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Le Terre-neuve

Intelligent, courageux, dévoué, nageur incomparable, ce chien est un sauveteur de premier ordre.

Mon but, en écrivant ces lignes, n'a pour objet que de mettre en valeur les merveilleuses aptitudes de ce .précieux auxiliaire et faire mieux connaître les inappréciables services qu'il est susceptible de rendre, après un dressage approprié et bien compris.

Le terre-neuve présente avec le gros chien de montagne beaucoup de caractères communs, et son origine est fort obscure.

Il est probablement le descendant du chien d'ours Scandinave amené dans l'île de Terre-Neuve par les Norvégiens lors de sa découverte au XVIe siècle.

Quelques auteurs le disent issu du chien du Labrador, plus petit, d'un poil plus rude et d'aspect plus sauvage, qui est employé autant à la garde des maisons qu'à l'attelage des traîneaux, ainsi qu'à la chasse des ours, des rennes et des phoques, mais il en diffère complètement.

Moins grand que le Saint-Bernard, il est cependant d'une stature imposante et possède une harmonie parfaite de ligne.

Son poids aussi élevé que possible doit être pris en grande considération, afin de pouvoir l'utiliser au sauvetage humain, qui exige des sujets puissants et capables d'un très gros effort musculaire.

Caractères essentiels.Tête large et massive, crâne assez plat avec l'occiput bien développé, cassure du nez accentuée, museau court, large et carré à l'extrémité, oreilles assez petites, attachées haut et très en arrière, d'abord relevées, puis rabattues. Yeux, petits assez enfoncés dans l'orbite, corps musclé, dos large, queue portée droite, un peu recourbée à l'extrémité, membres forts, très musclés et bien droits, pieds larges. Doigts présentant une palmature s'étendant au moins jusqu’à la deuxième phalange, poil ras et fin sur la tête

et les oreilles, long, un peu ondulé, presque lisse, doux, onctueux, plutôt gros que fin sur le cou, le tronc et la partie postérieure des membres, ceux-ci garnis de franges jusqu'à leur base. Couleur noire et brillante, avec parfois une petite tache blanche tolérée au poitrail, ou noire et blanche (Landseer). Poids aussi élevé que possible.

Intelligent, courageux et dévoué au même titre que le Saint-Bernard, dont les exploits de sauveteur sont mieux connus du grand public, le terre-neuve s'acquitte sur l'eau, et non dans les neiges, de la même mission avec un égal dévouement. Son utilité est grande, et son emploi est plus particulièrement précieux en bordure des côtes.

Nageur incomparable grâce à la palmature s'étendant entre chaque doigt de ses larges pieds, il adore les baignades et le rapport des épaves.

L'eau est son élément de prédilection ; aussi, même par très gros temps, et quelle que soit la température, n'hésite t’il jamais à s'y jeter au premier geste, pour porter secours.

Résistant aux courants, même les plus violents, sans tâcher sa prise, il n'abandonne la personne en péril qu'au sortir de l'eau, considérant alors sa mission terminée.

Car, hors de l'eau, la personne ou l'épave déposée ne présente plus pour lui le moindre intérêt.

Bien que moins répandu en France que nos gros chiens de montagne, nous possédons actuellement d'excellents sujets.

C'est ainsi qu’il m'a été particulièrement agréable de juger, lors de la récente exposition canine internationale de La Rochelle, organisée avec un plein succès par la Société canine Guyenne, Gascogne, Côte d'argent, section d’Aunis, un remarquable lot d'élevage de cette belle race d'utilité.

Tous chiens très typés, solidement charpentés, aptes au travail et venus spécialement de l'île de Ré, pour participer à cette très belle exposition qui fait le plus grand honneur à ses dirigeants et organisateurs.

Il serait souhaitable que, dans un avenir proche, un règlement officiel permette d'organiser en France des concours de sauvetage en mer.

Il appartient à la Société centrale canine, seule qualifiée en la matière, de prendre toutes décisions à cet effet.

Ces concours, dont l'utilité ne saurait être contestée, seraient accueillis avec une très vive satisfaction, par les populations côtières en général, et les éleveurs de la race en particulier.

Henri SAGET.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 18