Serpents venimeux du Tchad

Les Najas (dits Hajés ou Cobras) sont de grands serpents à l'apparence de grosses couleuvres, noires, grises, brunes, variable. Dendraspis vit sur les arbres, long et mince, très agile, couleur vert-malachite (serpent vert des bananiers), et plus au Sud, D. angusticeps (le terrible Mamba), aux reflets de plomb, atteint 4 mètres. Les Causus portent sur la tête un V en chevron ; ils ont la couleur et la longueur de l'aspic de France. Bitis (la vipère du Gabon) est caractérisée par sa torpeur, sa grosseur (atteint 6 kilogrammes), à sa tête en triangle presque équilatéral ; à sa robe de soieries splendides ; elle progresse en oblique, par une série d'à gauche, en escalier couché. Bitis arietans (vipère heurtante) a pris au python son coup de bélier ; elle siffle et souffle avec bruit. Bitis nasicornis porte au bout du museau des écailles redressées. Céraste porte ses deux cornes en guise de sourcils. Echis est vert-olive et la tête déborde de beaucoup le cou. Atheris a la tête trois fois plus large que le cou. Les Atractaspis sont de petite taille et de museau rond.

Ne pas compter sur la coloration pour déterminer une espèce. Le Zoo de New-York possède un magnifique Dendraspis viridis, qui est tout entier d'un beau jaune-jonquille.

Remarquer que tous les serpents d'Afrique équatoriale, qui ont sur la tête un casque de petites écailles (sauf le petit Eryx saharien), sont venimeux. Que tous les serpents non venimeux ont sur la tête une armature de grandes plaques au nombre de 9. Malheureusement, certaines espèces très venimeuses sont également coiffées de plaques : Naja, Dendraspis, Causus.

Les petites écailles de la tête s'accompagnent de pupilles verticales et d'écailles carénées sur le corps. Mais de nombreux serpents inoffensifs ont les écailles carénées et la pupille en ellipse verticale.

Les genres à petites écailles sont ici : Bitis, Cérastes, Echis, Atheris. Mais les genres : Naja, Dendraspis, Causus et Atractaspis sont coiffés de larges plaques, ont la pupille ronde et les écailles lisses.

Aucun signe infaillible ne permettant de distinguer à première vue un venimeux d'un inoffensif, le procédé pratique consiste à examiner les dents, à faire saillir les crochets souvent couchés en arrière dans une gaine muqueuse, ou encore à confier la tête à des fourmis. Ensuite prendre en note tous les détails du corps de la bête, sans oublier l'aspect général : après deux ou trois études de ce genre, on les reconnaît à dix pas. Priez vos chasseurs de leur casser les reins sans réduire la tête en bouillie.

En approchant d'un serpent inconnu, tenir le bras gauche en travers devant les yeux, en cas d'un jet de venin (à 2 mètres) d'un serpent cracheur (Cobra).

Cobras et Bitis aiment à entrer dans les maisons, surtout dans les douchières, dont l'humidité les attire. Placer un bouchon de grillage dans le tuyau de sortie de la douchière. Les ampoules de sérum et seringues ne sont pas faites pour être exposées à titre d'œuvres d'art sur une étagère de la maison ; mais être à demeure dans une sacoche qu'on n'oubliera jamais quand on sort. Avec le Dendraspis, vous avez une demi-heure.

L'Institut de Brazzaville fournit le sérum. Vérifier qu'il est pour l'A. É. F. Celui de l'A. O. F. ne suffit pas, à cause des Dendraspis. À défaut de sérum, faire une application de permanganate.

Les crochets brisés ne tardent pas à être remplacés. Pour marcher en brousse, il vaut mieux être en gros souliers de chasse et guêtres de cuir. Se promener pieds nus en espadrilles est dangereux. Le héros colonial Conus, déjà dans le coma, ne fut sauvé que par l'arrivée fortuite du commandant Vicaire.

F. DE BELINAY.

N.-B. — D'après l'excellent livre. Les serpents de l'Afrique Orientale Française (Larose, 1935), de F. ANGEL, assistant d'herpétologie au Muséum, à Paris, les serpents venimeux de l'A. O. F. (et ceux de l'A. É. F. sont presque tous les mêmes) se réduisent à huit genres : Naja, Dendraspis, Causus, Bitis, Céraste, Echis, Atheris, Atractaspis, formant les vingt et une espèces suivantes :

Le Chasseur Français N°644 Octobre 1950 Page 631