En premier lieu, ménager ses ennemis si possible, tels que
putois, hermines, renards, rapaces nocturnes et diurnes. Ensuite employer un
moyen donnant le plus de rendement.
Jusqu'à présent, l'emploi de virus et de toxiques
ou de gaz n'a pratiquement donné aucun résultat intéressant ailleurs
qu'en laboratoire. Le fusil ne sert qu'accidentellement et ne peut être
considéré comme moyen de destruction. On l'emploie à l'aube ou au crépuscule
sur des places repérées d'avance, à l'affût.
Le tir se fait au petit calibre (20) avec plombs 6 ou 8 et
distance de tir de 20 à 30 pas. L'emploi de petit calibre 6 ou 22 LR, même avec
lunette, n'est pas à conseiller, étant donné l'heure d'emploi et le peu de
visibilité. Au moment des crues, par contre, ces armes peuvent servir à
descendre les rongeurs qui ont évacué leurs terriers et se sont réfugiés sur
les souches ou branches émergentes en compagnie des rats d'eau. Blessé, le rat
musqué se laisse emporter par le courant en se débattant avec force.
Le piégeage reste le seul moyen offrant un rendement
intéressant, sans cependant atteindre la destruction totale devant une
invasion. Il est facilité par le peu de ruse de l'animal, qui ne s'effraie pas
de la capture de ses congénères. Il se pratique surtout du 1er décembre
au 15 mars, si l'on tient à la fourrure. En tout temps, il s'agit de
destruction. La visite des pièges se fait matin et soir.
Le piégeage est souvent gêné par la présence des rats d'eau,
Une autre cause gênante est constituée par des variations du niveau de l'eau. L'emploi
de bottes en caoutchouc et de bateau facilite beaucoup la pose des pièges. Dans
tous les cas, on cherchera à faire noyer les captures le plus vite possible
pour éviter toute évasion par suite d'amputation.
Matériel de piégeage.
a. Pièges à palette.
— Les Américains et Canadiens emploient presque
uniquement de petits pièges légers de forme ronde de 10 centimètres de diamètre
(12 ouverts), à ressort en dessous, et palette de 5 centimètres seulement, en
tôle d'acier. En Europe centrale, on employait des pièges de forme carrée de 15
à 20 centimètres d'ouverture de mâchoires à ressort en dessous ou ronde à
ressort dans le tour et palette à 3 centimètres de mâchoires. Indiscutablement,
les pièges américains sont préférables, faciles à camoufler, très légers ce qui
permet d'en emmener dix pour le poids d'un d'Europe, aussi nerveux et puissants
que ces derniers.
Le rat musqué suivant l'habitude des carnivores capturés
n'hésite pas à s'amputer la patte pour se libérer. On trouve donc en Amérique
et au Canada des pièges conçus spécialement pour rendre cette opération
impossible. Pratiquement, on peut arriver au même résultat en lestant les
pièges sans les attacher et en faisant noyer l'animal.
La technique du piégeage peut se résumer ainsi : placez
les pièges, chaque fois que possible, sous 6 centimètres d'eau, inutile de les
camoufler dans ces conditions. Lestez le piège d'un poids de 1 kilogramme au plus
et adaptez une longueur de chaîne permettant une noyade rapide. Le point de
piégeage devant être tout proche d'un fond d'au moins 50 centimètres. Si l'on
peut piéger avec 10 centimètres d'eau sur la palette, ce n'en est que mieux, on
a plus de chances de capturer par une patte arrière, d'où amputation plus
difficile et noyade plus rapide.
Le piégeage s'effectue alors :
a. Au pied des coulées menant aux places de repos ;
b. Au pied des abordages ou des descentes, toujours
dans un calme ou à la souche, au cadre flottant, au promontoire, à la
plate-forme ;
c. Dans les coulées de joncs ;
d. Sous l'eau, à la sortie des galeries ;
e. Dans la galerie de sortie de la hutte ;
f. À des passages repérés, naturels ou préparés
(angles des vannes, passages d'obstacles, de clôtures) ;
g. Sur un arbre ou une planche flottante amarré le
long de la rive et encoché pour recevoir les pièges ;
h. Avec appât suspendu au-dessus du piège (épi de
maïs, pomme fraîche, carotte, panais, figues sèches, châtaignes, grains) ou
répandu autour.
b. Pièges spéciaux.
— Le piège à loutre à branches rectilignes, dit compas,
est d'une inutilité totale ; il ne s'impose déjà pas pour la loutre, à
laquelle il est destiné. Il est lourd, encombrant, dangereux et cher.
Un autre piège à collier se déclenchant par la poussée de
l'animal sur une palette en grillage se pose à l'entrée des galeries. On
effraie alors les rats musqués dans leurs terriers à l'aide de fusées
asphyxiantes.
Un piège allemand se détendant par choc de l'animal, sur un
fil tendu en travers, genre piège compas, existe également.
Quel que soit le piège employé, inutile de le frotter de quoi
que ce soit, suivre les règles du piégeage de la loutre : pièges mâts ou
camouflés sous l'eau.
c. Nasses.
— On peut employer des nasses ordinaires à poissons, de
préférence à double entrée, à mailles de 25 millimètres et à goulet en demi-entonnoir
de 10 centimètres d'entrée. Ces nasses sont placées en fossés d'alimentation
d'étangs, le corps de la nasse immergé en entier, mais le goulet hors de l'eau
à sa partie supérieure, qui barre la coulée. On peut même, en étang, monter
deux ailes en grillage, partant du goulet et canalisant les rongeurs vers le
goulet. Ces nasses mesurent 1m,50 de long, 0m,80 de large
et 0m,60 de haut. Le corps de la nasse est demi-cylindrique.
Une nasse-boîte, de forme parallélépipédique avec porte
tombante à clapet, était également employée en Bavière. Elle mesurait 43
centimètres de long et 17 centimètres de large et de haut. Elle était destinée
à être tendue devant les sorties de galeries sous l'eau.
Enfin un autre modèle plus compliqué, de forme prismatique,
fabriqué également en Bavière (à Landshut), était également employé, il était
basé sur la constatation faite que, lorsque le rat musqué nage en surface, s'il
rencontre un obstacle, il plonge et continue sous l'eau. L'obstacle créé était
constitué par deux fils de fer tendus perpendiculairement à la coulée et
parallèlement au plan d'eau, l'un à 5 millimètres au-dessus, l'autre à 20
millimètres du premier et sous l'eau.
L'avantage des nasses est de pouvoir capturer plusieurs
rongeurs en une seule fois.
Fourrure.
— On dépouille le rat musqué en fourreau comme un
lapin, après avoir coupé la peau au-dessus des doigts par un trait de couteau
en bracelet ; de même à la base de la queue. On la met à sécher sur un
tendeur en fil de fer maintenu écarté par une petite planchette trouée ou
encochée.
A. CHAIGNEAU.
(1) Voir Le Chasseur Français d'octobre.
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