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Un légume d'hiver

L'oseille

Parmi les plantes dont l'usage remonte aux temps les plus reculés, l'oseille a toujours été utilisée dans les préparations culinaires, car elle apporte, grâce à son acidité, une saveur particulière qui relève le goût un peu fade de certains légumes, tels l'épinard, les arroches et les bettes à cardes.

Les variétés, peu nombreuses, sont restées très voisines de la plante sauvage, la Grande Oseille, appelée également Oseille de Belleville, est le type qui s'en rapproche le plus. Elle se multiplie par semis, monte à graines moins rapidement que l'oseille sauvage. Cette variété est particulièrement recommandable pour la production de feuilles durant l'été. Pendant cette même saison, l'Oseille blonde de Lyon, l'Améliorée de Chambourcy sont également d'une culture intéressante, car elles poussent très vite et donnent des feuilles amples et d'excellente qualité.

Enfin, pour la récolte d'hiver, aucune de ces variétés ne peut égaler l’Oseille vierge, qui comprend deux variétés : l'Oseille vierge commune à feuilles vertes et l'Oseille vierge à feuilles cloquées, dont les feuilles sont plus grandes, très cloquées et marquées de taches rougeâtres sur les nervures des feuilles à leur face inférieure. Cette dernière est généralement plus appréciée que la précédente.

Dans le cours de la végétation, l'oseille vierge donne naissance à des tiges florales semblables à celles de l'oseille commune, mais qui ne produisent ordinairement pas de graines ; aussi ne peut-elle être reproduite que par éclats et sert à constituer des bordures vivaces d'un rendement moindre que celles de variétés à grandes feuilles, mais produisant à une époque de l'année où les légumes sont rares. La récolte commence, en effet, en octobre et se prolonge jusqu'au printemps.

L'oseille, quelle que soit la variété cultivée, n'est pas exigeante sur la nature du terrain ; elle redoute cependant les terrains argileux à l'excès et ceux renfermant trop de calcaire. Elle préfère l'ombre, la fraîcheur, et particulièrement les sols contenant du terreau. Elle est sensible aux engrais azotés ; des arrosages au nitrate de soude, à raison de 2 grammes de nitrate par litre d'eau, lui sont très profitables. Ajoutons que l'oseille n'est pas une plante épuisante. La propagation de l'oseille vierge se faisant uniquement par division, les plants sont fournis par des plantations épuisées. Le plus souvent, ainsi que nous l'avons dit précédemment, on dispose les éclats en bordure, mais on peut aussi en faire la culture en planches de 1 mètre de largeur, séparées par des sentiers de 0m,60. Dans chaque planche, les pieds sont répartis sur 4 rangs et plantés à 0m,30 les uns des autres sur la ligne.

La plantation a lieu en automne ou dans le cours du printemps. Lorsqu'on opère au printemps, durant la première année on peut cultiver, dans les sentiers, de l'oignon, des carottes ou un rang de haricots.

Dès l'année suivante, les jeunes plantations commencent à produire ; elles ont leur plein rendement la deuxième année, et celui-ci persiste pendant cinq ou six ans.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la culture de l'oseille vierge n'est pas une culture spécialement d'amateur, bien au contraire, elle se pratique de façon intensive pour l'approvisionnement des marchés des grandes villes.

C'est ainsi que dans la banlieue ouest de Paris, principalement dans les communes de Verrières-le-Buisson, Palaiseau, Igny, etc., des centaines d'hectares sont consacrés à cette culture.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 673