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Le chauffage électrique

L'approche de l'automne ramène notre attention vers le problème du chauffage, et, en particulier, vers le chauffage électrique, qui constitue essentiellement un procédé convenant aux demi-saisons. Sans doute les restrictions d'électricité sont-elles maintenant peu probables, mais les prix élevés limitent la consommation domestique. De là, la nécessité d'une étude de plus en plus rationnelle.

On peut classer les appareils domestiques, en radiateurs directs, à accumulation, ou à semi-accumulation.

Les appareils à chauffage direct produisent de la chaleur dès leur mise en fonctionnement, mais, inversement, cessent rapidement de dégager des calories dès la coupure du courant ; c'est pourquoi ils sont destinés essentiellement à un usage temporaire. Les puissances à envisager sont généralement de l'ordre de 3 à 5 kilowatts par 100 mètres cubes de pièces à chauffer.

On a été amené à éviter la montée rapide de l'air chaud vers les couches supérieures de l'atmosphère des pièces, de façon à obtenir un échauffement plus rapide. De là, l'apparition des radiateurs à ventilateur soufflant, à effet accéléré.

Un autre principe rationnel consiste à diminuer la température de la masse chauffante en augmentant au maximum sa surface, de façon à améliorer le rendement. La solution rationnelle de l'appareil à fonctionnement direct d'assez longue durée consiste ainsi dans l'emploi de radiateurs obscurs, à surface portée à une température relativement réduite.

L'enrobage de la résistance chauffante dans un ciment isolant constitue une solution analogue à celle qui est adoptée dans les plaques des cuisinières électriques. Les modèles à plaques chauffantes en glace spéciale résistant à la chaleur, dans la masse desquelles sont appliqués des rubans métalliques en zigzag formant résistances, ont reçu un très bon accueil du public.

Les appareils à tubes chauffants sont plus courants. Ce sont des tubes métalliques d'assez gros diamètre, munis généralement d'ailettes, renfermant la résistance chauffante, et dont la surface est portée à une température relativement faible, inférieure à 90°. Ces tubes sont employés aussi facilement que des tuyauteries de chauffage central et sont montés autour des pièces, ou sous les fenêtres, dans des conditions rationnelles.

Le radiateur électrique à eau ou à vapeur est un appareil à tubes, dans lequel on utilise l'intermédiaire de l'eau pour transmettre à l'air des pièces la chaleur provenant des résistances. Les modèles pratiques sont assez divers ; l'adaptation de radiateurs de chauffage central non utilisés est possible, en montant simplement à leur partie intérieure des éléments de chauffage électriques à résistances.

L'emploi des appareils à accumulation devrait assurer une solution efficace dans les appartements assez vastes et pour une durée de chauffage assez longue, si la tarification de l'énergie pendant les heures « creuses » est à nouveau rétablie.

En principe, un appareil à accumulation emmagasine en dix heures la chaleur qui doit être restituée en quatorze heures, mais il demeure dans l'appareil, sous une forme ou sous une autre, 75 p. 100 environ de l'énergie fournie.

Les qualités essentielles des radiateurs à accumulation dépendent des propriétés de la matière isolante choisie pour obtenir l'effet désiré, et qui doit posséder une capacité calorifique importante.

À défaut de l'eau, qui présente la plus grande chaleur spécifique, mais ne peut être portée à une température supérieure à 100°, on utilise des pierres, supportant des températures supérieures à 500°, d'une chaleur spécifique supérieure à 0,2 et d'une densité de l'ordre de 2,5. Ces pierres sont généralement d'origine volcanique, telles que la basalte ou la silice, ou, encore, sont formées de matériaux synthétiques composés de ces éléments.

L'emploi de la fonte n'est pas rationnel ; son refroidissement est rapide, elle ne permet pas un chauffage régulier. On ne peut l'adopter que pour des usages de courte durée et pour des effets de semi-accumulation.

Comment calculer un appareil à accumulation ? Il faut tenir compte de la durée de charge, qui dépend elle-même de la tarification, de la température de la matière d'accumulation, comprise entre 100° et 500°, de la chaleur dissipée pendant la charge. Le calorifuge employé n'est évidemment jamais parfait et il n'y a pas intérêt à empêcher tout échauffement de la pièce pendant la charge ; le coefficient de perte varie entre 20 p. 100 et 50 p. 100.

La semi-accumulation, enfin, consiste à prévoir un effet de charge dans un délai plus court, de l'ordre de quelques heures seulement, ce qui permet de réduire la masse de la matière servant à l’accumulation de chaleur et d'employer un enduit isolant moins parfait.

Ce sont encore, cependant, les appareils à chauffage direct qui attirent l'attention de la grande masse des usagers, car ce sont les moins coûteux, les plus répandus et les plus faciles à utiliser. Leurs inconvénients seraient moins grands pour leurs propriétaires, et pour l'intérêt général, s'ils étaient employés rationnellement, surtout s'il s'agît de modèles à feu visible. Il faudrait, avant tout, éviter leur utilisation pendant les heures de la journée, et surtout de pointe, et les considérer uniquement, par excellence, comme des appareils d’appoint.

On peut les adopter pour obtenir un effet additionnel, lorsque le chauffage principal est insuffisant, soit par suite de restrictions de combustible, soit parce que certaines pièces ne sont pas chauffées. Il ne faut plus exiger alors une température dite normale, de l'ordre de 16° à 18°, mais seulement une température plus douce, et supportable, de l'ordre de 15°. Ces modèles sont ainsi, par définition, destinés à fonctionner d'une manière intermittente ; la puissance approximative à considérer est de l'ordre de2 kilowatts par 100 mètres cubes seulement.

Ces radiateurs directs sont encore acceptables dans des chambres meublées ou de petits appartements, occupés par des travailleurs absents la plus grande partie de la journée. Dans les petits bureaux, et les magasins, le chauffage à semi-accumulation, avec des appareils de dimensions réduites, présente également de l'intérêt.

À notre époque, ce ne sont plus les modèles qui manquent, et l'usager doit, avant tout, apprendre à mieux utiliser les appareils dont il peut disposer.

P. HÉMARDINQUER.

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 687