Accueil  > Années 1950  > N°646 Décembre 1950  > Page 745 Tous droits réservés

Création des races nouvelles

Génétique et hérédité.

— Le terme génétique, proposé par Bateson, équivaut à origine et naissance. Il désigne l'ensemble des questions qui concernent l'hérédité, les variations de l'organisme et celles des aptitudes. C'est l'étude de la physiologie de la descendance et de la transmission des caractères. C'est un moine autrichien, du nom de Mendel, qui, à la suite de nombreuses expériences, a mis en évidence la loi de la disjonction des caractères, laquelle fait autorité chez les créateurs de races nouvelles.

Mendel a reconnu que la prédominance de certains caractères sur d'autres n'était jamais absolue, puisque, si on accouple des sujets de races différentes, bien que les caractères dominants apparaissent plus nombreux que les caractères dominés ou récessifs, ils ne suppriment pas entièrement ces derniers, qui réapparaissent pour une petite part chez les métis. C'est seulement en accouplant ensemble des récessifs que l'on peut être certain de créer des races nouvelles définitivement fixées.

Pour expliquer les variations héréditaires des caractères, Mendel a émis l'idée de la fusion des germes (gamètes) sous le nom de zygotes. Lorsque les cellules, mâles ou femelles, ont mêmes caractères, on les dit homozygotes ; si elles ont des caractères différents, elles sont hétérozygotes.

Dans les alliances entre homozygotes et hétérozygotes sur un seul caractère, on obtient comme résultat, en première génération :

D + 2d + 1 R

c'est-à-dire un sujet à caractère dominant fixé ; 2 sujets à caractères dominants instables et un sujet à caractère dominé ou récessif fixé.

Mais, quand on envisage deux caractères différents, par exemple si on accouple un coq à crête fraisée et au plumage noir avec une poule à crête simple et au plumage blanc, les produits de la première génération, alliés ensemble, se départageront de la façon suivante :

    9 volailles blanches à crête fraisée ;
    3 volailles blanches à crête simple ;
    3 volailles noires à crête fraisée ;
    1 volaille noire à crête simple.

Sur les 9 volailles blanches à crête fraisée, une seule est capable de reproduire fidèlement les deux caractères d'une façon absolue, les autres étant en état de variation désordonnée. De même, sur les 3 volailles blanches et les 3 volailles noires, une seule est homozygote, les autres sont hétérozygotes, donc incapables de reproduire fidèlement les deux caractères. Seule la volaille noire à crête simple est toujours homozygote. Si on l'accouple avec un autre récessif de même formation, elle transmettra exactement les deux caractères sélectionnés et une nouvelle race sera créée.

En résumé, pour obtenir des métis à caractères fixés, il faut opérer exclusivement avec des récessifs possédant les caractères dominés. Leur proportion, calculée sur de nombreux accouplements, est de 1/16.

Transmission des caractères zootechniques.

— En conformité de la loi de Darwin, tous les animaux, oiseaux, mammifères, etc., doivent transmettre à leur descendance les caractères de famille ou de race dont ils sont imprégnés. Les semblables engendrent les semblables.

Mais, si la transmission des caractères zoologiques est vraie, abstraction faite de quelques rares phénomènes de réversion, il n'en est pas de même pour les caractères zootechniques, notamment la transmission du caractère de fécondité, ainsi que l'a démontré le savant biologiste anglais Oscar.

En ce qui concerne les poules pondeuses, Smart fait remarquer que, si le facteur anatomique est le même pour toutes les poules, 2.000 oocytes à l'état latent, la maturité et le détachement des ovules, qui constituent le jaune des œufs, sont avant tout héréditaires puisque, dans toutes les races gallines, il y a de bonnes, de passables et de mauvaises pondeuses.

Les différences proviennent de l'ascendance, la transmission des caractères de fécondité, notamment la structure des glandes du jaune et leur activité, étant héréditaires. On sait d'ailleurs qu'au moment où l'ovule femelle devient oosperme, au contact d'un spermatozoïde, les deux caractères se fondent, dans une proportion ainsi répartie (Galton) :

    La moitié aux parents immédiats (1/2) ;
    Le quart aux quatre grands-parents (1/4) ;
    Le huitième aux huit parents des grands-parents (1/8) ;
    Le seizième aux seize aïeux de la précédente génération (1/16).

Pour sélectionner la fécondité des poules, Smart conseille le contrôle du nid-trappe et le classement des pondeuses en deux groupes, en relevant à part les œufs pondus durant l'hiver, entre le 1er novembre au 1er février, puis en comptant le nombre d'œufs pondus pendant l'année entière.

Les pondeuses sont alors classées en trois types, savoir :

    L2 poules pondant plus de 30 œufs en hiver ;
    L1 poules pondant de 1 à 30 œufs en hiver ;
    les poules n'ayant pas pondu un seul œuf pendant la saison froide.

Le tableau ci-après mentionne les pontes d'hiver et les pontes totales :

Types. Groupes. Ponte d'hiver. Ponte totales.
L2 N° 1 80 œufs et plus. Plus de 280 œufs.
N° 2 50 à 79 œufs. 230 à 280 œufs.
N° 3 40 à 49 œufs. 200 à 229 œufs.
N° 4 31 à 39 œufs. 140 à 199 œufs.
L1 N° 5 25 à 30 œufs. 130 à 139 œufs.
N° 6 15 à 24 œufs. 100 à 129 œufs.
N° 7 10 à 14 œufs. 60 à 99 œufs.
N° 8 1 à 9 œufs. 50 à 59 œufs.
L2 N° 9 0 œuf. 50 à 59 œufs.
N° 10 0 œuf. 40 à 49 œufs.
N° 11 0 œuf. 30 à 39 œufs.
N° 12 0 œuf. moins de 30 œufs.

Pour la sélection, les accouplements se feront avec des poules et des coqs appartenant autant que possible au groupe n°1, du type L2.

Si la transmission des caractères de fécondité dans la descendance tombait au-dessous de 80 œufs d'hiver et donnait un total inférieur à 280, il faudrait en incriminer le coq et le remplacer, car les mâles, à l’encontre des femelles, sont parfois l'objet de variations dites fluctuantes, ne suivant pas les lois habituelles de l'hérédité.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°646 Décembre 1950 Page 745