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La production laitière

Époque de lactation.

— L'époque de la lactation ! Cela ne semble rien dire.

Pour le citadin qui, chaque matin, va chercher son pot à lait, c'est toujours le lait, le même lait. Et pourtant sa composition varie, elle n'est pas la même du début du vêlage à la fin.

La preuve la plus simple, la plus frappante, celle devant laquelle on ne peut discuter, c'est que le lait des premiers jours (qui n'est d'ailleurs pas du lait, mais du colostrum) est impropre à la consommation.

C'est à la mise bas que le colostrum apparaît et, pendant trois à cinq jours, il y a un effet laxatif. Il est acide et de ce fait coagule à la chaleur.

N'oublions pas qu'il est destiné au veau et qu'il a le pouvoir de nettoyer l'appareil digestif de celui-ci en lui faisant éliminer les déchets qui s'y sont accumulés.

Ce colostrum contient une grosse proportion de caséine et de principes minéraux.

Sa teneur en beurre et lactose n'est pas très élevée, mais sera constante au cours de la lactation normale.

En ce qui concerne la matière grasse, la période de colostrum passée, on remarquera une augmentation qui ira jusqu'à la fin, après avoir accusé une baisse minimum correspondante à la plus forte production laitière.

Elle est en quelque sorte l'inverse du mouvement de la production laitière.

Cette période de lactation influe aussi sur les globules. Les petits deviennent plus nombreux. Le nombre des gros au contraire diminue vers la fin de la lactation, ce qui explique la lente montée de la crème avec un lait d'une vache vieille de lait.

L’influence de l'âge.

— L'âge de l'animal producteur de lait a une influence certaine sur cette production.

Cela peut paraître surprenant et pourtant l'acheteur éventuel s'en préoccupe, car il sait que le rendement de l'animal en est fonction.

Nous n'ignorons pas en effet qu'il faut attendre que l'animal prenne sept à huit ans d'âge pour donner, en général, son maximum.

Nous disons bien en général, car certaines races sont précoces, et le rendement le plus fort se verra vers quatre ou cinq ans.

En devenant adulte, le rendement en lait augmente pour baisser dans des conditions de rapidité variables.

Il en est de même du rendement beurrier et, d'après C.-W. Turner, on constaterait 73,6 p. 100 à trois ans, 90,4 p. 100 à cinq ans, 99,1 p. 100 à sept ans, pour atteindre le sommet, soit 100 p. 100, à l'âge de huit ans.

Mais le sommet de la production n'est pas toujours atteint dans le même âge et, s'il se situe vers sept ou huit ans, il arrive parfois qu'indépendamment de la race certaine vache atteigne ce plafond un peu avant l'âge adulte. Il est vrai que la déclinaison de productivité est également plus proche.

Cette apogée est surtout remarqué sur des vaches précoces, telle la Jersey.

La progression du rendement depuis le premier vêlage va crescendo jusqu'à cet âge. Par contre, nous savons aussi que la production laitière baissera brusquement lorsque la vache aura atteint treize à quatorze ans, après avoir eu une baisse de production qui est le reflet de l'augmentation constatée pendant le jeune âge et dont l'apogée, nous l'avons dit, est signalé en général vers sept-huit ans.

Mais ne prenons point ceci pour une règle immuable, car il y a des animaux qui, à l'âge de quinze ans, sont encore bons producteurs.

Les indications que nous donnons ci-dessous permettront de mesurer le rendement laitier suivant cet âge.

Age (ans) 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Rendement (p. 100) 81 89 95 97 99 100 99 97 95

Si nous établissons le graphique de ces variations, nous remarquerons que la courbe partant de 70 à deux ans aura une inclinaison d'environ 50 degrés à cet âge pour être de 45 à quatre ans et de 15 degrés seulement à six ans.

On remarquera également que de sept à neuf ans la production laitière ne varie pas énormément ; elle est stationnaire et constante.

Signalons en passant qu'il en est de même du rendement beurrier, dont le maximum se situe, comme pour le lait, vers l'âge de huit ans.

Se basant sur ces données, le laitier qui veut produire du lait en quantité prendra comme règle de ne posséder que des vaches approchant du maximum de production, c'est-à-dire entre six et dix ans.

Les vaches sont pour lui un capital dont il tire tous les intérêts. Il lui faut donc des animaux qui rendent beaucoup.

Trop jeune, la vache laitière sera pour lui un capital, bien que moindre, qui n'est pas encore rentable.

Trop âgée, la vache ne l'est plus autant, et il doit s'en débarrasser.

C'est par un contrôle suivi de la production des différents sujets de son exploitation qu'il saura à quel moment il doit se défaire de telle de ses vaches.

Car, si, en général, on sait qu' « après son septième veau vache rien ne vaut », il reste difficile toutefois de choisir le moment judicieux pour la vente de l'animal sur le point de décliner.

Nous disions qu'après son septième veau la vache n'a plus de valeur. Cette remarque est d'ordre général, basé sur ce que nous venons de voir, car à son septième veau la vache a neuf ans d'âge en comptant, comme il est normal de le faire, le premier veau à trois ans.

Avant cet âge, on peut espérer une augmentation de rendement, mais, passé cet âge, il ne faut plus y compter. L'animal va vers son déclin.

Ne nous entêtons donc pas à conserver un mauvais producteur, et il vaut bien mieux le remplacer par un jeune en qui nous mettrons toutes nos espérances.

Nous signalons en passant qu'une bonne lactation ne peut être obtenue qu'avec un troupeau bien conduit. Logement, nourriture, époque de saillie ont leur mot à dire.

R. CIER.

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 682