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Les haies vives

Les clôtures revêtent, principalement en jardinage, une grande. importance. Elles permettent en effet d’interdire l’accès des jardins et les mettent à l’abri des dépradations causées par les animaux domestiques.

Plusieurs sortes de clôtures sont utilisées : les haies, les treillages et les murs. Pour des raisons d'économie, on a surtout recours à l'heure actuelle aux treillages, et très souvent également aux haies temporaires ou permanentes.

Les premières sont constituées de branches ou de rameaux épineux, enfoncés en terre et maintenus dans la position verticale par des fils de fer, soutenus par des piquets. Ce genre de clôture offre l'avantage d'être établi rapidement, mais présente l’inconvénient de n'avoir qu'une durée relativement limitée. Par contre, les haies vives ou permanentes formées d'arbustes à feuilles caduques ou persistantes, sont douées d'une grande longévité. Les sujets dont on doit faire choix en la circonstance doivent présenter certaines particularités : être rustiques et avoir, en outre, une tendance marquée à se ramifier, par suite des tailles répétées qu'il y a lieu de leur faire subir.

Les haies destinées à interdire l'accès d'un terrain devront, de plus, être formées à l'aide de végétaux épineux, seuls capables d'assurer une protection efficace. On utilisera de préférence les végétaux non épineux à feuillage persistant et dense pour servir d'abri ou de brise-vent. Aux avantages que présentent les haies vives, on oppose, et cela avec raison, d'exiger des soins de taille indispensables, l'épuisement de la terre voisine dû à leurs racines et l'abri qu'elles offrent à certains parasites. Notons que ces quelques inconvénients ne sauraient justifier leur non-utilisation.

Pour présenter un maximum de garantie, les haies doivent avoir une épaisseur de 50 à 60 centimètres et une hauteur maximum de 1m,20 à 1m,50. Un certain nombre d'arbustes à feuilles caduques ou persistantes sont susceptibles d'être utilisés pour constituer ce genre de clôture.

Parmi les essences à feuilles persistantes non épineuses, nous citerons : l'if, le thuya, le ligustrum, le buis arborescent. Quant aux espèces à feuilles caduques, les plus employées sont : le charme, l'érable champêtre, l'érable de Montpellier.

Les arbustes épineux auxquels on a le plus souvent recours sont de natures très diverses. Pour le Centre et le Nord de la France, les aubépines (Crataegus oxyacantha, Crataegus monogyna) sont particulièrement recommandables, bien qu'ayant le défaut de se développer lentement. Deux autres espèces de Crataegus moins répandues, également très épineuses et de croissance plus rapide : le Crataegus coccinea et le Crataegus Crus-Galli, dont les épines recourbées sont redoutables, pourraient être avantageusement substituées aux précédentes. Le houx, dans les sols siliceux, peut également former de belles haies ; il en est de même des Berberis et des Gleditschia triacanthos. Les buissons ardents (Pyracantha), le cognassier du Japon, l'olivier de Bohême pour le bord de la mer sont au nombre des arbustes pouvant former des haies dans les régions tempérées. Pendant que, dans le Midi, le Citrus triptera, le figuier de Barbarie, les agaves sont les végétaux presque uniquement utilisés.

Quelle que soit la nature de la plante à laquelle on a recours, la plantation peut être effectuée dès la fin de l'automne et durant l'hiver. On dispose les sujets sur un ou deux rangs. Sur un rang, les jeunes arbustes ne disposent que d'un espace très limité (0m,15 en moyenne) ; aussi préfère-t-on, en général, opérer la plantation en quinconce sur deux rangs espacés de 25 centimètres, les sujets étant placés à ces mêmes distances sur les lignes. La haie ainsi obtenue- est plus fournie, plus défensive, mais, le sol devant être maintenu propre, le nettoyage est rendu plus difficile.

Une année après la plantation, il y a lieu de pourvoir au remplacement des pieds morts. Le recépage à 15 ou 20 centimètres de hauteur est également nécessaire pour obtenir un rideau bien compact dès la base.

Dans les années qui suivent, on prendra soin d'élever lentement la hauteur de la haie. En principe, on taille celle-ci à 20 ou 25 centimètres au-dessus de la coupe précédente, de manière à provoquer l'émission de nombreuses ramifications latérales. II est également nécessaire d’émonder de chaque côté.

Le sol devra, en outre, être maintenu propre sur 30 ou 40 centimètres en bordure de la haie, et il est d'usage de donner un labour d’hiver sur ces deux bandes au cours des premières années.

Comme on peut le constater, les haies vives n'offrent qu'une protection illusoire durant les premières années qui suivent la plantation. Aussi y a-t-il lieu de planter, tous les 2m,50 3 mètres, des pieux en bois dont la partie enterrée est passée au feu et dont la partie supérieure dépasse la surface du sol d'environ 1m,50 à 2 mètres. Sur ces pieux disposés dans l'axe de la haie, on fixe trois rangées de fil de- fer ronce, la première à 25 ou 30 centimètres au-dessus du sol, la dernière à. 1m,50, et l'autre au milieu de l'intervalle.

A. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 34