Hirondelles retardataires
— Chassant en plaine le 13 novembre 1949 dans la matinée,
sur le territoire de la commune de Saussey (Côte-d'Or), j'ai vu passer une
hirondelle de cheminée se dirigeant vers le sud-est, rasant le sol, sans doute pour
moins sentir le vent, assez contraire puisque soufflant du sud. Le vol de
l'oiseau était soutenu. Il y avait ce jour-là des traces de neige mal fondue de
la nuit précédente.
Les hirondelles de notre contrée nous quittent fin septembre ;
on voit des isolées passer dans les premiers jours d'octobre, mais jamais en
novembre. C'est pourquoi je signale le fait aux curieux d'ornithologie.
B. Briotet, abonné.
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Sanglier apprivoisé
— J'ai conservé pendant deux ans un sanglier mâle qu'un
garde m'avait apporté tout petit, la mère ayant été tuée, et le reste de la
portée égorgé par des chiens. «Casimir», ainsi fut-il baptisé, fut élevé au lait
et aux légumes cuits, et vers l'âge de six mois, fut châtré comme ses
congénères domestiques. Il devint très vite familier, s'attacha
particulièrement à moi ; au premier coup de sifflet il accourait ; jamais je ne
vis de bête plus fidèle ; en liberté absolue dans une ferme, il couchait à
l'écurie, près de Marceau, l'étalon, avec lequel il faisait très bon ménage. Au
temps de la moisson, Casimir nous accompagnait, cueillait des épis et venait
les déposer aux pieds de son ami Marceau. Il venait également à la chasse avec
nous et savait déloger les lièvres des buissons épineux dans lesquels les
chiens n'osaient s'aventurer. L'hiver, lors des grands froids, Casimir et mon
Korthal s'installaient devant le feu de bûches de la cheminée. L'été, le
sanglier allait se mettre au frais dans la forêt proche et faisait parfois des
escapades de plusieurs jours. Ce fut, du reste, la cause de sa mort : un garde
forestier vint un jour m'avertir que Casimir occasionnait de graves dégâts dans
les plantations de jeunes chênes et qu'il devrait l'abattre s'il le retrouvait.
Casimir avait grelot et collier, et était facile à repérer. Plutôt que de
l'exposer à une fin lamentable sous le fusil d'un maladroit, je préférai me
charger de son exécution et le foudroyer d'une balle dans la tête ; ce fut une
bien triste journée pour moi. L'animal, en très bonne condition, pesait 110
kilogrammes, et les chasseurs du pays en profitèrent. Inutile d'ajouter que je
n'en goûtai pas.
A. Bouchart, abonné, (Vigneux Aisne).
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Fécondité
— M. Prat, abonné parisien, nous signale qu'une femelle de
furet putoisé qu'il élève a mis bas une portée de onze petits, cinq mâles et
six femelles parfaitement bien constitués, et qui ont grandi très normalement.
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Clôture de chasse à la grive
— A lire les arrêtés ministériels visant la clôture de la
chasse pour la campagne 1950-1951, — celle de la grive an particulier, — on
reste sous l'impression d'une équivoque.
« Article premier. — La chasse (clôture
générale) est fermée le 7 janvier 1951... »
« Art. 4. — Oiseaux de passage. — La chasse des
oiseaux de passage sera. fermée à la date de la clôture générale, exception
faite pour la bécasse... »
« En ce qui concerne la chasse à la grive (et le gibier
d'eau, art. 3), en période, de clôture, chasse dite à la repasse, elle ne peut
être autorisée que dans les conditions prévues à l’article 6, alinéa 2,
ci-après… »
« Art. 6. — Les dates de clôture pourront être avancées
dans tout ou partie d’un département, lorsque ces restrictions seront
justifiées en vue de la protection de telle ou telle espèce, en raison des
dangers, d'incendie ou pour la protection des cultures. »
« Ces décisions, ainsi que les dispositions relatives
à la destruction des animaux nuisibles et à la protection du gibier, seront
prises par arrêtés ministériels spéciaux, sur la proposition du préfet »,
etc…
Que conclure ?
Puisque l'alinéa 2 de l'article 6 prévoit non pas un retard,
mais une avance de la clôture, l’alinéa 2 de l'article 4 ne rime à rien d'autre
qu'à créer une confusion favorable aux surenchères démagogiques.
En fait, ces articles à l'appui, la chasse de la grive,
oiseau de passage non nuisible, est fermée sans exception à partir du 7 janvier
1951. Mesure définitive, espérons-le, vu la diminution évidente et inquiétante
des turdidés et vu aussi les abus résultant de ces chasses dites « à la
repasse »
Dr B…
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La vitesse des oiseaux
— En parcourant votre n° 641 de juillet 1950, j'ai lu avec
surprise dans votre courrier cynégétique un article intitulé : « Quel est le
gibier à plume le plus lent ? » relatif à un extrait de la revue anglaise Field
and Stream. En effet, il m'est arrivé, il y a une quinzaine d'années, de
faire lever en forêt de Traconne une bécasse sur le bord de la route que je
parcourais en automobile. L'oiseau s'éleva à hauteur du capot de ma voiture et
suivit la route pendant plus de 2 kilomètres ; j'accélérais pour le rejoindre
et mon compteur passait le 80 kilomètres à l'heure lorsque, débouchant sur la
plaine, la bécasse, qui se trouvait au-dessus du bouchon de mon radiateur,
crocheta à droite pour disparaître définitivement. Nous sommes loin des 32
kilomètres à l'heure dont parle l'article en question ! Je me souviens que
la bécasse, en volant devant ma voiture, tournait par instant la tête en
arrière, et j'observais ses yeux inquiets à mon aise.
Je suis en cela tout à fait d'accord avec M. Albert Ganeval,
qui estime la vitesse de la bécasse à la croule à du bon 50 kilomètres à
l'heure.
Quant à l'oiseau le plus lent, c'est sans aucun doute le
râle de genêts, roi des cailles.
Vieux chasseur devant l'Éternel (42e permis). Je suis
heureux de vous adresser ces précisions, que je puis certifier exactes.
R. Fortin, abonné.
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Fédération des chasseurs de la Loire-Inférieure
— Au cours de son assemblée générale statutaire, les vœux
suivants ont été adoptés :
1° Répression plus énergique par les tribunaux des délits de
chasse et de divagation des chiens, en particulier par le tribunal de Nantes,
qui fait preuve d'une faiblesse excessive ;
2° Suppression de l'impôt sur les chasses gardées et de
l'article 42 bis du statut du fermage, et de son projet de modification ;
3° Destruction plus intensive des corbeaux et des pies, mais
ceci non par le ramassage des œufs, mais par empoisonnement des adultes avant
la nidification — opération qui devra être faite obligatoirement par la
Fédération ou sous son contrôle, afin d'éviter les empoisonnements de gibiers ;
4° Prohibition de l'emploi pour la chasse de chiens de
berger et, en particulier, des Bergers allemands, qui, en raison de leur
vigueur, peuvent être assimilés aux chiens lévriers, croisés ou non, que la loi
de 1844 interdit dans son article 9 ;
5° Que la part attribuée aux communes sur le prix du permis
de chasse soit employée par ses dernières pour la chasse, sous forme de prime
de destruction de nuisibles ou d'encouragement aux sociétés de chasse locales ;
6° Attribution de viandes saisies et non contagieuses aux
propriétaires de meute louvetiers et leurs délégués, ceci en application de la
circulaire ministérielle du 1er mars 1938 ;
7° Pas de prolongation de chasse aux lapins sans accord de
la Fédération ;
8° Pour tous porteurs de permis ; assurance chasse
obligatoire illimitée contre les accidents pouvant être occasionnés aux tiers ;
9° Obligation pour les marchands de gibiers et hôteliers de
tenir un carnet d'achat de gibier où doit figurer la provenance ;
10° Interdiction de l'emploi des arséniates, du phosphure de
zinc, du chloralose et de ses dérivés, etc... ;
11° Retard de l'ouverture générale au 17 septembre et
fermeture anticipée de la perdrix au 3 décembre 1950 ; interdiction du tir au
faisan au cours de la saison de chasse 1950-1951 ;
12° Faire préciser à l'avenir sur les arrêtés permanents du
département que la chasse du gibier d'eau est permise une heure avant le lever
et une heure après le coucher du soleil ;
13° Classement du lac de Grandlieu comme beau site de France
ne devant pas être asséché, ni aménagé, ce qui est prétexte d'assèchement,
cette étendue d'eau étant une station ornithologique de premier ordre, escale
des oiseaux migrateurs venant du Grand Nord ;
14° Ouverture de la chasse du gibier de mer fixée en même
temps que celle du gibier d'eau et fermée le 31 mai de chaque année ;
15° Interdiction du tir des chevreuils femelles une année
sur trois ;
16° Passer à l'exécution des projets de réserve de gibiers
d'eau en Loire et en Brière.
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Quand les bêtes s'entraident
— Dans un pâturage du Doubs à Chaux-Neuve, sur les pentes du
Risoux, une fillette, gardant son troupeau en bordure de la forêt, entendit des
abois et vit tout à coup déboucher près des vaches une biche, suivie à quelques
mètres d'un chien.
La biche se faufile au milieu des ruminants, qui, surpris
par les aboiements du chien et l'arrivée de la bête, font front immédiatement
contre le caniche. Celui-ci s'arrête net. Les vaches attaquent, la corne
menaçante, et poursuivent l'ennemi à la course jusqu'à la limite du pâturage.
Pendant ce temps, la fillette témoin du spectacle s'approche
de la biche qui paraît à bout, et qui, nullement effarouchée, se laisse prendre
comme un petit enfant. La bergère l'entoure de ses bras, essaie même en vain de
la soulever. Pendant une demi-heure, l'enfant et la bête restent l'un près de
l'autre. Tout à coup, sans prévenir, la biche, ayant sans doute récupéré ses
forces, s'échappe à toute allure et en quelques sauts regagne la forêt.
R. R…, abonné.
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