauliques, à levier, même façon de
procéder. Avec les télescopiques, on serre à l'étau le tube extérieur ; on
accroche le peson à l'extrémité du tube intérieur en veillant à ce que le peson
se déplace parallèlement à l'appareil.
Bien réglés, les amortisseurs sauront toujours vous apporter
leur précieux concours et vous assureront confort et sécurité.
G. AVANDO,
Ingénieur E. T. P.
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