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Les ravageurs des jardins

Principaux déprédateurs.

— Les légumes cultivés au jardin, avec tant de soins, sont l'objet de la convoitise d'une foule d'animaux appartenant au monde des insectes, des mollusques, des rongeurs, ainsi que des parasites végétaux, dont le nombre est considérable.

Pour pouvoir récolter le fruit de son travail, le jardinier professionnel, de même que l'amateur, est tenu d'organiser une lutte sans merci contre tous les déprédateurs, en appliquant les meilleurs traitements ayant le maximum d'efficacité dans tous les cas particuliers, notamment en certaines années, lorsqu'il y a pullulation et que les potagers sont infectés et infestés par les champignons, les insectes et autres parasites, animaux et végétaux. L'étude des moyens de lutte, étant très complexe, devra nécessiter plusieurs articles.

Les acares.

— Ce sont des araignées minuscules, rouges ou grises, qui s'attaquent surtout aux carottes, aux melons, aux haricots, à la vigne, au poirier, etc.

L'araignée rouge des jardins, vulgairement aoûtat, ne préjudicie pas seulement les plantes, mais elle gratine l'homme de douloureuses piqûres qui occasionnent des démangeaisons intolérables.

Dans les jeunes semis, les acares sont parfois si nombreux que toutes les plantes sont dévorées en émettant leurs cotylédons. Dans les serres et les bâches, on les anéantit en y brûlant du soufre, qui dégage de l'acide sulfureux. En pleine terre, on effectue des saupoudrages de soufre sublimé. Les solutions de pentasulfure de potassium en pulvérisation sont encore plus efficaces, mais il ne faut pas dépasser la dose de 3 à 4 grammes par litre d'eau, si on ne veut pas risquer de brûler les jeunes tissus.

L'action du soufre est encore plus efficace si on fait suivre, le lendemain, une pulvérisation nicotinée à la dose de 400 grammes de nicotine alcaloïde par hectolitre d'eau.

Altises.

— Les altises sont de petits coléoptères sauteurs qui causent de graves préjudices dans les potagers, principalement aux crucifères, ces plantes étant dévorées aussitôt leur levée, surtout pendant les années chaudes. Ces insectes phytophages mesurent depuis 2 jusqu'à 5 millimètres de longueur. Ils font disparaître en quelques jours les semis de choux, de navets, de radis, etc., si on ne fait rien pour empêcher leur multiplication.

L'altise potagère accole ses œufs sous les feuilles dont elle se nourrit. Les larves qui éclosent continuent les ravages, puis elles vont se nymphoser en terre pour donner naissance à de nouvelles générations d'insectes.

On recommande, pour les détruire, de passer souvent au-dessus des jeunes semis une planche enduite de goudron liquide, après laquelle les altises viennent s'engluer. On recommande également les saupoudrages de substances pulvérulentes caustiques telles que suie, chaux, plâtre, scories, poudre de pyrèthre, naphtaline, etc., ainsi que les pulvérisations de solutions émulsionnées contenant 2 litres de pétrole et 500 grammes de savon noir dans 100 litres d'eau. Mais les bouillies arseniquées sont encore plus efficaces. Leur composition est la suivante :

Lait de farine en empois 100 grammes.
Chaux fraîchement éteinte 100
Ajouter et mélanger vert de Paris 50
Eau de pluie 10 litres.

La désinfection du sol au pal (6 trous par mètre carré), avec 4 kilogrammes de sulfure de carbone à l'are, asphyxie les altises et les autres hivernants du sol pendant la morte-saison. On peut aussi employer les produits de synthèse (H. C. H., S. P. C. et D. D. T.), appliqués trois semaines avant le semis, que l'on enfouit en donnant deux crochetages croisés, afin que le produit se trouve enterré de 6 à 10 centimètres.

L'action insecticide est toujours plus marquée dans les terres légères que dans les sols compacts.

Les hormones 2-4-D, H. C. H. et S. P. C. s'emploient à la dose de 200 grammes à l'are, après les avoir mélangées à 2 kilogrammes de terre sèche ou de terreau pour faciliter l'épandage.

Bruches.

— Petits charançons qui s'attaquent à toutes les graines de légumineuses potagères. On distingue la bruche des pois, dont l'insecte parfait mesure 5 millimètres de long. La bruche des fèves est à peu près de la même taille, mais les bruches des haricots et des lentilles ne mesurent guère que 3 millimètres.

Tous ces charançons pondent sur les gousses de leurs légumineuses respectives au printemps. Les larves qui éclosent pénètrent dans les grains, qu'elles rongent et où elles restent pour effectuer leurs métamorphoses durant l'hiver. Au printemps suivant, les bruches sortent de leur prison pour recommencer le cycle de leurs déprédations.

En principe, on ne devrait jamais semer de graines contenant des bruches sans les soumettre à une désinfection préalable. Le mieux que l'on peut faire, c'est de les soumettre à l'action asphyxiante du sulfure de carbone, en versant le liquide dans une large soucoupe, au-dessus du grain à désinsectiser, celui-ci étant placé dans un récipient quelconque, hermétiquement clos. Au bout de vingt-quatre heures, les charançons sont détruits. La dose de sulfure de carbone à faire évaporer est de 50 à 60 grammes environ par hectolitre de semence.

Avoir soin de ne pas respirer les vapeurs de sulfure, qui sont éminemment toxiques, ni d'approcher la flamme d'une lampe parce qu'elles sont inflammables.

Un procédé plus simple et plus efficace encore consiste à ne semer que des graines de deux ans, après les avoir mises en sac. Au printemps suivant, lorsque les insectes parfaits sortent pour se reproduire, ils meurent à l'intérieur de l'emballage. La semence ne peut donc pas contaminer les cultures. Si tous les jardiniers opéraient ainsi, la race des bruches, qui occasionne tant de préjudices, s'éteindrait à bref délai.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 673